Marcel Rouff

Marcel Rouff aux éditions Sillage :

Marcel Rouff naît à Genève en 1877. Il est le fils de l’éditeur Jules Rouff, qui publie des romanciers populaires à succès tels qu’Eugène Sue, Paul de Kock ou Ponson du Terrail, mais également les œuvres de Victor Hugo, Jules Michelet ou de son ami Jean Jaurès – Marcel Rouff participera d’ailleurs à l’écriture de son Histoire du socialisme. Durant la Première Guerre mondiale, la maison d’édition est reprise par son frère Frédéric Rouff sous le nom « Frédéric Rouff Éditeur ». Il créera une collection de romans policiers et lancera le premier magazine féminin français, Midinette.

Marcel Rouff fait ses premiers pas dans le monde des lettres en publiant en 1896 un recueil de poèmes, Les Hautaines, chez Paul Ollendorff, suivi d’un roman, La Grande Angoisse, en 1899, chez le même éditeur. Mais il faut attendre l’après-guerre pour que débute réellement sa carrière littéraire. Il s’essaie au théâtre, faisant jouer une comédie en vers à Genève en 1919 : Les Moulins à vent, inspiré du Don Quichotte de Cervantès. Cette tentative ne s’avère pas concluante, et Rouff revient immédiatement à la nouvelle, avec Ce qui plane sur la ville, qu’il publie chez son frère en 1921, et surtout au roman. Il n’en publie pas moins de treize entre 1923 et 1934. Parmi eux, seul La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet a conservé aujourd’hui une certaine notoriété. Une partie du livre est rédigée avant-guerre, mais Rouff ne se décide à en publier la version finale qu’en 1924. Entretemps, il s’est attaqué à son gros œuvre : une encyclopédie de la cuisine française, La France gastronomique. Guide des merveilles culinaires et des bonnes auberges françaises (28 volumes publiés entre 1921 et 1928), qu’il coécrit avec Curnonsky (dédicataire de Dodin-Bouffant, Curnonsky sera l’un des proches amis de Rouff, qui en fera le personnage principal de Guinoiseau, ou le moyen de ne pas parvenir (1926). Ils fondent ensemble l’Académie des gastronomes en 1928, sur le modèle de l’Académie française [seuls quarante membres sont admis]).

Parallèlement à son activité romanesque, Rouff publie plusieurs travaux historiques, notamment une Vie de Chateaubriand saluée par la critique en 1929. Il renonce à ses travaux littéraires en 1934 et meurt à Paris deux ans plus tard.


 

Bibliographie

 

La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet, parut pour la première fois à Paris, chez Delamain et Boutelleau, en 1924, avec des illustrations de Joseph Hémard. Il connut de nombreuses rééditions : Paris, Éditions Stock, 1970 puis 1984 ; Lausanne, L’Âge d’Homme, 1990 ; Paris, Le Serpent à Plumes, 1995.

Poésie

Les Hautaines, Paris, Ollendorff, 1896.

Théâtre

Les Moulins à vent, pièce en un acte, in La Bibliothèque Universelle et Revue Suisse, Lausanne, Avril 1919.

Romans

La Grande Angoisse. Les Pèlerins, Paris, Ollendorff, 1899.
Voyage au monde à l’envers, Paris, Crès, 1923.
L’Homme que l’amour empêcha d’aimer, Paris, Éditions du Sagittaire, 1924.
L’Homme et la montagne, Paris, Émile-Paul Frères, 1925.
Guinoiseau, ou le moyen de ne pas parvenir, Paris, Stock, 1926.
Les Temps révolus. Sur le quai Wilson, Paris, Émile-Paul Frères, 1926.
Les Temps révolus. Les Étranglés, Paris, Émile-Paul Frères, 1927.
Jubabau, Paris, Émile-Paul Frères, 1928.
Anaïs, ou l’Heure des élites, Paris, Crès, 1928.
L’Homme de cinquante ans, Paris, Éditions de La Nouvelle Revue Critique, 1929.
La Peau peinte, Paris, Éditions de La Nouvelle Revue Critique, 1930.
Dans l’Atlas… une nuit, Paris, Baudinière, 1932.
La Confession du Pacifique, Paris, Librairie Arthème Fayard, Les Œuvres libres, 1933.
Au Grand Léonard : dames, messieurs, indéfrisables, roman de fantoches, Paris, Éditions de La Nouvelle Revue Critique, 1934 (rééd. Paris, Le Serpent à Plumes, 1998).

Nouvelles

Ce qui plane sur la ville, Paris, F. Rouff, 1921.
Les Devoirs de l’amitié, Paris, Les Cahiers de Paris, 1927 (rééd. Paris, Le Serpent à Plumes, 1996).
Vous qui l’avez connue, Paris, Librairie Arthème Fayard, Les Œuvres libres, 1934.

Gastronomie

La France gastronomique. Guide des merveilles culinaires et des bonnes auberges françaises, avec Curnonsky (Maurice Edmond Sailland), illustrations de Joseph Hémard, 28 volumes, Paris, F. Rouff, 1921-1928.

Essais historiques

Tubeuf, un grand industriel français au XVIIIe siècle d’après ses papiers personnels, Paris, Société Nouvelle, La France économique et financière, 1922.
Les Mines de charbon en France au XVIIIe siècle, 1744-1791, étude d’histoire économique et sociale, Paris, Rieder, 1922.
La Vie de Chateaubriand, Paris, Gallimard, 1929.
La Vie de fête sous le second Empire. Hortense Schneider, avec Thérèse Casevitz, Paris, Tallandier, 1930.

Études critiques sur Marcel Rouff et son œuvre

Berger Marcel, Marcel Rouff, Paris, Cahiers d’art et d’amitié, 1936.
Colin Françoise, Et Marcel Rouff créa Dodin-Bouffant, Dijon, F. Colin, 1988.
Heurteux Maurice, Éloge de Marcel Rouff prononcé à l’Académie des gastronomes le 10 novembre 1959, Paris, Académie des gastronomes, 1960.
Schehr Lawrence R., Savory Writing : Marcel Rouff’s Vie et passion de Dodin-Bouffant, in Schehr Lawrence R. et Weiss Allen S., éds., French Food, New York, Routledge, 2001, pp. 124-139.
Weiss, Allen S., The Ideology of the Pot-au-feu, in Weiss Allen S., éd., Taste, Nostalgia, New York, Lusitania Press, 1997, pp. 99-110.