Quand, en décembre 1940, Bernanos débute l’écriture de la Lettre aux Anglais, la France vient de subir l’une des pires défaites de son histoire. Les milieux catholiques et monarchistes dont Bernanos a longtemps été proche, et dont il partage encore nombre de convictions, se sont pour une large part rapprochés du gouvernement de Pétain.
Pour Bernanos, exilé volontaire au Brésil depuis 1938, l’idée qu’un Francais, catholique de surcroît, puisse adhérer au programme de Vichy et par-là même soutenir le régime hitlérien, est une monstruosité.
Il s’en explique dans cette Lettre aux Anglais achevée en novembre 1941, dans laquelle les arguments de l’intellectuel aussi bien que la verve du pamphlétaire restent, soixante-dix ans plus tard, d’une vigueur et d’une clairvoyance intactes.