Alphonse Allais

Alphonse Allais aux éditions Sillage :

1854 : Le 20 octobre, naissance de Charles-Alphonse Allais à Honfleur. Son père, Charles-Auguste, tient une pharmacie dans la ville. Allais est le deuxième de cinq enfants.

1863 : L’enfant entre en classe de sixième ; il se montre bon élève.

1870 : Le 9 novembre, Alphonse Allais est reçu bachelier ès sciences.

1871 : En stage à la pharmacie paternelle, le jeune homme a l’occasion de soigner des blessés de l’armée française en déroute.

1872 : Allais est deuxième élève à la pharmacie Vigier, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.

1875 : En octobre, Allais entame une collaboration avec Le Tintamarre ; elle se poursuivra jusqu’en 1880. Le mois suivant, début de son volontariat à Lisieux, qui se terminera en mai 1876 – Allais remplira régulièrement ses obligations militaires jusqu’à leur terme, en 1900.

1876 : De retour à Paris après son volontariat, Allais reprend une place à la pharmacie Vigier, puis en occupe une autre à la pharmacie Jacob, rue de Turbigo. Il s’inscrit à l’École de pharmacie.

1877 : Le 12 décembre, il est présenté à Charles Cros par Georges Lorin (dit Cabriol).

1878 : Allais habite au 3, place de la Sorbonne. En mai, il devient « propriétaire gérant » du journal Les Écoles, réservé aux étudiants des facultés de médecine et de pharmacie, dont Félicien Champsaur est le rédacteur en chef – le dernier numéro paraît en juin. En octobre, Émile Goudeau fonde le club des Hydropathes, dont Allais et son frère, Paul-Émile, sont membres.

1879 : Allais collabore à L’Hydropathe. Il mène des expériences dans le laboratoire de Charles Cros. En octobre, début de sa collaboration au journal La Cravache. En décembre, la sœur d’Allais épouse Charles Leroy, membre du club des Hydropathes.

1880 : Allais abandonne ses études cette année-là ; il gagne probablement sa vie en travaillant en pharmacie. L’Hydropathe consacre son numéro de janvier à Alphonse Allais, « chef de l’École Fumiste ».

1881 : Le 7 mars, Allais dépose un brevet pour du « sucre-café-soluble », qui fait de lui l’inventeur du café lyophilisé. En novembre, Rodolphe Salis ouvre le cabaret Le Chat noir, à Montmartre. Le lieu accueille désormais les réunions des Hydropathes – Allais en devient un des piliers. Il collabore à la revue L’AntiConcierge, de Sapeck, dont le premier numéro paraît en décembre.

1882 : Le 14 janvier, parution du premier numéro de l’hebdomadaire Le Chat noir, dont Salis est le directeur et Émile Goudeau le rédacteur en chef. Allais fréquente les Hirsutes.

1883 : Quittant la pharmacie, Allais se consacre désormais au journalisme. Le 17 mars, première publication dans Le Chat noir. En octobre, Allais participe à la deuxième exposition des Arts Incohérents, galerie Vivienne : il présente un bristol blanc intitulé Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige  l’œuvre s’inspire de celle, entièrement noire, que son ami le dramaturge Paul Bilhaud présenta au même salon l’année précédente, Combat de nègres dans un tunnel.

1884 : Nouvelle présentation de monochromes au salon des Arts Incohérents.

1885 : Allais entame une collaboration avec le Courrier français et, l’année suivante, avec La Jeune Belgique.

1886 : En octobre, Allais devient rédacteur en chef du Chat noir.

1887 : Parution chez Ollendorff de La Nuit blanche d’un hussard rouge, plaquette d’Allais illustrée par Caran d’Ache. Allais figure parmi les membres fondateurs de la société théâtrale Le Gardénia, aux côtés d’autres habitués du Chat noir, dont un certain Albert Caperon, dit le Captain Cap.

1888 : Parution d’une nouvelle plaquette chez Ollendorff, Une idée lumineuse. En août, Allais publie dans Le Chat noir un hommage à Charles Cros, mort le 9.

1889 : En mars, la pièce Au moulin de la Galette, écrite en collaboration avec Jehan Sarrazin, est jouée au Divan Japonais. Nouvelle plaquette chez Ollendorff, Un mécontent. Début d’une collaboration de trois ans avec le Gil Blas. S’éprend de la danseuse Jane Avril, modèle de Toulouse-Lautrec.

1890 : Le Pauvre Bougre et le bon génie paraît chez Ollendorff. En août, voyage en Angleterre avec Auriol et Maurice O’Reilly. Allais emménage rue Victor-Massé.

1891 : En mai, chez Ollendorff, parution de son premier recueil de contes, À se tordre. En novembre, cède sa place de rédacteur en chef du Chat noir à Léon Gandillot.

1892 : Voyage à Marseille. Nouveau recueil, Vive la vie !, chez Flammarion. Début de sa collaboration au Journal, de Fernand Xau – Allais tient une rubrique intitulée La Vie drôle.

1893 : En avril, parution de Pas de bile, chez Flammarion ; en juillet, Le Parapluie de l’escouade sort chez Ollendorff. En août, Albert Caperon se présente aux élections législatives, dans le 9e arrondissement – il obtient 134 voix. Le 25 novembre, premier numéro de l’hebdomadaire La Vie drôle, dont Allais est directeur littéraire – la revue cessera de paraître en février de l’année suivante. En décembre et janvier, voyage à Cannes et à Nice.

1894 : Ollendorff publie l’anthologie Les Gaîtés du Chat Noir, dont les éléments ont été rassemblés par Allais. En juin, départ pour les États-Unis et le Canada : parti le 9 du Havre, Allais arrive le 16 à New York, dont il repart le 21 pour Montréal. En septembre, le recueil Rose et vert pomme paraît chez Ollendorff.

1895 : Le 21 février, Allais épouse Marguerite Marie Gouzée, fille d’un brasseur d’Anvers, de quinze ans sa cadette. Voyage de noces à Venise. En mars, Le Chat noir cesse sa publication. En juin, voyage à Bruxelles. En décembre, déménagement rue Édouard-Detaille. Deux et deux font cinq (2 + 2 = 5) paraît chez Ollendorff.

1896 : En février, première de la pièce Innocent, écrite avec Alfred Capus – Allais en tirera le roman L’Affaire Blaireau en 1898. En mai et juin, séjour en Belgique. En décembre, Allais est admis à la Société des gens de lettres. On n’est pas des bœufs paraît chez Ollendorff.

1897 : En mars, les Allais visitent Turin et Gênes, puis Marseille, en avril. Après un passage à Paris, ils repartent à Venise en mai, et rentrent par Nice. Le 1er avril, parution de L’Album primoavrilesque d’Allais, qui regroupe ses monochromes présentés aux Arts Incohérents. Ollendorff publie Le Bec en l’air.

1898 : En janvier, voyage à Toulon. En mai, première de la pièce Silvérie ou les Fonds hollandais, écrite avec Tristan Bernard. Le 26 octobre, naissance de sa fille Marie Paule. Amours, délices et orgues paraît chez Ollendorff. Mort d’Albert Caperon.

1899 : Félix Fénéon fait entrer Allais à La Revue blanche, où sont publiés Pour cause de fin de bail et L’Affaire Blaireau. Au théâtre des Mathurins sont représentés Le Pauvre bougre et le bon génie, en mai, et À la gare comme à la gare, revue écrite avec Albert-René, en juin. En octobre est fondée la revue Le Sourire, dont Allais est rédacteur en chef.

1900 : Ne nous frappons pas paraît à La Revue blanche. Collaboration au Supplément. L’Astiqueur, pièce en un acte d’Allais et Albert-René, est représenté en février au théâtre du Gymnase.

1901 : Allais signe, en novembre, une protestation prenant la défense de Laurent Tailhade, condamné à un an de prison et 1000 francs d’amende pour un article paru dans Le Libertaire.

1902 : Juven publie Le Captain Cap, ses aventures, ses idées, ses breuvages. Il s’agit du dernier recueil publié par Allais.

1903 : Congé amiable, pièce écrite avec Tristan Bernard, est représentée en avril au théâtre de la Renaissance, dirigé par Lucien Guitry. En décembre, représentation de Monsieur la Pudeur, pièce écrite avec Félix Galipaux et Paul Bonhomme, au théâtre Cluny .

1905 : Le 21 octobre, Allais publie son dernier conte dans Le Sourire, « Erreur n’est pas compte ». Il meurt le 28 octobre à l’hôtel Britannia, rue d’Amsterdam, d’une embolie.


Ascendance et descendance d’Albert Caperon, dit le Captain Cap

Albert Jean Baptiste Nicolas Caperon, né le 4 octobre 1864, à Paris, a mené une existence qui, par son caractère parfois excentrique, n’a rien à envier à celle du personnage d’Alphonse Allais. La personnalité de son père, aventurier fantasque au destin éminemment romanesque, y est sans doute pour beaucoup.

On sait que son grand-père, Jean-Baptiste Caperon, a été officier des armées napoléoniennes. Orphelin en 1848, son père, Paulin Caperon, hérite de vignobles dans le Bordelais et d’une magnanerie. Pratiquant six langues – dont l’arabe –, il se lance dans une carrière politique, écrivant dans des revues socialistes et républicaines. Il s’exile à Londres – en compagnie d’Émile de Girardin –, après le coup d’État du 2 décembre 1851. Rentré en France au début des années 1860, il fonde une banque privée et épouse une riche héritière, Marie Élise Alexandrine Marissal. Deux enfants naissent de cette union, Albert – le futur Captain Cap – en 1864 et Marguerite en 1870. Propriétaire d’une villa au Pecq, d’un château à Bordeaux, il loue pour sa famille un appartement à Paris. En 1866, il rachète avec Girardin le quotidien La Liberté – auquel Vallès collaborera brièvement. En 1872, il se porte candidat aux élections législatives en Gironde.

Nouveau tournant dans cette existence aventureuse en 1874 : Paulin Caperon est impliqué dans l’affaire dite de la Banque territoriale d’Espagne, pour des manœuvres financières qu’il aurait effectuées pour le compte du Crédit foncier suisse. Condamné par défaut à 5 ans d’emprisonnement et 3000 francs d’amende, Caperon a quitté la France avant que l’affaire n’éclate. Il passe par la Belgique, où il prend l’identité d’un cousin récemment décédé, Peter Coutts, et gagne les États-Unis. Ses biens sont mis sous séquestre.

En 1875, Paulin Caperon achète un ranch de 700 hectares à Mayfield (aujourd’hui Palo Alto), qu’il modernise et transforme en une ferme modèle. Son bétail, qu’il fait venir d’Europe, remporte plusieurs concours. Il fait construire une tour en brique, qui subsiste encore aujourd’hui sous le nom de Frenchman’s Tower, où il installe une réserve d’eau et, à l’étage, une bibliothèque (note). Il semble que toutes sortes de rumeurs aient couru à son sujet, mais la vérité finit par s’apprendre et Paulin Caperon est victime de chantage. Il rentre en France en 1879 ou 1880, revend son terrain, en 1882, à Lelan Stanford, qui exploite la ferme pendant trois ans avant de créer sur ses terres l’université qui porte aujourd’hui son nom.

Parvenant à récupérer ses biens, Paulin Caperon laisse son épouse et son fils à Paris ; il s’installe à Arcachon avec sa fille, qui meurt de tuberculose en 1884. Il fait alors construire un château à Évian où il n’habitera pas, vit lui-même à Bordeaux, où il meurt le 5 octobre 1889. Il lègue son importante bibliothèque au duc d’Aumale (elle est aujourd’hui conservée au château de Chantilly).

La vie du fils, qu’Alphonse Allais fit passer à la postérité, est moins bien documentée que celle de son père. Vivant de ses rentes, il épouse Ernestine-Germaine Clogerson, la nièce de sa gouvernante ; il devient père de deux filles, Marguerite et Camille.

Les témoins de son existence s’accordent sur deux traits de son caractère : son goût pour l’oisiveté, et un net penchant pour la boisson. En 1887, il appartient au cercle dramatique Le Gardénia, dont sont notamment membres Allais, Georges Auriol, Émile Goudeau, Maurice O’Reilly, Courteline et Franc-Nohain. Albert Caperon se porte candidat aux élections législatives d’août 1893 – la campagne est décrite dans les premières pages du présent volume.

Caperon meurt, le 1er septembre 1898, à Paris, dans son domicile de la rue Jadin, des suites d’une chute de cheval. Sa fille Marguerite épouse en 1919 un lieutenant américain, Charles E. Berlin, et s’installe avec lui aux États-Unis. Elle prononce, en 1953 probablement, une conférence sur son grand-père à l’université de Stanford.

Note. Précisons qu’il existe également à Stanford un Frenchman’s Park, ainsi qu’une Frenchman’s Road, où vécut notamment, jusqu’à son décès, le philosophe et académicien René Girard.


Repères bibliographiques

Le Captain Cap, ses aventures, ses idées, ses breuvages parut à Paris, chez Juven, en 1902. Le recueil se compose de contes publiés en revue entre 1892 et 1901, ainsi que de textes inédits.

Certains des contes avaient déjà fait l’objet d’une publication dans les recueils suivants : Le Parapluie de l’escouade (1893), Pas de bile ! (1893), Rose et vert pomme (1894), Deux et deux font cinq (1895), Le Bec en l’air (1897), Amours, délices et orgues (1898), Pour cause de fin de bail (1899).

Œuvres d’Alphonse Allais

Tout Allais, Paris, La Table ronde, 11 vol., 1964-1970 (Œuvres anthumes, Caradec François (éd.) : 3 vol. ; Œuvres posthumes, Caradec François, Pia Pascal (éds.) : 8 vol.).

Œuvres anthumes, Caradec François, (éd.), Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1989.

Œuvres posthumes, Caradec François (éd.), Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1990 [il s’agit d’une anthologie des œuvres posthumes].

Par les bois du Djinn : poésies complètes, Caradec François (éd.), Paris, Fayard, 1997.

« Cher Monsieur vousmême ! » : correspondance 18751905, Caradec François (éd.), Paris, Fayard, 1999.

Études critiques

Allais-Leroy Jeanne, Alphonse Allais. Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Paris, Flammarion, 1913.

Caradec François, Alphonse Allais, Paris, Fayard, 1997.

Caradec François, Alphonse Allais : origines des œuvres anthumes (premières publications) et relevé des 23 contes dont l’origine n’a pas été retrouvée à ce jour, Paris, F. Caradec, 1999.

Defays Jean-Marc, Jeux et enjeux du texte comique : stratégies discursives chez Alphonse Allais, Tübingen, M. Niemeyer, 1992.

Defays Jean-Marc, Le Texte à rire : technique du secret et art de l’illusion chez Alphonse Allais, Jyväskylä, University of Jyväskylä, 1994.

Defays Jean-Marc, Rosier Laurence (éds.), Alphonse Allais, écrivain : actes du premier colloque international Alphonse Allais, université de LiègeWégimont, 911 septembre 1996, Saint-Genouph, Nizet, 1997.

Delbourg Patrice, Comme disait Alphone Allais, Paris, Écriture, 2005.

 

L’Allaisienne : la lettre confidentielle de l’Association des amis d’Alphonse Allais et de l’Académie Alphonse Allais, Paris, Association des amis d’Alphonse Allais, depuis 2005.