Jacques Rivière est l’un des premiers admirateurs de Proust. Rattrapant immédiatement l’erreur du comité de lecture Gallimard qui laissa Du côté de chez Swann paraître chez Grasset en 1913, il envoie à Proust des lettres d’une rare prescience et insiste pour publier dans la N. R. F. des extraits d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Interrompue par la guerre, leur relation renaît en 1919. Gallimard est devenu l’éditeur à part entière de Proust, et Rivière dirige désormais seul la N.R.F. Leurs fréquents échanges, dont la quasi-intégralité nous est parvenue, constituent l’une des plus exceptionnelles correspondances littéraires du XXe siècle ; ils se poursuivent durant les quatre dernières années de la vie de Proust. Alité, il corrige, remanie et publie peu à peu son chef-d’œuvre, sans toujours simplifier la tâche d’un Jacques Rivière qu’il tient pourtant en haute estime, et dont le dévouement reste inlassable.