August Strindberg

August Strindberg aux éditions Sillage :

1849 : Le 22 janvier, naissance à Stockholm de Johan August Strindberg, quatrième d’une famille de huit enfants. Son père, Carl Oscar Strindberg (1811-1883), est commissionnaire maritime. Sa mère, Ulrika Eleonora Norling (1823-1862), est l’ancienne domestique des Strindberg. Il est scolarisé dans un établissement très strict ; son enfance n’est pas heureuse.

1861 : Études au Stockholms Lyceum, où il montre des dispositions pour les sciences naturelles et le français.

1862 : Sa mère meurt de la tuberculose. Carl Strindberg se remarie avec sa gouvernante, Emilia Petersson, union qu’August ne parvient pas à accepter. Durant son adolescence, il est touché par plusieurs crises morales et religieuses. Il s’intéresse de près au piétisme.

1866 : Exerce les fonctions de précepteur dans l’archipel de Stockholm pour les trois enfants d’un haut fonctionnaire.

1867 : Passe le baccalauréat. Inscription à l’université d’Uppsala. Sans grande conviction, il songe à devenir médecin. Il tente de financer ses études en donnant des cours dans une école primaire, mais finalement renonce. Joue de petits rôles au Théâtre Royal.

1868 : Trouve une place d’enseignant dans une école communale de Stockholm.

1869 : Il peut reprendre ses études (langues, esthétique et sciences politiques) grâce à un petit héritage et écrit une tragédie en vers, La Fin de l’Hellade. À Uppsala, il fonde une association avec deux amis, « Runa », dédiée à la défense du culte de l’idéal nordique. Lecture de Byron, Schiller et Kierkegaard. Relations tendues avec sa famille.

1870-1872 : Écrit ses premières pièces : la comédie À Rome (montée au Théâtre Royal), Le Libre Penseur (publiée sous le pseudonyme d’Härved Ulf ), Le Hors-la-loi et Hermione (refusée par le Théâtre Royal) ; réputées injouables, elles éloignent Strindberg de la scène.

1871 : Parution d’un court récit inspiré d’une légende scandinave, La Saga d’Ân Bogsveig.

1872 : S’installe à Stockholm et travaille en tant que journaliste dans un petit quotidien du soir, le Stockholms Aftonpost. Il fréquente les milieux artistiques et se met à peindre des paysages, avec talent. Écrit sa première pièce en prose, Maître Olof ; il en publiera une nouvelle version en vers en 1876.

1873 : Travaille comme télégraphiste puis comme journaliste au quotidien Dagens Nyheter.

1874 : Il trouve un poste de secrétaire à la Bibliothèque Royale de Stockholm et peut enfin jouir d’une certaine stabilité matérielle.

1876 : Rencontre Siri von Essen (1850-1912), baronne finlandaise mariée à un capitaine, qui aspire à devenir actrice.

1877 : Le 30 décembre, mariage avec Siri von Essen, dont il aura trois enfants. Parution d’un recueil de nouvelles, Fjärdingen et Svartbäcken. Siri fait ses débuts d’actrice au Théâtre Royal.

1878 : Naissance de leur première fille Kerstin, qui mourra quelques jours plus tard.

1879 : Parution de La Chambre rouge, vive critique de la société suédoise. Le roman remporte un grand succès et fait de son auteur le fer de lance du radicalisme suédois.

1880 : Naissance de leur fille Karin. Ses relations avec Siri se dégradent. Publication de la tragédie Le Secret de la Guilde.

1881 : Naissance de leur benjamine Greta. Parution du roman satirique Nouveau Royaume.

1882 : Parution de La Femme de sire Bengt, drame contredisant les thèses féministes d’Ibsen. C’est le début de la réputation de misogynie dont on lui fera souvent le reproche.

1883 : Publication d’un recueil de poèmes, Poèmes en vers et en prose. Part pour la France avec sa famille, suite à des différends sans doute provoqués par sa paranoïa et sa susceptibilité quasi maladive. S’installe à Grez, non loin de Fontainebleau. Il y rejoint une petite communauté d’artistes d’Europe du Nord. Il emménage ensuite à Passy puis à Neuilly. Il acquiert peu à peu la maîtrise du français et écrit dans plusieurs revues parisiennes.

1884 : Naissance de son fils Hans en Suisse, où la famille vient de s’établir. Parution de Nuits d’un somnambule aux jours de veille. Strindberg est assigné à comparaître au Tribunal de Stockholm suite à ses critiques du dogme de la communion dans le recueil de nouvelles Mariés, publié cette année-là. Il est acquitté le 17 novembre.

1885 : Retour au pays du procès décrit ses déboires judiciaires en Suède. Séjour d’un an en France.

1886 : Retour en Suisse pour quelques mois. Parution des tomes I à III du Fils de la servante, roman autobiographique, et de Mariés II, nouveau recueil de nouvelles.

1887 : Parution de la pièce Père et du roman réaliste Les Gens de Hemsö. Il travaille au Plaidoyer d’un fou, récit acerbe et misogyne de sa relation avec Siri von Essen, rédigé en français. Il s’établit au Danemark. La famille dispose de peu de moyens financiers et déménage fréquemment. Dans Le Combat des cerveaux, Strindberg imagine la suprématie d’un homme sur tous les autres. Correspond notamment avec Nietzsche et Zola.

1888 : Parution des pièces naturalistes Camarades, Créanciers et Mademoiselle Julie, qui restera la plus jouée de ses pièces. Strindberg met en scène les habitants de l’archipel de Stockholm dans son recueil de nouvelles Gens de l’archipel.

1889 : Parution des pièces Paria et Simoun ainsi que son récit Tschandala. Retour en Suède. Il se sépare de Siri von Essen.

1890 : Il publie le roman Au bord de la mer.

1891 : L’image très négative dont il est victime lui rend plus difficile d’être édité. Strindberg et Siri von Essen divorcent officiellement ; la garde des enfants échoit à la mère. Il s’installe seul à Brevik.

1892 : À Berlin, où il vit depuis septembre, il rencontre une jeune journaliste autrichienne de vingt ans sa cadette, Frida Uhl (1872-1943).

1893 : Strindberg épouse Frida Uhl au mois de mai dans l’archipel d’Heligoland, au sud-est de la mer du Nord. Lui interdit, en vain, de lire Le Plaidoyer d’un fou, publié cette année-là.

1894 : Naissance de leur fille Kerstin. En août, Strindberg part s’installer à Paris. Il y vit dans la misère et sombre dans la folie : plusieurs crises de 1894 à 1896, hospitalisation, tentative de suicide. Frida le rejoint en septembre mais le quitte trois mois plus tard.

1897 : Divorce d’avec Frida Uhl. Écriture en français d’Inferno, journal de sa récente descente aux enfers. Il revient vivre à Lund où, bien entouré, il se réfugie dans la lecture de Swedenborg. Passe quelques mois à Paris.

1898 : Parution de la pièce expressionniste L’Avent. Légendes et Combat de Jacob traitent des mêmes difficultés psychiques qu’Inferno. Strindberg souffre toujours de délire de persécution et de divers troubles psychotiques.

1899 : Quitte Lund et se fixe définitivement à Stockholm. La dernière décennie de sa vie est marquée par une production littéraire intense. Parution des pièces de théâtre historiques La Saga des Folkungar, Gustave Vasa, Erik XIV, Gustave Adolphe ainsi que de La Danse de mort, drame d’inspiration naturaliste et mystique.

1901 : Le 6 mai, troisième mariage de Strindberg, avec l’actrice Harriet Bosse (1878-1961), qui jouait le rôle de la Dame dans sa pièce Le Chemin de Damas, créée en 1898. Parution de la pièce expressionniste Pâques, et des pièces historiques Charles XII et La Reine Christine.

1902 :Naissance de leur fille Anne-Marie. Trois autres pièces : Svanevit, La Mariée à la couronne et Le Songe.

1903 : Parution de la pièce historique Gustave III et de Seul, récit de sa vie solitaire avant son mariage avec Harriet Bosse. Dans « Le Deuxième Récit du Maître de la quarantaine », texte extrait du recueil Baie de beauté, détroit de honte, il dévoile l’histoire tourmentée de son mariage avec Frida Uhl.

1904 : Harriet Bosse et Strindberg divorcent. Il écrit deux romans très acerbes : Chambres gothiques et Drapeaux noirs. Le second ne sera publié qu’en 1907.

1905 : Parution de Jeux de mots et art mineur.

1906 : La Fête du couronnement de la maison, nouvelle.

1907 : Ouverture de son Théâtre Intime à Stockholm, petit théâtre destiné à jouer ses vingt-cinq pièces jamais montées, sous la direction du metteur en scène August Falk. Il y crée plusieurs pièces telles qu’Orage, Maison incendiée, Sonate de spectre et Le Pélican. Parution de sa nouvelle Le Bouc émissaire.

1909 : Parution de L’Écrivain, dernier tome du Fils de la servante (les premiers avaient paru en 1896). Il prend un appartement dans un immeuble qu’il baptise la « Tour bleue », son dernier domicile, devenu le Musée Strindberg en 1973.

1910 : Discours à la nation suédoise, recueil des articles publiés durant ses dernières années.

1912 : Le 2 mars, quarante-cinq mille couronnes lui sont remises suite à une collecte populaire en son honneur. August Strindberg meurt d’un cancer le 14 mai, à l’âge de 63 ans. Des funérailles nationales sont organisées au cimetière Norra Kyrkogården de Stockholm.


Repères bibliographiques

Œuvres autobiographiques

Œuvre autobiographique, édition établie et présentée par Carl Gustaf Bjurström, 2 tomes, Paris, Mercure de France, 1990. Tome I : Le Fils de la servante, Fermentation, Dans la chambre rouge, L’Écrivain, Le Plaidoyer d’un fou, Lui et elle. Tome II : L’Abbaye, Inferno, Légendes, Seul, Harriet Bosse (Lettres à Harriet Bosse, Journal occulte).

Correspondance

Correspondance, choix, présentation et traduction d’Elena Balzamo, Paris, Zulma, 2009-2012. Tome I : 1858-1885. Tome II : 1885-1894. Tome III : 1894-1912.

Théâtre 

Théâtre complet, édition de Carl Gustaf Bjurström, 6 volumes, Paris, L’Arche, 1982-1986.

Romans, nouvelles

Au bord de la vaste mer, trad. de M. L. Littmanson, Paris, Oswald, 1981.

Le Bouc émissaire, trad. d’Elena Balzamo, Paris, Viviane Hamy, 1997.

Le Couronnement de l’édifice, trad. d’Eva Ahlstedt et Pierre Morizet, Arles, Actes Sud, 1990.

Destins et visages, trad. de Marc de Gouvenain et Lena Grumbach, Paris, Flammarion, 1985.

Drapeaux noirs, trad. d’Eva Ahlstedt et Pierre Morizet, Le Paradou, Actes Sud, 1984.

Les Gens de Hemsö, trad. de Jean-Jacques Robert, Paris, Les Éditions du Temps, 1962.

L’Île des bienheureux, trad. de Marc de Gouvenain, Lena Grumbach et Émile Poulenard, Paris, Flammarion, 2011.

Mariés ! Récits et nouvelles, trad. d’Eva Ahlstedt et Pierre Morizet, Arles, Actes Sud, 1986.

Le Rêve de Torkel, trad. d’Elena Balzamo, Paris, Zulma, 2007.

Le Sacristain romantique de Ranö, trad. d’Elena Balzamo, Paris, Viviane Hamy, 2013.

Les Tribulations du pilote et autres contes, trad. de Carl Gustaf et Christofer Bjurström, Nantes, Le Passeur-Cecofop, 1997.

Tschandala, trad. d’Émile Poulenard, Paris, Éditions Aubier-Montaigne, 1966.

Utopies dans la réalité, trad. d’Elena Balzamo et Pierre Morizet, Arles, Actes Sud, 2003.

Essais

De l’infériorité de la femme, trad. de Georges Loiseau, Paris, La Revue blanche, janvier 1895.

Du hasard dans la production artistique, version française d’August Strindberg et Georges Loiseau, Paris, L’Échoppe, 1990.

Écrits sur le théâtre, trad. de Terje Sinding, Belval, Circé, 2013.

Le Jardin des plantes, trad. de Sylvain Briens, Genève, Éditions Notari, 2012.

Miniatures historiques, trad. de Régis Boyer, Paris, Les Belles Lettres, 2003.

Mon Jardin et autres histoires naturelles, trad. d’Elena Balzamo et Pierre Morizet, Arles, Actes Sud, 2005.

Parmi les paysans français, trad. d’Eva Ahlstedt et Pierre Morizet, Arles, Actes Sud, 1988.

Petit catéchisme à l’usage de la classe inférieure, trad. d’Eva Ahlstedt et Pierre Morizet, Arles, Actes Sud, 1982.

Un livre bleu, trad. d’Elena Balzamo et Pierre Morizet, Paris, L’Herne, 2006.

Poèmes 

L’Insurgé : notes et poèmes inédits, trad. de Carl Gustaf Bjurström, André Mathieu et Georges Loiseau, Bruxelles, L. Musin, 1974.

Nuits de somnambule par jours éveillés, trad. de Jean de Faramond, Paris, Séguier, 1990.