Joris-Karl Huysmans

Joris-Karl Huysmans aux éditions Sillage:

huysmans1848 : Naissance de Charles-Marie-Georges Huysmans (devenu Joris-Karl lors de son entrée en littérature), le 5 février, à Paris. Héritier d’une longue lignée de peintres flamands, son enfance est assombrie par la mort de son père en 1856, suivie quelques mois plus tard du remariage de sa mère, Malvina, avec Jules Og, homme d’affaires protestant.

1866 : Au terme de sa scolarité au lycée Saint-Louis, Huysmans passe son baccalauréat en candidat libre, puis s’inscrit à la Faculté de Droit. En avril, il est engagé comme employé de sixième classe au ministère de l’Intérieur et des Cultes, où il accomplira l’essentiel de sa carrière de fonctionnaire.

1870 : D’abord enrôlé dans le 6e bataillon de la Garde Nationale mobile de la Seine, il est ensuite affecté au Ministère de la Guerre, qu’il suivra à Versailles pendant la Commune.

1871 : Il entame la rédaction d’un roman sur le siège de Paris (où il se réinstalle pendant l’été). Ce projet, intitulé La Faim, ne sera jamais mené à bien.

1874 : Après un refus de P.-J. Hetzel, Huysmans publie chez Dentu, à compte d’auteur, un premier recueil de poèmes en prose, Le Drageoir à épices (réédité l’année suivante sous le titre Le Drageoir aux épices) qui reçoit un accueil favorable de la critique.

1876 : Mort de sa mère. Huysmans est muté au ministère de l’Intérieur et des Cultes. Redoutant la censure, il publie Marthe, histoire d’une fille à Bruxelles, où il rencontre Camille Lemonnier et Théodore Hannon. À l’invitation de Zola, il se joint au groupe des Cinq (Alexis, Céard, Hennique, Maupassant, Zola).

1877 : Avant la publication de Sac au dos en feuilleton, Huysmans fait paraître une étude sur Émile Zola et L’Assommoir. Il participe à la soirée qui réunit le groupe des Cinq, Edmond de Goncourt et Flaubert, pour un dîner chez Trapp.

1879-1880 : Les Sœurs Vatard, dédié à Zola, est édité chez Charpentier. Malgré un accueil mitigé dans la presse, le livre remporte un petit succès populaire. Suivent Les Soirées de Médan, volume collectif dans lequel Huysmans reprend Sac au dos et les poèmes en prose des Croquis parisiens.

1881 : Publication de En ménage chez Charpentier, roman dédié à Anna Meunier, une couturière dont il avait fait peu ou prou sa maîtresse depuis 1872. Souffrant de névralgies, Huysmans passe l’été à Fontenay-aux-Roses, puis séjourne au château de Lourps, lieu de convalescence dont il s’inspirera pour À rebours.

1882 : Publication de À vau-l’eau, à Bruxelles.

1883 : Huysmans publie L’Art moderne chez Charpentier. Il y salue des peintres encore méconnus comme Cézanne, Degas, Seurat, Pissaro ou Redon.

1884 : À rebours est édité chez Charpentier. Huysmans sort de l’ombre de Zola et s’attire les louanges de ses pairs, parmi lesquels Mallarmé, Bloy, Maupassant ou Lorrain. Barbey d’Aurevilly prédit à Huysmans le même destin qu’à Baudelaire en son temps : « la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix ».

1886 : En Rade est publié en feuilleton, dans La Revue indépendante d’Édouard Dujardin. Édition revue et augmentée des Croquis parisiens.

1889 : Mort de Villiers de l’Isle-Adam, dont Huysmans devient, avec Mallarmé, l’exécuteur testamentaire. Par l’intermédiaire de Rémy de Gourmont, Huysmans rencontre Berthe Courrière, une aventurière qui approfondit son initiation à l’occultisme, entreprise l’année précédente aux côtés d’Henriette Maillat, amie du « Sâr » Péladan et de Léon Bloy. En septembre, il se rend à Tiffauges, au château de Gilles de Rais. Il fait publier chez Stock un recueil d’articles sur l’art, intitulé Certains.

1890 : Publication de La Bièvre. Huysmans rencontre à plusieurs reprises l’abbé Boullan, un prêtre interdit, et s’intéresse aux activités « sataniques » d’un chanoine belge, l’abbé Van Haeke.

1891 : Là-bas est publié en feuilleton, puis en volume. Le roman est violemment attaqué par Léon Bloy, avec lequel Huysmans est en froid depuis l’année précédente. Huysmans reçoit les visites de Paul Valéry, André Gide, Arthur Symons, et entre en relation avec l’abbé Mugnier, qui devient son directeur de conscience, responsabilité dont il chargera un an plus tard l’abbé Ferret. Après un pélerinage à La Salette, puis à la Grande Chartreuse, il séjourne chez l’abbé Boullan.

1892-1900 : Huysmans multiplie les retraites religieuses. Il se rend à la trappe de Notre-Dame d’Igny, à l’abbaye de Saint-Wandrille, à Paray-le-Monial, à l’abbaye de Fiancey, à l’abbaye de Solesmes et à Saint-Maur de Glanfeuil. Il voyage également en Belgique et en Hollande, sur les traces de sainte Lydwine de Schiedam. En 1898, il se retire de la fonction publique pour venir vivre près du monastère de Ligugé et commence son noviciat d’oblat. Sur le plan littéraire, il publie En Route (1895), chez Stock, quelques jours après la mort d’Anna Meunier, et La Cathédrale (1898) ; le 6 avril 1900, il préside la première réunion de l’Académie Goncourt.

1901 : Sous l’effet des lois Combes, entérinant la séparation de l’Église et de l’État, les moines doivent quitter Ligugé et Huysmans, oblat depuis mars, s’installe de nouveau à Paris, dans une annexe du couvent des bénédictines. Publication de Sainte Lydwine de Schiedam.

1902 : Apparition des premiers symptômes du cancer qui l’emportera.

1903 : Voyage à Lourdes et publication de L’Oblat.

1905 : Publication de Trois primitifs, chez Vanier-Messein.

1906 : Diagnostic du cancer de la mâchoire. Huysmans choisit de ne rien faire pour soulager d’atroces douleurs, conformément à ses convictions religieuses. Publication des Foules de Lourdes.

1907 : Joris-Karl Huysmans meurt le 11 mai. Son corps est inhumé au cimetière du Montparnasse, dans le caveau familial.


Bibliographie

 

Éditions de En ménage 

En ménage, Paris, Charpentier, 1881.
En ménage, Paris, H. Jonquières, 1923, illustré par E. Jodelet.
En ménage, Paris, 10/18, 1987, préface d’Hubert Juin.
En ménage, Genève, Droz, 2005. Édition critique de Gilles Bonnet.

Œuvres

Œuvres complètes, Lucien Descaves (éd.), Paris, Crès, 1928-1934, 23 vol. (En ménage est publié dans le vol. IV).
Romans, Pierre Brunel (dir.), Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2005-2007, 2 vol.

Correspondance

Lettres inédites à Émile Zola, Pierre Lambert (éd.), Genève/Lille, Droz/Giard, 1953.
Lettres inédites à Edmond de Goncourt, Pierre Lambert (éd.), Paris, Nizet, 1956.
Lettres inédites à Camille Lemonnier, Gustave Vanwelkenhuyzen (éd.), Genève/Paris, Droz/Minard, 1957.
Lettres inédites à Jules Destrée, Gustave Vanwelkenhuyzen (éd.), Genève/Paris, Droz/Minard, 1967.
Léon Bloy, J.-K. Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam : Correspondance à trois, Daniel Habrekorn (éd.), Vanves, Thot, 1980 ; rééd. 2003.
Lettres à Théodore Hannon, Pierre Cogny et Christian Berg (éds.), Saint-Cyr-sur-Loire, Christian Pirot, 1985.
Correspondance Jean Lorrain, Éric Walbecq (éd.), Tusson, Du Lérot, 2004.

Le Bulletin de la Société Joris-Karl Huysmans propose une recension complète de la correspondance dans son n° 84 (1994).

Études sur Huysmans

Bloy, Léon, Sur la tombe de Huysmans, Paris, Collection des Curiosités littéraires, 1913 (repris dans Sur Huysmans, Bruxelles, Éditions Complexe, 1986).
Mugnier, Abbé, J.-K. Huysmans à La Trappe, Paris, Le Divan, 1927.
Valéry, Paul, Durtal, ou les points d’une conversion, Paris, Marcel Sénac, 1927.
Valéry, Paul, Huysmans, Paris, Marcel Sénac, 1927.
Valéry, Paul, « Souvenir de J.-K. Huysmans » , in Variété II, Paris, Gallimard, 1929.
Cressot, Marcel, La Phrase et le vocabulaire de J.-K. Huysmans [1938], Genève, Slatkine Reprints, 1975.
Descaves, Lucien, Les dernières années de J.-K. Huysmans, Paris, Albin Michel, 1941.
Descaves, Lucien, Deux amis : J.-K. Huysmans et l’Abbé Mugnier, Paris, Plon, 1946.
Cogny, Pierre, J.-K. Huysmans à la recherche de l’unité, Paris, Nizet, 1953.
Baldick, Robert, La Vie de J.-K. Huysmans, traduction de Marcel Thomas, Paris, Denoël, 1958 ; rééd. 1975.
Issacharoff, Michael, J.-K. Huysmans devant la critique en France (1874-1960), Paris, Klincksieck, 1970.
Zayed, Fernande, Huysmans, peintre de son époque, Paris, Nizet, 1973.
Borie, Jean, Le Célibataire français, Paris, Sagittaire, 1976.
Borie, Jean, Huysmans : Le Diable, le célibataire et Dieu, Grasset, 1991.
Jourde, Pierre, Huysmans, À rebours : l’identité impossible, Paris, Honoré Champion, 1991.
Peylet, Gérard, J.-K. Huysmans, la double quête : vers une vision synthétique de l’œuvre, L’Harmattan, 2000.
Interviews, Jean-Marie Seillan (éd.), Paris, Honoré Champion, 2002.
Bonnet, Gilles, L’Écriture comique de J.-K. Huysmans, Paris, Honoré Champion, 2003.
Buisine, Alain, Huysmans à fleur de peau, Artois Presses Université, 2004.
Locmant, Patrice, J.-K. Huysmans : le forçat de la vie, Paris, Bartillat, 2007.

Ouvrages collectifs

Bulletin de la Société Joris-Karl Huysmans (99 numéros depuis mars 1928).
1907-1957, Numéro spécial sur J.-K. Huysmans, Cahiers de la Tour Saint-Jacques, n° 10, mai-juin 1957.
J.-K. Huysmans, Cahiers de la Tour Saint-Jacques, Paris, H. Roudil, n°VIII, 1963.
Huysmans, Pierre Brunel et André Guyaux (éds.), Cahiers de l’Herne, n° 47, 1985.
Huysmans : une esthétique de la décadence, Actes du colloque de Mulhouse, Bâle et Colmar [1984], André Guyaux, Christian Heck et Robert Kopp (éds.), Paris, Honoré Champion, 1987.
Huysmans à côté et au-delà, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, Jean-Pierre Bertrand, Sylvie Duran et Françoise Grauby (éds.), Paris, Vrin, 2001.
J.-K. Huysmans / Villiers de l’Isle-Adam, Europe, n° 916-17, août-septembre 2005.

Études sur En ménage

Dubois, Jacques, « Condition littéraire et marché sexuel dans En ménage. », in Huysmans à côté et au-delà, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, Paris, Vrin, 2001.

Des bibliographies plus exhaustives et divers documents d’études pourront être consultés sur le site internet de Brendan King (auteur d’une thèse sur Huysmans et traducteur de certains de ses textes en anglais), http ://www.huysmans.org, et sur le site officiel de la Société J.-K. Huysmans, http://www.societe-huysmans.paris-sorbonne.fr.