Mikhaïl Boulgakov

Mikhaïl Boulgakov aux éditions Sillage :

1891 : Le 15 mai, naissance à Kiev de Mikhaïl Boulgakov. Son père est professeur d’histoire à l’Académie de théologie. Mikhaïl sera l’aîné de sept enfants.

1901 : Entrée au lycée de Kiev.

1903 : Mikhaïl fonde une compagnie de théâtre appelée « Pickwick Club ». Il fait ses débuts de dramaturge, comédien et metteur en scène.

1906 : Le 14 mars, son père meurt d’une néphrosclérose.

1908 : Boulgakov rencontre Tatiana Lappa, qui passe l’été à Kiev.

1909 : En septembre, entrée à la faculté de médecine de Kiev. Le jeune homme se déclare agnostique ; il se familiarisera avec le darwinisme.

1913 : En mars, mariage avec Tatiana Lappa.

1914 : Passant l’été dans sa belle-famille, à Saratov, Boulgakov soigne les premiers blessés de guerre dans un hôpital de fortune.

1916 : Reçu à ses examens, le jeune homme est affecté dans un hôpital à Nikolskoïé. S’ensuivent des mois de travail intense. Il développe une addiction à la morphine, dont il se désintoxiquera en 1918.

1917 : Le 15 mars, abdication de Nicolas II. Tatiana tombe enceinte, mais les époux décident d’un avortement. Boulgakov est muté à Viazma en octobre ; ce poste lui permet de vaquer à divers travaux littéraires. En novembre, il est à Kiev et s’enrôle dans les troupes résistant aux bolcheviques.

1918 : Libéré de ses obligations militaires, Boulgakov ouvre un cabinet de vénérologie.

1919 :Mobilisation dans l’Armée blanche de Denikine ; quand les troupes quittent Kiev, Boulgakov parvient à rester en ville. À l’automne, il est de nouveau réquisitionné par l’Armée blanche et part à Vladicaucase, où sa femme le rejoint. Il donne des articles à des journaux blancs ou neutres.

1920 : Boulgakov renonce à la médecine au profit de l’écriture. Malade du typhus, il ne peut quitter Vladicaucase à l’approche de l’Armée rouge. Il trouve un poste à la sous-section des Arts et devient la cible d’accusations politiques quand il prend la défense de Pouchkine. Il perd son emploi en novembre ; une période de misère commence.

1921 : Après deux tentatives d’émigration infructueuses, Boulgakov s’installe à Moscou sur les conseils d’Ossip Mandelstam ; il occupe un poste à la sous-section des Arts, puis un emploi de journaliste qui le privera du temps nécessaire à l’écriture.

1922 : En février, mort de sa mère. Boulgakov est contraint de se livrer à d’innombrables travaux alimentaires. En juin, début de la publication de Notes sur des manchettes en revue. Il se rapproche de cercles d’écrivains attachés à l’héritage du XIXe siècle. Sa carrière littéraire est lancée.

1923 : Début d’une collaboration au Goudov, où il se lie avec Ilf et Petrov, Oliecha, Isaac Babel. Il commence à travailler au roman La Garde blanche. En août, la censure s’oppose à la parution de Notes sur des manchettes.

1924 : En janvier, rencontre Lioubov Evguenievna Bielozerskaïa, avec qui il noue une relation amoureuse. Son divorce avec Tatiana est prononcé en avril. Parution en revue d’Endiablade, de L’Île pourpre et de la première partie de La Garde blanche.

1925 : En janvier, publication de La Bohème. Boulgakov écrit Coeur de chien en vue d’une parution dans Niedra ; malgré de longues tractations, la nouvelle n’obtiendra pas le visa de la censure. En avril, mariage avec Lioubov Evguenievna Bielozerskaïa, et publication de la deuxième partie de La Garde blanche. En juillet, le recueil de nouvelles Endiablade est interdit par la censure ; une campagne de presse violemment hostile s’engage contre l’auteur.

1926 : En mai, perquisition chez les Boulgakov ; la police s’empare de deux manuscrits de Coeur de chien et du journal de l’écrivain. En juin, une adaptation pour la scène de La Garde blanche est montrée à la presse au Théâtre d’art de Stanislavski ; c’est le début d’une nouvelle campagne contre Boulgakov. La pièce sera jouée à partir d’octobre sous le titre Les Jours des Tourbine et connaîtra un succès certain, de même que L’Appartement de Zoïka, qui démarre le même mois.

1927 : Boulgakov est la cible de la critique de gauche et se trouve dans l’impossibilité de faire jouer ses pièces. En décembre, parution en revue de Morphine – c’est la dernière oeuvre que l’auteur publiera dans son intégralité.

1928 : La pièce La Fuite est interdite par la censure. En décembre, première de L’Île pourpre, qui lui vaut l’hostilité de la critique, avant d’être interdite en juin de l’année suivante.

1929 : Boulgakov commence à travailler à ce qui deviendra Le Maître et Marguerite. Il fait la connaissance d’Elena Sergueïevna Chilovskaïa ; leur passion est réciproque, mais aboutira à une rupture en février 1931, Elena ne souhaitant pas se séparer de son mari et de ses deux enfants. En mars, le théâtre de Boulgakov est interdit – Staline avait désavoué le dramaturge quelques semaines plus tôt. En juillet, sans ressources, Boulgakov écrit à Staline et Gorki, sollicitant l’autorisation d’émigrer. Il subsiste grâce à une aide que l’écrivain Veressaïev lui versera jusqu’en 1931.

1930 : Boulgakov détruit les brouillons de ses oeuvres, dont la première version du Maître et Marguerite. En mars, dans une lettre au gouvernement soviétique, il sollicite un poste ou l’autorisation d’émigrer ; le mois suivant, Staline en personne appelle l’écrivain, qui accepte un emploi modeste au Théâtre d’art.

1931 : Travaille à la pièce d’anticipation Adam et Ève, qui ne sera jamais jouée. Grâce à Gorki, la pièce Molière obtient l’autorisation d’être représentée.

1932 : En février, reprise des Jours des Tourbine, après intervention de Staline, grand admirateur de la pièce. En septembre, retrouvailles avec Elena Sergueïevna, qu’il épousera début octobre, après avoir lui-même divorcé. Il travaille à une Vie de M. de Molière, qui sera refusée par son éditeur. En novembre, première de son adaptation des Âmes mortes au Théâtre d’Art.

1933 : Boulgakov commence à travailler à Béatitude. Rencontre Anna Akhmatova. En octobre, apprenant l’arrestation de deux écrivains satiriques, Boulgakov brûle plusieurs passages de son roman Le Maître et Marguerite.

1934 : Installation dans un immeuble d’écrivains, où loge notamment Mandelstam. Nouvelle lettre à Gorki à qui il demande de soutenir sa demande d’autorisation de voyage à l’étranger. Pourparlers avec des studios pour l’adaptation des Âmes mortes et pour une autre du Revizor ; aucun de ces projets n’aboutira. Boulgakov travaille à la pièce Alexandre Pouchkine, ainsi qu’à Ivan Vassilievitch, qui ne passera pas le stade de la générale. Au Théâtre d’art, il tient un rôle dans une adaptation des Papiers posthumes du Pickwick Club.

1935 : Nouvelles tractations pour faire jouer ses pièces. Boulgakov poursuit son travail sur Le Maître et Marguerite et traduit L’Avare de Molière.

1936 : En février, la première de sa pièce Molière déclenche une campagne de presse hostile ; elle sera retirée de l’affiche après deux semaines. Boulgakov obtient un poste de librettiste consultant au Bolchoï.

1937 : Rédaction des Mémoires d’un défunt (Roman théâtral), qui restera inachevé.

1938 : Lit son adaptation scénique de Don Quichotte. En septembre, Les Jours des Tourbine fête sa 800e représentation.

1939 : En avril et mai, Boulgakov donne lecture de son roman Le Maître et Marguerite à des amis. Sa pièce Batoum, écrite en hommage à Staline, obtient tous les visas de la censure, mais déplaît à son personnage principal ; elle est interdite. À l’automne, Boulgakov devient presque aveugle : il est atteint d’une néphrosclérose.

1940 : Le secrétaire de l’Union des écrivains lui promet une cure de repos en Italie. Le 10 mars, Boulgakov s’éteint. L’Union des écrivains lui rend hommage.


Repères bibliographiques

Sobach’e serdtse (Coeur de chien) fut écrit en vue d’une parution dans le journal Niedra, en 1925 ; sa publication fut interdite, et les manuscrits dactylographiés saisis. Il fallut attendre 1968 pour que la nouvelle soit publiée, à Munich, dans le numéro 69 de la revue Grani ; il s’agit d’une édition réalisée à partir de samizdat souvent fautifs. En 1969, à Paris, la YMCA Press publie une nouvelle édition du texte, réalisée à partir d’un manuscrit fourni par la veuve de l’écrivain ; cette version sera reprise pour la première édition russe du texte, en 1987, à Moscou, dans le numéro 6 de la revue Znamia.

L’ouverture au public du département des manuscrits de la Bibliothèque Lénine, en 1987, donne accès aux éditeurs à trois versions dactylographiées. Une première version sera publiée en 1989 dans une édition d’œuvres choisies de l’auteur (Izbrannye proizvedenija v dvux tomax, Kiev, Dnipro, tome I), à partir du dernier manuscrit corrigé par l’auteur, nommé R2 ; une seconde version (le manuscrit R3) sera publiée la même année dans les œuvres complètes de l’auteur (Sobrianie socinenij v pjati tomax, Moscou, Xudozestvennaja literatura, tome II) ; la troisième en 1993, dans la revue Izofax 1993 (manuscrit R1).

Éditions françaises

Coeur de chien, trad. par Michel Pétris, Paris, Champ Libre, 1970.

Coeur de chien, trad. par Alexandre Karvovski, in Cœur de chien et autres récits, Moscou, Radouga ; Bruxelles, Du monde entier, 1990.

Coeur de chien, trad. par Janine Lévy, Paris, Flammarion, 1998.

Coeur de chien, trad. par Vladimir Volkoff, Paris, Librairie générale française, 1999.

Coeur de chien, trad. par Françoise Flamant, in OEuvres, t. 1, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1997.

Œuvres en russe

Sobrianie socinenij v pjati tomax, Moscou, Xudozestvennaja literatura, 1989-1990, 5 vol.

Correspondance et journaux intimes

Pis’ma, Moscou, Sovremennik, 1989.

Dnevnik, pis’ma 1914-1940, Moscou, Sovremennyj pisatel’, 1997.

Traductions françaises

Oeuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2 vol. ; tome 1 : La Garde Blanche, nouvelles, récits, articles de variétés, trad. par Jean-Louis Chavarot, Françoise Flamant, Marianne Gourg et Édith Scherrer, 1997 ; tome 2 : Le Maître et Marguerite et autres romans, suivis du Théâtre, trad. par Jean-Louis Chavarot, Françoise Flamant, Christiane Rouquet et Édith Scherrer, 2004.

Études critiques

Autant-Mathieu Marie-Christine, Le Théâtre de Mikhaïl Boulgakov, Lausanne-Paris, L’Âge d’homme, 2000.

Curtis Julie A. E., Les manuscrits ne brûlent pas : une vie à travers des lettres et des journaux intimes. Mikhaïl Boulgakov, trad. par Elisabeth Mouravieff, Paris, Julliard, 1993.

Curtis Julie A.E., Bulgakov’s last decade, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 1987.

Edwards T. R. N., Three Russian Writers and the Irrational : Zamyatin, Pil’nyak and Bulgakov, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 1982.

Gourg Marianne, Mikhaïl Boulgakov (1891-1940). Un maître et son destin, Paris, Robert Laffont, 1992.

Haber Edythe C., Mikhail Bulgakov : the early years, Cambridge, Harvard University Press, 1998

Krivonosov Youri, Chroniques photographiques de la vie et de l’oeuvre de Mikhaïl Boulgakov, trad. par Benoît Gascon, Longueuil, Kéruss, 2007.

Ksiazenicer-Matheron Carole, Les temps de la fin : Roth, Singer, Boulgakov, Paris, Honoré Champion, 2006.

Milne Lesley, Mikhail Bulgakov. A Critical Biography, Cambridge, Cambridge University Press, 1990.

Natov Nadine, Mikhail Bulgakov, Boston, Twayne, 1985.