Emmanuel Bove

Emmanuel Bove aux éditions Sillage :

1898 : Naissance le 20 avril d’Emmanuel Bobovnikoff à Paris, au 123, boulevard de Port-Royal. Son père, juif d’origine russe, n’exerce aucune profession fixe et sa mère, Henriette Michels, luxembourgeoise, travaille comme femme de chambre. Les revenus de la famille sont très minces, et le couple est plutôt désuni. Son père entretient rapidement une liaison avec une riche anglaise au tempérament excentrique et plus âgée que lui, Emily Overweg.

1902 : Naissance de Léon Bobovnikoff, deuxième enfant du père d’Emmanuel et d’Henriette Michels. Le père de Bove partage son temps entre Emily Overweg et son foyer.

1905 : Emmanuel débute sa scolarité à l’École alsacienne. Il vit tantôt avec sa mère et son frère Léon, tantôt avec son père et Emily Overweg. C’est cette dernière qui règle ses frais de scolarité – elle apporte également parfois son aide financière à la mère de Bove. Son père se lance dans des entreprises hasardeuses qui échouent invariablement.

1906 : Naissance de Victor, fils du père d’Emmanuel et d’Emily Overweg.

1908 : Emily Overweg quitte Paris pour Menton avec son fils Victor. Le père d’Emmanuel les suit. Emmanuel, Léon et leur mère vivent dans un complet dénuement.

1910 : Emmanuel rejoint son père, Emily Overweg et son demi-frère Victor à Genève, où ils viennent de s’installer. Il reste avec eux durant les cinq années qui suivent. Sa mère et son frère Léon continuent de vivre à Paris, dans une situation très précaire. Il poursuit sa scolarité au lycée Calvin de Genève ; c’est un élève instable et dissipé. Il décide, à quatorze ans, de devenir romancier.

1914 : La Première Guerre mondiale éclate ; les revenus d’Emily Overweg se trouvent bloqués en Angleterre.

1915 : Son père se découvre atteint de tuberculose. Emmanuel est inscrit en pension en Angleterre, à Eddington College, sur l’île de Wight, puis au Saint-John’s College de Southend-on-Sea. Il se fait successivement renvoyer des deux établissements. Au mois d’octobre, son père meurt au sanatorium de Leysin. Emily s’installe avec Victor à Menton, dans une situation financière devenue difficile.

1916 : De retour d’Angleterre, Bove vit entre Paris et Marseille, où il subsiste de petits métiers : conducteur de tramway, garçon de café, manœuvre chez Renault… Il retrouve sa mère et son frère Léon, chez qui il s’installe, à Versailles. Ils vivent dans une grande pauvreté, d’autant qu’Emily n’est plus à même de leur fournir d’aide pécunière.

1917 : Il est arrêté et emprisonné durant un mois à la prison de la Santé suite à un contrôle d’identité, du fait de son nom à consonance étrangère et de son absence de ressources.

1918 : Il débute son service militaire à Guingamp, puis est affecté à Troyes. Il fait la connaissance de sa première femme, Suzanne Vallois, fille de petits propriétaires terriens qui finira par rompre avec sa famille pour se mettre en ménage avec lui.

1921 : Son service militaire terminé en avril, Bove exerce à nouveau divers emplois et épouse Suzanne Vallois en décembre. Le couple quitte Paris et s’installe en Autriche, à Tulln, dans la banlieue viennoise : la vie y est moins chère qu’à Paris, et il s’agit de subsister le plus chichement possible en attendant qu’Emmanuel ait achevé l’écriture de son premier livre, Mes amis.

1922 : En mai, naissance de leur fille Nora. En octobre, il rentre seul à Paris.

1923 : Il est rejoint par sa femme et sa fille en mars. Bove achève Mes amis et fait ses débuts en tant que journaliste au Quotidien, au service des faits divers. Il rencontre l’écrivain et journaliste Stanislas Fumet, qui lit ses manuscrits et l’encourage. Il décide par ailleurs d’envoyer l’une de ses nouvelles, Nuit de Noël, au journal Le Matin, ce qui lui vaut d’être remarqué par Colette, alors chargée de la sélection des textes littéraires pour le journal. Il lui fait lire Mes amis ; sa réaction est enthousiaste. Bove écrit de nombreux romans populaires sous la signature d’Emmanuel (ou parfois Jean) Valois, publiés chez l’éditeur Ferenczi.

1924 : Naissance de son second enfant, Michel. Parution de Mes amis, sous le pseudonyme d’Emmanuel Bove. Le roman rencontre un véritable succès, et lui amène l’amitié d’Edmond Jaloux, Jean Cassou, Philippe Soupault ou encore André Beucler.

1925 : Bove et sa femme se séparent mais ne divorceront qu’en 1930. Il entame une liaison avec Henriette de Swetschine. Il publie plusieurs nouvelles, et tant bien que mal vient en aide financièrement à sa mère et à son frère Léon, qu’il assistera toute sa vie, tâchant dans le même temps de verser à Suzanne une pension alimentaire.

1926 : Bove rencontre Rilke, curieux de connaître l’auteur de Mes amis. Il écrit désormais reportages et feuilletons pour de nombreux journaux : Le Quotidien, Le Journal, ParisSoir, Marianne, Vendredi et Regards. Parution de son deuxième roman, Armand.

1927 : Fin de sa liaison avec Henriette de Swetschine. Parution de BéconlesBruyères et de Un soir chez Blutel. Plusieurs mois d’intense travail sont consacrés à l’écriture de La Coalition, qui paraît à la fin de l’année et amène la rencontre avec Max Jacob, qui deviendra l’un de ses plus fervents soutiens. Il achève également le manuscrit de Cœurs et visages.

1928 : Il rencontre Louise Ottensooser, jeune femme très fortunée, fille d’une famille de banquiers, qui l’introduit dans les milieux artistiques et mondains. La même année, il remporte le prix Figuière, doté de 50 000 fr., pour La Coalition. Il écrira en 1928 pas moins de six romans et recueils de nouvelles.

1930 : Il divorce de Suzanne Vallois et épouse Louise Ottensooser, enceinte. Le couple s’installe en Angleterre, où ils se retrouvent rapidement dans une situation financière précaire, la famille de Louise ayant été ruinée par la crise de 1929. Mort de leur enfant à la naissance. À la fin de l’année, parution de Journal écrit en hiver.

1931-1935 : Bove revient au mois de mai en France, où il restera avec Louise jusqu’au début de la guerre. Ils vivent successivement à Paris, Compiègne, puis au Cap Ferret. Bove continue de beaucoup publier. Il s’essaie au théâtre, sans grand succès ; il collabore à plusieurs revues antifascistes, écrit des articles alimentaires pour Détective et fait paraître de nombreux romans et nouvelles, parmi lesquels Un célibataire (1932), Un suicide (1933), Le Beaufils (1934), Le Pressentiment (1935).

1936 : Il est atteint d’une pleurésie dont il ne se remettra jamais complètement.

1937 : Sa mère décède le 4 avril. Parution d’Adieu Fombonne.

1939 : Écriture des Mémoires d’un homme singulier, qui ne sera publié qu’après sa mort. Épuisement physique et moral. Il vit avec Louise au Cap Ferret, sort peu ; Marcel Aymé, qui estime beaucoup son travail, lui rend fréquemment visite.

1940 : Il est mobilisé de mars à juillet en tant que travailleur militaire dans une fonderie dans le Cher. Après l’armistice, Louise et lui séjournent à Lyon, cherchant un moyen de rallier Londres en passant par l’Afrique du Nord. Le couple vit dans une grande précarité ; Bove partage son temps entre la lecture et l’écriture, mais refuse de publier sous l’Occupation.

1941 : Réfugié avec Louise à Dieulefit, dans la Drôme, où ils font la connaissance de Pierre Jean Jouve et d’Henri-Pierre Roché, réfugiés comme eux. Rédaction d’Un homme qui savait.

1942 : Mort d’Emily Overweg. Quelques semaines avant l’occupation de la zone libre, Bove et Louise parviennent à rejoindre clandestinement l’Afrique du Nord et s’installent à Alger pour les deux ans à venir. Il y contracte le paludisme. Il fait la rencontre de l’éditeur Edmond Charlot, de Gide et de Saint-Exupéry. Il devient l’un des membres fondateurs du Comité national des écrivains. Écriture de ses trois derniers romans : Le Piège, Départ dans la nuit et Nonlieu.

1944 : Retour en France au mois d’octobre. Malade, très affaibli, il entame des démarches difficiles pour faire publier ses dernières œuvres, et essuie plusieurs refus.

1945 : Publication de Le Piège au mois de mai, puis de Départ dans la nuit au mois de juin. Emmanuel Bove meurt à Paris le 13 juillet, à 47 ans, d’une défaillance cardiaque.


Repères bibliographiques

Journal écrit en hiver parut pour la première fois aux éditions Émile-Paul frères, à Paris, en 1931.

Œuvres d’Emmanuel Bove

Nous ne mentionnons que la première date de publication, pour les œuvres parues du vivant de Bove comme pour celles parues à titre posthume.

Romans

Mes amis, Paris, Ferenczi & fils, 1924.

Armand, Paris, Émile-Paul frères, 1927.

Un Soir chez Blutel, Paris, Kra, 1927.

La Coalition, Paris, Émile-Paul frères, 1928.

Cœurs et visages, Paris, Éditions de France, 1928.

La Mort de Dinah, Paris, Éditions des Portiques, 1928.

LAmour de Pierre Neuhart, Paris, Émile-Paul frères, 1928.

Un célibataire, Paris, Calmann-Lévy, 1932.

La Toque de Breitschwantz (roman policier publié sous le pseudonyme de Pierre Dugast), Paris, Émile-Paul frères, 1933.

Un suicide (reparaîtra sous le titre La Dernière nuit, dans le recueil du même nom, chez Gallimard, en 1939), in Les Œuvres libres, n° 141, Paris, Fayard, 1933.

Le Meurtre de Suzy Pommier, Paris, Émile-Paul frères, 1933.

Le Beaufils, Paris, Grasset, 1934.

Le Pressentiment, Paris, Gallimard, 1935.

L’Impossible Amour, paru en feuilleton dans le quotidien ParisSoir, 1935.

Adieu Fombonne, Paris, Gallimard, 1937.

Le Piège, Paris, Pierre Trémois, 1945.

Départ dans la nuit, Paris, Edmond Charlot, 1945.

Nonlieu, Paris, Robert Laffont, 1946.

Un homme qui savait, Paris, La Table Ronde, 1985.

Mémoires d’un homme singulier, Paris, Calmann-Levy, 1987.

Un caractère de femme, Paris, Flammarion, 1999.

Nouvelles

Visite d’un soir, Paris, Émile-Paul frères, 1925.

Le Crime d’une nuit, in Les Œuvres libres, n° 57, Paris, Fayard, 1926.

BéconlesBruyères, Paris, Émile-Paul frères, 1927.

Un père et sa fille, Paris, Au Sans Pareil, 1928.

La Coalition (à ne pas confondre avec le roman du même nom, paru la même année), Paris, Émile-Paul frères, 1928.

Le Jeune Frère, in Le Crapouillot, Paris, juillet 1928.

Une fugue, Paris, Éditions de la Belle Page, 1929.

Monsieur Thorpe, in La Revue européenne, n° 5-6, Paris, 1929.

Une illusion, in La Revue européenne, n° 12, Paris, 1929.

Un malentendu, in Les Œuvres libres, n° 108, Paris, Fayard, 1930.

Un Raskolnikoff, Paris, Plon, 1932.

Une offense, in Livre des lettres, n° 5, Paris, Robert Laffont, 1945.

Un fait divers inconnu, Paris, L’Autodidacte, 1986.

Recueils de nouvelles

Henri Duchemin et ses ombres, Paris, Émile-Paul frères, 1928 (comprend : Le Crime d’une nuit, Un autre ami, Visite d’un soir, Ce que j’ai vu, L’Histoire d’un fou, Le Retour de l’enfant, Estce un mensonge ?).

Petits contes, Paris, Éditions des Cahiers libres, 1929 (comprend : LEnfant surpris, Une journée à Chantilly, Conversation, Le Trac, Les Pâques de Konazi).

La Dernière Nuit, Paris, Gallimard, 1939 (reprend le texte du roman paru sous le titre Un suicide en 1933 ; comprend également les nouvelles : Une illusion, Rencontre, Retour, La Garantie, Le Secret, Elle est morte).

Monsieur Thorpe, Bègles, Le Castor Astral, 1988 (comprend : Monsieur Thorpe, Le Canotier, Le Docteur Aubin, La Cousine, Un trop bon garçon, Une jeune fille romanesque, L’Enfant, Le Larcin, Tant que nous vivons, La Fuite).

Études critiques

Dorlian, Georges, Emmanuel Bove, romancier, thèse, Université Jean Moulin-Lyon 3, 1981.

Estel, Christian, Emmanuel Bove : découvertes et redécouvertes d’un grand écrivain du xxe siècle, thèse, Université Nanterre-Paris 10, 1992.

Vidal, Gilles, Tombeau d’Emmanuel Bove, Paris, L’Incertain, 1993.

Cousse, Raymond et Bitton, Jean-Luc, Emmanuel Bove, la vie comme une ombre, Bègles, Le Castor Astral, 1994.

Nahmias, David, Emmanuel Bove : carnet d’une figure, Bègles, Le Castor Astral, 1998.

Ouellet, François, D’un Dieu l’autre : l’altérité subjective d’Emmanuel Bove, Québec, Nota bene, 1998.

Östman, Anne-Charlotte, Identification et distance : étude de trois romans d’Emmanuel Bove racontés à la première personne, Stockholm, Almqvist och Wiksell, 2003.

Coste, Sophie et Carlat, Dominique, Lire Bove, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2003.

Ouellet, François, Emmanuel Bove. Contexte, références et écriture, Québec, Nota bene, 2005.

« Emmanuel Bove. Mes amis et Le Piège », Roman 2050, n° 31, juin 2001.

« Emmanuel Bove », Europe, n° 895-896, novembre-décembre 2003.