Octave Mirbeau aux éditions Sillage :
1848 : Le 16 février, naissance d’Octave Mirbeau à Trévières (Calvados), au sein d’une famille bourgeoise. Son père est médecin et a pour clientèle la bonne société locale.
1859 : Après avoir passé son enfance à Rémalard, qu’il évoquera dans nombre de ses œuvres, il entre au collège des jésuites de Vannes. Il en est renvoyé en 1863 dans des circonstances suspectes. Ce passage de sa vie inspirera très certainement l’écriture de Sébastien Roch (1890).
1866 : Le 7 mars, Mirbeau obtient, après trois essais, son baccalauréat de lettres. Il entame des études à la Faculté de Droit de Paris, qu’il abandonnera rapidement pour retourner dans son village d’enfance, où il travaille chez un notaire.
1870 : Mort de sa mère à la veille de la guerre contre la Prusse. Mirbeau est mobilisé dans l’armée de la Loire. Il rendra compte de cet épisode douloureux et plus particulièrement de celui de la débâcle de 1870 dans divers contes et dans des chapitres de son roman Le Calvaire.
1872 : Il se rend à Paris où un voisin et client de son père, Henri Dugué de la Fauconnerie, ancien député bonapartiste devenu directeur du journal antirépublicain L’Ordre, l’embauche comme secrétaire particulier.
1875 : Il écrit son premier article à L’Ordre.
1876 : Il est chargé de la chronique théâtrale de L’Ordre.
1877 : Il collabore anonymement à L’Ariégeois, journal bonapartiste dont il prend la direction l’année suivante.
1879 : Il rentre à Paris et devient secrétaire du nouveau directeur du Gaulois, quotidien monarchiste.
1880 : Il signe « Tout-Paris » une chronique quotidienne du Gaulois, La Journée Parisienne. Début d’une relation mouvementée avec Judith Vimmer.
1882 : En plus de difficultés financières, il souffre de son statut de « prolétaire des lettres » et écrit Un raté. Il travaille quelques mois pour Le Figaro mais son pamphlet Le Comédien scandalise, et il est renvoyé.
1883 : Il dirige pendant six mois Les Grimaces, hebdomadaire satirique, politiquement tourné vers les extrêmes et antisémite. Il reniera cet antisémitisme deux ans plus tard et n’aura de cesse de le regretter. Ménages parisiens, La Maréchale et Noces parisiennes sont publiés sous pseudonyme.
1884 : Détruit par sa liaison avec Judith Vimmer et douze années passées à des travaux littéraires ou journalistiques sans intérêt, il décide de se retirer en Bretagne afin de faire le bilan de sa vie et d’entamer sa « rédemption ».
1885 : De nouveau à Paris, il s’engage dans des combats politiques et se fait le défenseur des avant-gardes artistiques. Il devient pour longtemps l’ami de Monet, de Rodin ou de Pissaro. Parution de son premier récit : Lettre de ma chaumière.
1886 : Parution de Le Calvaire, roman en grande partie autobiographique, dans lequel l’écrivain transcrit sa douloureuse liaison avec Judith Vimmer. Le chapitre consacré à la débâcle française de 1870 déplaît fortement aux milieux nationalistes.
1887 : Mariage discret à Londres avec l’ancienne actrice Alice Regnault.
1890 : Publication fin avril de Sébastien Roch. Ce roman, inspiré des souvenirs de sa jeunesse en Normandie, est victime du silence de la critique officielle : le sujet principal en est le viol d’un adolescent par un jésuite.
1891 : Parution de la première version du Journal d’une femme de chambre dans l’Écho de Paris. Les années qui suivent sont pour Mirbeau une période de crise profonde. Marqué par les difficultés qu’il connaît dans son mariage et un certain pessimisme, il éprouve de grandes difficultés à créer et des doutes persistants quant à l’utilité de son activité littéraire.
1892-1893 : Parution en feuilleton du roman Dans le ciel, reflet de la période d’incertitude et d’absolu défaitisme qu’il traverse. Les personnages principaux en sont un écrivain raté et son ami peintre, qui finira par se suicider pour n’avoir pas su atteindre son idéal.
1898 : Il prend parti pour Dreyfus, s’implique, assiste au procès de Zola et participe à de nombreux meetings.
1899 : Parution du Jardin des supplices, œuvre surprenante constituée de textes de natures diverses et indépendants les uns des autres. Férocement anticolonialiste, anarchiste avant la lettre, le livre fait scandale, notamment en raison de la crudité et de la violence de certaines scènes.
1900 : Parution du Journal d’une femme de chambre. Le livre remporte un grand succès. Mirbeau est élu à l’Académie Goncourt. Cela lui donnera une visibilité supplémentaire pour défendre les écrivains qu’il apprécie : Rémy de Gourmont, Marcel Schwob, Jules Renard, puis Alfred Jarry, Paul Léautaud, Valery Larbaud ou Léon Werth.
1903 : Il connaît un triomphe international au théâtre avec Les affaires sont les affaires.
1904 : Collabore à l’Humanité et s’engage politiquement (n’hésitant pas par exemple à apporter son soutien à la Révolution russe de 1905).
1907 : Il publie La 628-E8, roman inclassable construit autour d’un voyage en automobile.
1908 : La Comédie Française accepte, suite à une décision de justice, de représenter Le Foyer, pièce dans laquelle il attaque violemment le clergé catholique et le gouvernement républicain. En une dizaine d’années, sa notoriété est devenue européenne ; on publie ses Œuvres complètes en Russie.
1911 : Très affaibli, il est presque inapte à écrire. Néanmoins il rédigera ces années-là L’Amour de la femme vénale, récit sur la prostitution. En 1913, c’est son ami Léon Werth, alors âgé d’une trentaine d’années, qui termine et publie son roman Dingo.
1914 : Exaspéré et profondément meurtri par la guerre, il décide de se retirer à Triel.
1917 : Il meurt le 16 février, le jour de ses 69 ans.
En novembre 1907, Octave Mirbeau fait paraître chez l’éditeur Fasquelle La 628-E8, récit très personnel d’un voyage en automobile. L’ouvrage, entre autres digressions, contient trois sous-chapitres consacrés à Balzac. Le premier, « Avec Balzac », relate brièvement une partie de la carrière littéraire de l’écrivain, alors que le second, « La femme de Balzac », est consacré à Ewelina Hanska, à sa relation avec le romancier et au terrible échec de leur mariage. Mais c’est un troisième sous-chapitre, intitulé « La Mort de Balzac », qui provoque un scandale. Il y est question des confidences qu’aurait faites à Mirbeau le peintre Jean Gigoux, amant de Mme Hanska, concernant la façon dont s’est déroulée la dernière nuit de Balzac, le 18 août 1850. L’épouse et son amant laissent le romancier vivre seul les derniers moments d’une agonie affreuse. Sous la plume de Mirbeau, cet épisode prend une teinte presque fantasmagorique ; Mme Hanska et Jean Gigoux n’en sortent pas grandis.
Le texte provoque une vive réaction de la fille issue du premier mariage de Mme Hanska, Anna Mniszech. Elle quitte sa retraite du couvent des dames de la Croix pour exiger que Mirbeau « efface ces pages de [son] oeuvre », sous peine d’être poursuivi en diffamation.
Mirbeau accepte la suppression du texte incriminé – selon Pierre Michel1, il s’agit plus du respect de la volonté d’une dame âgée, d’une certaine lassitude également, que des craintes de complications judiciaires. La 628-E8 était déjà imprimé, prêt à être mis en vente. Fasquelle est donc contraint de débrocher à la hâte les trois sous-chapitres, qui ne paraissent finalement qu’en 1918, un an après la mort de l’auteur, à tirage limité, sous le titre La Mort de Balzac et à l’initiative d’un mystérieux « amateur ».
Ils sont publiés à nouveau en 1989, aux Éditions du Lérot, par Jean-François Nivet et Pierre Michel, édition reprise ensuite en 1999 aux Éditions du Félin. Un an plus tard, ils sont insérés à leur emplacement originel dans l’édition complète de l’Œuvre romanesque de Mirbeau aux Éditions Buchet-Chastel.
1. Cf. l’introduction de Pierre Michel à La 628-E8, in Œuvre romanesque, Volume 3, Paris, Buchet/Chastel – Société Octave Mirbeau, 2001.
Romans d’Octave Mirbeau
Œuvre romanesque, Paris, Buchet-Chastel – Société Octave Mirbeau, 2000-2001, 3 volumes.
– Volume 1 : Le Calvaire (Ollendorff, 1886), L’Abbé Jules (Ollendorff, 1888), Sébastien Roch (Charpentier, 1890).
– Volume 2 : Dans le ciel (en feuilleton dans L’Écho de Paris, 1892-1893), Le Jardin des supplices (Fasquelle, 1899), Le Journal d’une femme de chambre (Fasquelle, 1900).
– Volume 3 : Les 21 jours d’un neurasthénique (Fasquelle, 1901), La 628-E8 (Fasquelle, 1907), Dingo (Fasquelle, 1913), Un gentilhomme (roman inachevé, Flammarion, 1920).
Cinq romans écrits sous pseudonyme sont reproduits en annexe : L’Écuyère, sous le pseudonyme d’Alain Bauquenne (Ollendorff, 1882) (Vol. 1) ; La Maréchale, sous le pseudonyme d’Alain Bauquenne (Ollendorff, 1883) (Vol. 1) ; La Belle Madame Le Vassart, sous le pseudonyme d’Alain Bauquenne (Ollendorff, 1884) (Vol. 2) ; Dans la vieille rue, sous le pseudonyme de Forsan (Ollendorff, 1885) (Vol. 2) ; La Duchesse Ghislaine, sous le pseudonyme de Forsan (Ollendorff, 1885) (Vol. 3).
Romans à la paternité incertaine
Jean Marcellin, double signature d’Octave Mirbeau et d’Albert Miroux, Paris, Ollendorff, 1885.
Sous le pseudonyme d’Alain Bauquenne ou de Forsan :
L’Amoureuse de Maître Wilhelm, Paris, Ollendorff, 1880.
Les Incertitudes de Livia, Paris, Ollendorff, 1884.
Expiation, Paris, Calmann-Lévy, 1881.
Marthe de Thiennes, Paris, Calmann-Lévy, 1882.
Ménages parisiens, Paris, Ollendorff, 1883.
Signés Jeanne Mairet (l’utilisation de ce pseudonyme est une hypothèse) :
Marca, Paris, Ollendorff, 1882.
Jean Méronde, Paris, Ollendorff, 1885.
Une folie, Paris, Ollendorff, 1886.
Théâtre
Théâtre complet, Cazaubon, Eurédit, 2003, 4 volumes. Édition établie et présentée par Pierre Michel.
– Volume 1 : Les Mauvais Bergers (Fasquelle, 1898).
– Volume 2 : Les Affaires sont les affaires (Fasquelle, 1903).
– Volume 3 : Le Foyer (Fasquelle, 1908).
– Volume 4 : Farces et moralités (Fasquelle, 1904 – recueil de six pièces en un acte : L’Épidémie (1898), Vieux ménages (1900), Les Amants (1901), Le Portefeuille (1902), Scrupules (1902), Interview (1904)).
Critique littéraire et artistique
Combats esthétiques, Paris, Séguier, 1993, 2 volumes. Édition établie par Pierre Michel et Jean-François Nivet.
Combats littéraires, Paris, L’Âge d’homme, 2006. Édition établie par Pierre Michel et Jean-François Nivet.
Contes
Écrits politiques
Combats politiques, Paris, Séguier, 1990. Édition établie et présentée par Pierre Michel et Jean-François Nivet. Anthologie des textes politiques écrits par Octave Mirbeau.
L’Affaire Dreyfus, Paris, Séguier, 1991. Édition établie et présentée par Pierre Michel et Jean-François Nivet. Recueil des textes relatifs à l’affaire Dreyfus, extraits pour la plupart de L’Aurore, du Journal et du Journal du peuple, 1897-1899.
Correspondance
Correspondance générale, Paris, L’Âge d’homme, 2002-2009, 3 volumes. Édition établie et présentée par Pierre Michel.
BARON Philippe, La Technique dramatique d’Octave Mirbeau, Angers, Actes du colloque d’Angers, Presses de l’Université d’Angers, 1992.
BAUËR Gérard, « Octave Mirbeau, héros de son théâtre », Les Annales-Conferencia n° 106, août 1959.
BERNARD Tristan, Mirbeau et la postérité, Paris, Les Cahiers d’aujourd’hui, 1922.
HERZFELD Claude, Le Monde imaginaire d’Octave Mirbeau, Angers, Presses de l’Université d’Angers, 2001.
HERZFELD Claude, La figure de Méduse dans l’œuvre d’Octave Mirbeau, Paris, Nizet, 1992.
HIMY-PIÉRI Laure et POULOIN Gérard (dir.), Octave Mirbeau : passions et anathèmes, Caen, Colloque de Cerisy-la-Salle, Université de Caen, 2007.
LAIR Samuel, Mirbeau et le mythe de la nature, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004.
LLOYD Christopher, Mirbeau’s fictions, Durham, University of Durham, 1996.
MCCAFFREY Enda, Octave Mirbeau’s litterary and intellectual evolution as a French writer, 1880-1914, Lewiston (N.Y.), E. Mellen, 2000.
MICHEL Pierre, NIVET Jean-François, Octave Mirbeau : l’imprécateur au coeur fidèle, Paris, Séguier, 1990.
MICHEL Pierre, Octave Mirbeau et le roman, Éd. du Boucher, 2005.
MICHEL Pierre, Mirbeau et la « négritude », Éd. du Boucher, 2004.
MICHEL Pierre, Lucidité, désespoir et écriture, Angers, Presses de l’Université d’Angers, 2001.
MICHEL Pierre, Les combats d’Octave Mirbeau, Paris, Les Belles Lettres, 1995.
MICHEL Pierre, CHALINE Anne, Paris, Colloque Octave Mirbeau, Éd. du Demi-cercle, 1994.
THIÉBLEMONT-DOLLET Sylvie, Octave Mirbeau, un journaliste faiseur d’opinion, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2001.
On pourra également consulter les Cahiers Octave Mirbeau, Angers, Société Octave Mirbeau, 1994-2010, 17 numéros.