Carlo Cassola aux éditions Sillage
1917 : Naissance de Carlo Cassola à Rome, le 17 mars. Il est le dernier-né d’une fratrie de cinq enfants. Son père, Garzia Cassola, est journaliste et traducteur ; il est également un militant socialiste.
1927 : On l’inscrit au lycée Torquato Tasso, l’un des plus anciens et des plus réputés de Rome. Nettement plus jeune que ses quatre frères et sœurs, il mène une enfance assez solitaire et développe rapidement le goût de la lecture, notamment par la découverte des romans d’aventure d’Emilio Salgari et de Jules Verne.
1932 : Il poursuit ses études dans un autre lycée réputé, Umberto-I, où il sympathise avec l’un des fils de Mussolini, Vittorio. Il participe à l’animation de la revue scolaire fondée par Vittorio, La Penna dei ragazzi, dont le nom sera changé en Anno XII – l’An XII en question est la douzième année de l’ère fasciste, c’est-à-dire 1934 –, puis en Anno XIII.
1933 : Cassola rejoint le mouvement anti-futuriste Novismo, fondé par Vittorio Mussolini et Ruggero Zangrandi. Les prises de position audacieuses du mouvement amènent Vittorio à s’en éloigner rapidement. Zangrandi prend la tête de Novismo, qui évolue à partir du milieu des années 1930 vers un antifascisme militant.
1935 : Cassola s’inscrit à la Faculté de Droit de l’Univer-sité Sapienza de Rome. Publication de ses premiers poèmes dans Anno XIII. Il fait montre de peu d’empressement à marquer son soutien à la seconde guerre italo-éthiopienne, et participe à plusieurs réunions d’étudiants ouvertement antifascistes. Il rencontre l’écrivain Piero Santi, cousin de sa mère, qui l’encourage dans ses travaux littéraires et lui conseille des lectures, notamment Döblin, Dos Passos et D. H. Lawrence.
1936 : Il quitte le groupe Novismo. Durant l’hiver, il est marqué par la découverte de Joyce, dont il lit Dedalus et Gens de Dublin.
1937 : Cassola effectue son service militaire à Spoleto, en Ombrie, puis à Bressanone, dans le Trentin-Haut-Adige. Il commence à rédiger ses premières nouvelles.
1939 : Il obtient son diplôme en droit civil, sans que le droit l’ait jamais réellement intéressé.
1940 : Il commence à fréquenter un cercle d’intellectuels florentins, comprenant notamment Romano Bilenchi, Franco Fortini et Paolo Cavallina. Ce dernier est rédacteur en chef de la revue Révolution, qui sera interdite deux ans plus tard. Grâce à ces relations, il publie plusieurs nouvelles dans la revue Letteratura, et se met également à collaborer avec les revues Corrente et Frontespizio. Il commence à enseigner au lycée de la petite ville de Volterra, en Toscane. Il y rencontre Rosa Falchi, qu’il épouse à la fin de l’année.
1941 : Il est mobilisé dans l’armée italienne. Il est affecté à Pise, puis à La Spezia, mais ne sera pas envoyé au combat.
1942 : Parution de ses deux premiers recueils de nouvelles, Alla periferia (En périphérie) et La Visita (La Visite) aux éditions de la revue Letteratura.
1943 : Après l’armistice de Cassibile, il prend contact avec le réseau des résistants de la région de Volterra. Chargé de diriger l’équipe en charge des explosifs, il combattra jusqu’à la libération de la Toscane, en août 1944. C’est durant cette période de clandestinité passée dans les montagnes qu’il côtoie un bûcheron qui deviendra le modèle du personnage de Guglielmo dans La Coupe de bois.
1944 : Après la libération de la Toscane, il s’implique dans les activités du Parti d’Action, d’inspiration sociale-démocrate, qui s’auto-dissoudra en 1946.
1945 : Il devient membre du comité de rédaction de la revue La Nation du Peuple, qui dépend du Comité de Libération toscan ; il publie également de nombreux articles dans le journal Le Matin et dans L ’Italie socialiste.
1948 : Il est nommé professeur d’histoire et de philosophie au lycée de la ville de Grosseto, chef-lieu du sud de la Toscane. Il y enseignera jusqu’en 1962.
1949 : La mort brutale de son épouse, âgée de trente et un ans, d’une grave crise rénale, plonge Cassola dans une période très difficile, dont son rapport à la littérature sortira profondément modifié. Il commence l’écriture de la nouvelle Taglio del Bosco (La Coupe de bois), qu’il abandonne plusieurs mois avant de se résoudre à la terminer. Plusieurs éditeurs la refusent, avant qu’elle paraisse dans la revue Paragone.
1951 : À la fin de l’année, Cassola se remarie à Grosseto avec Guiseppina Rabagli.
1952 : Parution du roman Fausto et Anna, texte en partie autobiographique consacré à la période de la Résistance, après que Cassola a peiné à trouver un éditeur qui accepte de le publier. Naissance de sa fille Barbara.
1953–1957 : Il publie de nombreuses nouvelles, notamment La Casa di via Valadier (La Maison de la rue Valadier), Esiliati (Les Exilés) et Il Soldato (Le Soldat).
1956 : Publication de Viaggio in Cina (Voyage en Chine), compte-rendu d’un voyage dans la Chine de Mao, sur un ton très positif. La même année, parution de I Minatori della Maremma (Les Mineurs de Maremme), coécrit avec Luciano Biancardi (1922-1971), romancier, traducteur et journaliste engagé ; le texte est un reportage sur les conditions de travail catastrophiques des mineurs du Sud de la Toscane.
1957 : Naissance de sa seconde fille, Nora Cassola, qui meurt quelques mois plus tard.
1960 : Publication de La Ragazza di Bube (La Ragazza), qui lui vaut le prix Strega et le rend internationalement célèbre (le roman sera traduit en plus de vingt langues, et adapté au cinéma par Luigi Comencini). Peu de temps après la remise du prix Strega, Pasolini reproche à Cassola d’avoir renié ses idéaux socialistes et trop cédé dans son roman à la tentation du lyrisme, assimilant le succès que rencontre Cassola à l’acte de décès du réalisme italien.
1961 : Publication de Un Cuore arrido (Un Cœur aride).
1962 : Les revenus qu’il tire désormais de son travail d’écrivain lui permettent de cesser d’enseigner. Les années qui suivront, il effectuera de nombreux voyages et donnera des conférences à l’étranger, notamment à Paris et à Londres.
1964 : Parution de son roman Il Cacciatore (Le Chasseur).
1966 : Un débat public organisé à Paris entre Cassola et des membres du Nouveau Roman tourne à la confrontation. Publication de Tempi memorabili (Jours mémorables).
1968 : Il entame une collaboration de cinq ans avec le Corriere della Sera.
1969 : Publication d’Una relazione (Une liaison).
1970 : Publication de son quatrième roman, Paura et tristezza (traduit sous le titre Anna de Volterra).
1971 : Hospitalisé suite à un infarctus, on le découvre atteint d’une grave maladie cardiaque. Ses relations avec son épouse, Guiseppina Rabagli, se détériorent.
1973 : Publication du roman Monte Mario (traduit sous le titre Mario).
1974 : Il rencontre Pola Natali, de trente ans sa cadette, et en tombe immédiatement amoureux. Leur liaison durera jusqu’à la mort de Cassola, mais ils ne se marieront qu’en 1986.
1976 : Publication du roman L ’Antagonista (L ’Antagoniste).
1977–1982 : Il publie de très nombreux romans, ainsi que des essais antimilitaristes ou de soutien à la cause animale, à laquelle Pola Natali l’a sensibilisé. Ses textes rencontrent moins de succès qu’auparavant, et il change plusieurs fois d’éditeur.
1977 : Il fonde la Ligue du désarmement, dont il prend la présidence.
1978 : Il s’intalle à Montecarlo, près de Lucques, en Toscane, avec Pola Natali.
1984 : Cassola voit son état de santé se dégrader fortement. Il cesse pratiquement toute activité littéraire.
1987 : Le 29 janvier, mort de Carlo Cassola, à Montecarlo.
Repères bibliographiques
Le récit Il Taglio del bosco parut dans le numéro 12, daté de décembre 1950, de la revue Paragone, publiée à Florence, chez l’éditeur Sansoni ; il fut repris dans le recueil Il Taglio del bosco, paru en 1954 (le volume est sans date), à Milan, aux éditions Fabbri.
La seule traduction française publiée à ce jour est due à Philippe Jaccottet ; elle figure dans le recueil La Coupe de bois : récits, paru aux Éditions du Seuil en 1963.
Œuvres en italien
Racconti e romanzi, Milan, Mondadori, 2007.
Œuvres traduites en français
- Anna de Volterra, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1973.
- L ’Antagoniste, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1978.
- Le Chasseur, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1966.
- La Coupe de bois : récits, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1963.
- Fausto et Anna, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1961.
- Fiorella, suivi de Jours mémorables, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1969.
- Mario, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1975.
- La Ragazza, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1962 ; nouvelle édition : Paris, Cambourakis, 2015.
- Un cœur aride, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1964.
- Une liaison, trad. par Philippe Jaccottet, Paris, Éditions du Seuil, 1971.
Études critiques
- Angelini Marie-Hélène, « Perception “sub-liminaire”, “film de l’impossible” et réalisme dans les premiers écrits de Carlo Cassola », in Collectif, Du réalisme à l’irréalité. I. Verga, Tozzi, Lussu, Bilenchi, Cassola, Pavese, Abbeville, F. Paillart, 1982.
- Bernardini Gianni, Narrativa e ragione rivoluzionaria : la filosofia pacifista di Carlo Cassola, Pise, PLUS-Pisa University Press, 2007.
- Bertacchini Renato, Carlo Cassola : introduzione e guida allo studio dell’opera cassoliana ; storiae antologia della critica, Florence, Le Monnier, 1977.
- Best David Albert, Ruralism in Central Italian writers, 1927–1997. From “Strapaese” Landscapes to the Gendering of Nature : Fabio Tombari, Paolo Volponi, Carlo Cassola, Romana Petri, Ancona, Ancona University Press, 2010.
- Falaschi Giovanni (éd.), Carlo Cassola : Atti del convegno di Firenze, 3–4 novembre 1989, Florence, Becocci, 1993.
- Macchioni Jodi Rodolfo, Cassola, Florence, La Nuova Italia, 1967.
- Manacorda Giuliano, Invito alla lettura di Cassola, Milan, Mursia, 1973.
- Spinazzola Vittorio, Il realismo esistenziale di Carlo Cassola, Modena, Mucchi, 1993.
- Tartarini Silvano, Carlo Cassola : la letteratura dell’infinito e il suo sbocco antimilitarista, Pise, PLUS-Pisa University Press, 2012.