Caravansérail, l’unique roman de Picabia, est écrit en 1924, l’année de la publication du premier Manifeste du surréalisme. C’est aussi l’année de sa rupture avec André Breton, et celle qui le voit quitter Paris pour vingt ans.
Autobiographie narquoise, anti-manifeste à l’individualisme désinvolte, portrait au vitriol des avant-gardes, règlement de comptes : Caravansérail, texte aussi inclassable que son auteur, est tout cela à la fois.
Des sommeils hypnotiques des surréalistes aux casinos monégasques, des boîtes de nuit à la mode aux dîners mondains, Picabia fait défiler amis et ennemis – Duchamp, Picasso, Cendrars, Cocteau, Satie, Desnos… –, égratignant les uns et chahutant les autres, refusant avec une répugnance instinctive toute méthode, tout dogme, scrupuleusement attentif à ne rien prendre au sérieux.