Georges Darien aux éditions Sillage :
1862 : Le 6 avril, naissance de Georges-Hippolyte Adrien, à Paris, fils d’Honoré Adrien, marchand de nouveautés issu d’une vieille famille protestante, et de Françoise Chatel.
1869 : Mort de sa mère. Son père se remarie avec Élise-Antoinette Schlumberger, une protestante très dévote avec laquelle l’enfant ne s’entend pas.
1871-1880 : Études au lycée Charlemagne.
1881 : Le 16 mars, Adrien devance l’appel à la conscription et s’engage dans l’armée. Ses manquements à la discipline lui valent des punitions fréquentes.
1883 : Le 23 juin, le conseil de guerre le condamne à trente-trois mois de travaux forcés à « Biribi » – plus précisément au bagne militaire de Gafsa, en Tunisie.
1886 : Le 16 mars, Adrien est libéré. Il rentre à Paris où, ayant rompu avec sa famille, il s’installe rue de l’Odéon. On ne lui connaît pas d’occupation régulière. Il fréquente les milieux anarchistes, fait la connaissance de Gabriel-Albert Aurier, Rodolphe Darzens, Édouard Dubus, Alphonse Allais et collabore à diverses revues (La Plume, La Revue d’aujourd’hui, Le Moderniste illustré, La Revue indépendante, Le Roquet).
1887 : Écriture d’une pièce en collaboration avec Gabriel-Albert Aurier, Bachelière !, qui ne sera jamais jouée.
1888 : Georges Adrien propose à l’éditeur Savine, sous le pseudonyme de Georges Darien, son roman sur le bagne Biribi, discipline militaire : l’éditeur accepte, puis renonce, de peur de poursuites judiciaires. Les démarches de Darien auprès d’autres éditeurs aboutiront au même résultat.
1889 : Sur commande de Savine, Darien écrit Bas les cœurs !, qui paraît le 28 décembre – il s’agit de sa première publication sous le pseudonyme de Darien.
1890 : Lucien Descaves publie Sous–Offs, qui lui vaut un procès pour outrage à l’armée. Le scandale décide Savine à publier Biribi, le 22 février. L’ouvrage connaît un lancement relativement discret ; l’éditeur et l’auteur échappent aux poursuites. Il suscite néanmoins un débat au Parlement qui aboutit à la suppression officielle du bagne – il continuera cependant d’exister dans les faits. Darien fait la connaissance de Léon Bloy. Il publie Les Vrais Sous–Offs avec Édouard Dubus – il s’agit d’une parodie des attaques lancées contre Descaves. Le 13 juin, représentation des Chapons, adaptation d’un chapitre de Bas les cœurs ! co-écrite avec Lucien Descaves, au Théâtre-Libre d’André Antoine. Le scandale qui s’ensuit contribue à faire connaître Darien.
1891 : Les Pharisiens, roman en forme de pamphlet dirigé contre le monde de l’édition, comprenant de violentes charges contre Drumont et contre l’éditeur Savine, refusé par Stock, paraît chez Genonceaux, mais n’obtient aucun écho dans la presse. Darien se tourne vers l’anarchisme ; il collabore à la revue L’En-dehors de Zo d’Axa avant qu’un duel ne mette fin à leur collaboration, l’année suivante.
1893 : En novembre, Darien fonde l’hebdomadaire L’Escarmouche, qui paraît jusqu’en mars 1894. Il rédige l’intégralité des articles et obtient des illustrations de Toulouse-Lautrec, Steinlen, Bonnard…
1894 : Le 1er août, Darien part en Angleterre pour échapper à la répression qui touche les milieux anarchistes après l’assassinat de Sadi Carnot par Caserio. On ignore tout de son existence et de ses moyens de subsistance à Londres.
1897 : En décembre, parution du Voleur, chez Stock. L’ouvrage, salué par Alphonse Allais, un proche de Darien, et qu’Alfred Jarry fera figurer dans la « bibliothèque du Docteur Faustroll », passe inaperçu.
1898 : L’Ami de l’ordre, pièce sur la Commune, est jouée au théâtre du Grand-Guignol.
1899 : Parution de Can we disarm ?, pamphlet écrit avec Joseph Mac Cabe. Mariage avec Suzanne Caroline Abresch, née à Londres de parents allemands.
1900 : En novembre, Stock publie son pamphlet La Belle France.
1903 : Début de sa collaboration avec la revue anarchiste L’Ennemi du peuple.
1904 : Participe au congrès antimilitariste d’Amsterdam. À Londres, parution de Gottlieb Krumm, made in England, écrit en anglais.
1905 : Retour à Paris. Parution de L’Épaulette chez Fasquelle – l’ouvrage, écrit cinq ans plus tôt, refusé par nombre d’éditeurs, ne rencontre aucun succès.
1906 : Sa pièce Le Parvenu est jouée aux Bouffes du Nord, et peine à trouver son public. En mai, Darien se porte candidat aux élections législatives pour l’obscur Parti Socialiste rationnel. En novembre, une adaptation de Biribi montée au théâtre Antoine connaît un grand succès.
1909 : Sa pièce Non ! elle n’est pas coupable !, qui prend la défense d’une femme accusée d’avoir tué son mari et sa mère, est jouée au théâtre Molière. C’est un échec. Darien publie les brochures Paris et la question du sol et La Terre n’a pas de maître. Il lance le journal Terre libre. Fondation de l’Union syndicale des artistes dramatiques, dont Darien est nommé président.
1910 : Les Mots sur le mur est joué aux Folies Dramatiques ; nouvel échec. L’Union Syndicale des artistes dramatiques perturbe une représentation de Tosca à l’Opéra-Comique.
1911 : Darien se lance dans une campagne pour la réforme de l’impôt. Il met sur pied une section parisienne de la Ligue pour l’impôt unique, inspirée des idées de l’économiste américain Henry George, et fait paraître une Revue de l’impôt unique.
1912 : Darien est candidat de la Ligue pour l’impôt unique aux élections législatives et municipales.
1913 : Dissolution de la Ligue pour l’impôt unique.
1914 : Darien soutient l’entrée en guerre de la France. En août, il s’installe dans le petit village de Bourron, près de Fontainebleau. On ne dispose d’aucun renseignement concernant ses activités durant la guerre.
1919 : Mort de sa femme.
1921 : En avril, mariage avec Julie Delpech, déjà mère d’un de ses enfants. Il meurt le 19 août.
1955 : Redécouverte de l’œuvre de Darien avec la publication du Voleur aux éditions Jean-Jacques Pauvert.
Théâtre
Les Chapons, pièce en 1 acte (en collaboration avec Lucien Descaves), Paris, Tresse et Stock, 1890.
L’Ami de l’ordre, drame en 1 acte, Paris, Stock, 1898.
Biribi, drame en 3 actes (en collaboration avec Marcel Lauras), Paris, Fasquelle, 1906.
Théâtre inédit 1, Gouy, À l’Écart, 1980 (réunit : Le Pain du bon Dieu, La Faute obligatoire et Le Parvenu).
Pièces inédites
Bachelière ! (en collaboration avec Gabriel-Albert Aurier), 1891.
La Viande à Feu, 1907.
Non ! Elle n’est pas coupable !, 1909.
Les Mots sur les murs, 1910.
Les Murs de Jéricho, 1910 (inachevée).
Les Galériennes, 1910.
Romans et nouvelles
Bas les cœurs ! 1870–1871, Paris, Savine, 1889.
Florentine (nouvelle), Paris, Revue Indépendante, 1890 (rééd. Bordeaux, Finitude, 2002).
Les Pharisiens, Paris, Genonceaux, 1891.
Le Voleur, Paris, Stock, 1898.
Gottlieb Krumm, made in England, Londres, Everett & C°, 1904 (roman écrit en anglais, trad. par Walter Redfern, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1987).
L’Épaulette : souvenirs d’un officier, Paris, Fasquelle, 1905.
Un volume réunit l’ensemble des romans de Darien : Voleurs !, préf. de Jean-Jacques Pauvert, Paris, Omnibus, 1994 (réunit : Biribi, Bas les cœurs !, Le Voleur, L’Épaulette, Les Pharisiens, Gottlieb Krumm, La Belle France).
Essais
Can we disarm ? (en collaboration avec Joseph McCabe), Londres, William Heinemann, 1899.
Les Vrais Sous–Offs : réponse à M. Descaves (en collaboration avec Édouard Dubus), Paris, Savine, 1890.
La Belle France, Paris, Stock, 1900.
L’Ennemi du peuple, précédé de Crève la démocratie !, Paris, Champ libre, 1972 (recueil d’articles).
Revues
Création de L’Escarmouche, hebdomadaire dont il est l’unique rédacteur, en novembre 1893 ; la publication s’interrompt en mars 1894. Dix numéros parurent, intégralement rédigés par Darien et illustrés par Steinlen, Toulouse-Lautrec, Bonnard, Ibels, Vuillard, etc.
Collaborations régulières à partir d’août 1903 à l’Ennemi du peuple, bimensuel anarchiste dirigé par Émile Janvion. La revue cesse de paraître en décembre 1904 à la suite d’une violente polémique opposant Darien et Charles Malato, écrivain et journaliste anarchiste.
Publication avec Émile Janvion du bimensuel La Terre libre, « organe d’action syndicale », en réalité, anti-franc-maçon et antisémite, en 1909. Soixante-sept numéros voient le jour, de novembre 1909 à mai 1914.
Publication de la Revue de l’impôt unique, 11 numéros de juillet 1911 à mai 1913.
Études critiques
Auriant (pseudonyme de Alexandre Hadjivassiliou), Trois fragments de la vie de Georges Darien, Gouy, À l’Écart, 1990.
Auriant, Darien et l’inhumaine comédie, Bruxelles, Ambassade du Livre, s.d. [1962].
Breton André, « Darien le maudit », Arts, 11 mai 1955 (article ayant servi de préface à plusieurs éditions du Voleur et recueilli dans Perspective cavalière, Paris, Gallimard, 1970).
Bosc David, Georges Darien, Aix-en-Provence, Sulliver, 1996.
Feys Janine, La Représentation de la société dans les romans de Darien, thèse de troisième cycle, Université de Paris VII, 1974.
Gréau Valia, Georges Darien et l’anarchisme littéraire, Tusson, Du Lérot, 2002.
Redfern Walter David, Georges Darien : robbery and private enterprise, Amsterdam, Rodopi, 1985.
stock Pierre-Victor, Memorandum d’un éditeur, Stock, Delamain et Boutelleau, 1935 (contient des lettres de Darien à ses éditeurs Albert Savine et Stock).
Terrone Patrice, L’Individu dans l’œuvre romanesque de Georges Darien, thèse, Université de Grenoble III, 1992.
Adaptation cinématographique
Biribi, film franco-tunisien réalisé par Daniel Moosmann en 1970, avec Bruno Crémer, Georges Géret et Pierre Vaneck, sorti le 2 juin 1971.