Stephen Crane

Stephen Crane aux éditions Sillage :

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It is difficult to succeed gracefully at 23. – Stephen Crane à son frère William, 29 octobre 1897.

1871 : Stephen Crane naît le 1er novembre à Newark, dans le New Jersey. Il est le quatorzième et dernier enfant d’une famille de pasteurs méthodistes.

1871-1885 : Crane n’est pas très proche de son père, le Docteur Jonathan Townley Crane, qui se consacre avant tout à sa paroisse. Sa mère, Mary Helen Peck Crane, est issue d’une grande lignée de ministres méthodistes.

La famille vit au rythme des affectations du père et déménage successivement à Port Jervis (New York) en 1878, puis à Asbury Park (New Jersey).

La jeunesse de Crane est marquée par plusieurs drames : son père meurt en 1880 et sa sœur Agnès, son premier mentor littéraire, en 1884. L’année suivante, Crane écrit son premier récit, Uncle Jake and the Bell-Handle, qui ne sera publié qu’après sa mort.

1888 : Il entre en cours d’année au Hudson River Institute & Claverack College, qu’il fréquente pendant deux ans et demi. Il y étudie l’histoire avec John B. Van Petten, un ancien officier, vétéran de la Guerre de Sécession, qui contribue à la naissance de sa fascination pour les situations de guerre.

1890 : En septembre, il entre au Lafayette College pour suivre des études d’ingénieur. Il quitte l’établissement après les vacances de Noël, ayant échoué à tous ses examens.

1891 : Crane entre à l’Université de Syracuse (New York). Il n’effectue qu’un seul semestre, et sur six matières, il ne réussit qu’un examen, celui de littérature anglaise. Il devient correspondant pour le New York Tribune ; il consacre ses premiers articles aux quartiers pauvres de New York, où il s’établit après la mort de sa mère le 7 décembre.

1892 : Il est renvoyé du New York Tribune pour avoir écrit un article trop sarcastique sur le Junior Order of United American Mechanics. Il parvient à publier quelques articles dans le New York Herald, mais sa situation reste précaire.

Pendant l’été, il rencontre Lily Brandon Munroe, avec qui il vit une courte idylle suivie d’une longue amitié de six ans. Elle est pendant longtemps sa confidente et accompagne ses débuts littéraires.

1893 : Suite au refus de plusieurs éditeurs, il publie à compte d’auteur son premier roman, Maggie : a Girl of the Streets, sous le pseudonyme de Johnston Smith. Il y évoque la vie difficile d’une femme des quartiers pauvres de New York, où lui-même a vécu. L’ouvrage fait scandale, mais se vend peu.

Il commence à écrire ce qui deviendra The Red Badge of Courage, qu’il publie dans une version abrégée grâce à Irving Bacheller. Le livre connaît un certain succès. Crane se lie d’amitié avec W. D. Howells.

Par ailleurs, il poursuit sa carrière de reporter et écrit notamment dans The Arena et dans le New York Press.

1894 : Il compose des poèmes, et commence George’s Mother. Il retravaille The Red Badge of Courage. Il est soutenu par Garland et Howells.

1895 : Bacheller l’envoie comme grand reporter à travers les États-Unis. Ces quatre mois de voyage lui permettent de recueillir la matière de récits mettant en scène cow-boys, shérifs et hors-la-loi.

En octobre, la publication de la version finale de The Red Badge of Courage lui vaut une reconnaissance internationale : d’abord best-seller aux États-Unis, le roman reçoit très vite de chaleureux applaudissements en Angleterre. Il publie également le premier de ses deux recueils de poésie en vers libres, The Black Riders.

1896 : Crane collabore toujours à de nombreux journaux ; il publie un reportage sur les fumeries d’opium du Tenderloin, quartier populaire de San Francisco, pour le New York Sun. La même année, il publie George’s Mother, ainsi que son premier recueil de nouvelles, The Little Regiment and Other Episodes of the American Civil War.

Il se trouve au centre de l’affaire Dora Clark, dans laquelle il protège une prostituée en se faisant passer pour son mari. Il va jusqu’à la défendre au tribunal, s’attirant les foudres de certains journaux.

En novembre, il part pour la Floride d’où il souhaite embarquer pour Cuba afin de couvrir la révolution contre l’Espagne. Il y demeure plus d’un mois, passant son temps dans les maisons closes. Il se lie avec la tenancière d’un de ces établissements, Cora Taylor, qui devient sa compagne.

1897 : Il embarque enfin sur le Commodore au sein d’une expédition américaine de soutien aux rebelles cubains. Mais le bateau fait naufrage au large de Cuba. Crane fait partie des trois rescapés, après trente heures passées en mer dans un canot – c’est l’origine de la nouvelle The Open Boat.

Lors de cet épisode Crane contracte la tuberculose, dont il ne guérira jamais.

Malgré l’échec de son expédition à Cuba, Crane parvient à se faire envoyer en Grèce par le New York Journal, pour couvrir le conflit avec la Turquie. Cora l’accompagne. Il ne fait que suivre le conflit de loin.

Trois mois plus tard, il s’installe en Angleterre et se lie d’amitié avec les écrivains Joseph Conrad, Henry James et H. G. Wells. Il fréquente les cercles littéraires et il organise de nombreuses réceptions à « Ravensbrook », la maison qu’il loue dans le Surrey. Ses dépenses somptuaires, encouragées par Cora, le plongent dans de grandes difficultés financières.

Il accomplit en revanche un important travail littéraire. Il écrit des nouvelles, commeThe Blue Hotel et The Bride Comes to Yellow Sky, tirées des souvenirs de son séjour au Far-West. Il publie un autre roman, The Third Violette, grâce à l’aide financière de Conrad.

1898 : Il se fait engager comme correspondant par le journal de Joseph Pulitzer, leNew York World, et part en avril pour Cuba afin de suivre la guerre hispano-américaine. Pendant huit mois, il observe la guerre de l’intérieur.

Quand il revient aux États-Unis, il est très diminué physiquement. Il fait publier plusieurs de ses textes dans The Open Boat and Other Tales of Adventure.

1899 : En janvier, il retourne en Angleterre où il écrit de plus en plus pour faire face à ses dettes. Il publie son deuxième recueil de poésie, War is kind, mais aussi un roman nourri de son expérience en Grèce, Active Service, et un recueil de nouvelles, The Monster and Other Stories. Leur succès est limité. Il écrit son ultime récit de guerre, The Upturned Face. Sa santé est de plus en plus précaire et Cora gère les affaires courantes.

1900 : Crane va d’hémorragie en hémorragie. On l’emmène en cure à Badenweiler, en Allemagne. Le 5 juin, à peine arrivé à destination, il est emporté par la tuberculose.

Seront publiés à titre posthume deux recueils de nouvelles, les Whilomville Stories (1900) et ses récits de guerres de Cuba, Wounds in the Rain (1900), un roman écrit en collaboration avec Robert Barr, The O’Ruddy (1903), ainsi qu’un recueil d’essais et de textes divers : Last Words (1902).


Bibliographie

 

Œuvres de Stephen Crane

Romans
Maggie : A Girl of The Streets, à compte d’auteur, 1893.
The Red Badge of Courage, New York, D. Appleton, 1895.
George’s Mother, New York, E. Arnold, 1896.
The Third Violet, New York, D. Appleton, 1897.
Active Service, New York, F. A. Stokes, 1899.
The O’Ruddy, en collaboration avec Robert Barr, New York, F. A. Stokes, 1903.

Recueils de nouvelles
The Little Regiment, New York, D. Appleton, 1896.
The Open Boat, New York, Doubleday & McClure, 1898.
The Monster, New York, Harper, 1899.
Whilomville Stories, New York, Harper, 1900.
Wounds in the Rain, New York, F. A. Stokes, 1900.
Last Words, Londres, Digby, Long & Co, 1902.

Recueils de poèmes
The Black Riders, Boston, Copeland and Day, 1895.
War Is Kind, New York, F. A. Stokes, 1899.

Édition critique et correspondance
The Works of Stephen Crane, Fredson Bowers éd., Charlottesville, UP of Virginia, 1969-1976, 10 vol.
The Correspondence of Stephen Crane, Stanley Wertheim et Paul Sorrentino éds., New York, Columbia UP, 1988, 2 vol.

Traductions françaises

Romans
La Conquête du courage, Paris, Mercure de France, 1911.
Maggie, fille des rues, Paris, Aubier-Montaigne, 1993.

Recueils de nouvelles
L’Hôtel bleu (suivi de La Mariée de Yellow SkyLe Petit RégimentUne manche griseHonte), Paris, Seghers, 1963.
Le Bateau ouvert (suivi de L ’Hôtel bleuLa Mariée s’en vient à Yellow SkyLe Visage tourné vers le haut), Paris, Mercure de France, 1966.
Le Visage incendié, Bruxelles, Éditions Complexe, 1991.
Un mystérieux héroïsme (suivi de Un homme et quelques autresLes Cinq Souris blanchesSauve qui peutMidiLe CouteauAffolement généralUn épisode de guerreLa Mort et l’enfantLe Visage tourné vers le cielL ’Embarcation à ciel ouvert), Paris, Éditions Autrement, 1995.
L’Arpent du diable et autres choses vues (suivi de Le Sang du Martyr), Paris, Mercure de France, 1996.
Le Monstre (suivi de L ’Hôtel bleuClair de lune sur la neige), Paris, Michel Houdiard, 1998.
Blue Hotel, Paris, Liana Levi, 2003.

Recueil de poèmes
Les Cavaliers noirs, Paris, La Différence, 1993.

Biographies et ouvrages critiques

Cazemajou Jean, Stephen Crane (1871-1900), écrivain-journaliste, Paris, Éditions Didier, 1969.
Bergon Franck, Stephen Crane’s Artistry, New York, Columbia, 1975.
Stephen Crane : Modern Critical Views, Harold Bloom éd., New York, Chelsea House, 1987.
Schaefer Michael W., A Reader’s Guide to the Short Stories of Stephen Crane, New York, Hall, 1988.
Benfey Christopher, The Double Life of Stephen Crane, New York, Knopf, 1992.
Wertheim Stanley, Sorrentino Paul, The Crane Log : A Documentary Life of Stephen Crane, 1871-1900, New York, Hall, 1994.
Davis Linda, Badge of Courage : The Life of Stephen Crane, Boston, Houghton, 1998.

Liens

Le site de la Stephen Crane Society, hébergé par la Washington State University (contient notamment des œuvres en ligne).

Des éditions originales de Crane consultables en ligne.