Ambrose Bierce aux éditions Sillage :
Ambrose Gwinett Bierce naît le 24 juin 1842 à Horse Cave Creek dans le comté de Meigs (Ohio). Il est le dernier d’une fratrie de dix enfants. Son père, Marcus Aurelius Bierce, est un calviniste intransigeant et un amateur de Byron.
Lorsque la guerre de Sécession éclate, Bierce, âgé de dix-neuf ans, s’engage dans le neuvième régiment de volontaires de l’Indiana. Il y gagne la réputation d’un excellent soldat et est promu officier dans l’état-major du général Hazen. Sa carrière militaire s’interrompt le 23 juin 1864, lors de la bataille de Kenesaw Mountain, au cours de laquelle il est blessé à la tête. Bierce est démobilisé quelques mois plus tard.
Après avoir été douanier dans l’Alabama, il émigre en Californie en 1866. À San Francisco, il devient le protégé de James T. Watkins, rédacteur en chef du News-Letter & California Advertiser. Quand Watkins émigre à New York, Bierce le remplace au poste de rédacteur en chef – il n’a alors que 26 ans. Il s’épanouit dans ce milieu aux mœurs parfois violentes (à telle enseigne qu’il ne tarde pas à porter un revolver sur lui) et est bientôt reconnu comme la plume la plus acérée de l’Ouest.
En 1871, année de son mariage avec Mary Ellen Day, Bierce publie sa première nouvelle, La Vallée hantée, dans l’Overland Monthly (où paraîtront plus tard les premiers récits de Jack London). Il s’installe l’année suivante en Angleterre où il travaille pour la rédaction londonienne du Fun et fréquente les salons littéraires, sans y être toujours apprécié. C’est à Londres qu’il gagne le sobriquet de Bitter Bierce, « Bierce l’amer », et que naît la légende de disciple du diable qui lui restera attachée.
De retour en Californie en 1874, après avoir été brièvement chercheur d’or dans les « Collines noires » du Dakota, il connaît une période sombre, marquée par des difficultés financières, la mort d’un de ses fils au cours d’un duel et la rupture avec son épouse qui le quitte en 1891, fatiguée de son tempérament acrimonieux, de ses infidélités et de son penchant pour l’alcool. En 1901, son second fils, alcoolique et phtisique, décède à son tour.
En 1887, alors qu’il est rédacteur au journal Wasp qui publie les premières définitions de son futur Dictionnaire du diable, publié en 1906, il fait la rencontre de William Randolph Hearst, propriétaire du San Francisco Examiner. C’est le début d’une collaboration de vingt ans, émaillée de disputes et de démissions. Dans ses articles, Bierce s’en prend avec virulence aux ecclésiastiques hypocrites, aux politiciens corrompus, aux mauvais poètes et aux actrices aux mœurs légères. Ses diatribes, habilement aiguillées par Hearst, s’étendent aux féministes, aux socialistes, aux syndicalistes, aux athées, mais aussi aux écrivains régionalistes, aux ministres de tous les cultes ; immanquablement il finit par s’attirer de nombreuses inimitiés.
Il consacre également beaucoup de son temps à son activité de nouvelliste. Il collige ses écrits dans différents recueils : Au cœur de la vie. Histoires de soldats et de civils en 1891, suivi par De telles choses sont-elles possibles ? et Histoires négligeables en 1893.
En 1896, devenu persona non grata à l’Ouest, Bierce part pour la côte Est. Il entre au service de Hearst à Washington et devient le correspondant de l’American de New York. Après ses Contes fantastiques (1899), il fait publier ses œuvres complètes entre 1909 et 1912 par un ami éditeur, l’excentrique Walter Neale.
En 1913, Bierce rompt avec Hearst et avec son frère Albert, son dernier soutien. Âgé de 71 ans, alcoolique, asthmatique, il se rend au Mexique, alors plongé dans la guerre civile, avec l’intention de se joindre à l’armée de Pancho Villa. Il disparaît après avoir écrit une dernière lettre dans laquelle il affirme son désir de trouver la mort sur le front. La fin de sa vie reste énigmatique.