Jules Renard aux éditions Sillage :
1864 : Le 22 février, naissance de Pierre-Jules Renard à Châlons-du-Maine, en Mayenne. Son père, François Renard, est entrepreneur en bâtiment, sa mère, Anna-Rosa Colin, fille d’un quincaillier. Jules Renard est le dernier de trois enfants.
1866 : La famille emménage dans la Nièvre, à Chitry-les-Mines. François Renard, originaire de ce village, en deviendra maire.
1875-1881 : Jules Renard est élève au lycée de Nevers, en même temps que pensionnaire à l’Institution Saint-Louis.
1881 : Il arrive à Paris, à dix-sept ans, et entre au lycée Charlemagne.
1883 : Il obtient son baccalauréat. Renonçant à préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure, il débute dans la carrière des lettres. Il cherche une situation, lit, écrit, fréquente cafés littéraires et salons.
1884 : Le Gil Blas et La Presse publient ses premiers articles. Il rencontre Rachilde, qui aide à le faire connaître, et entame une liaison de plusieurs années avec Danièle Davyle, pensionnaire de la Comédie-Française.
1885 : En novembre, début d’une année de service militaire à Bourges.
1886 : Il publie une plaquette de vers, Les Roses, à compte d’auteur, probablement grâce au soutien financier de Danièle Davyle. Il publie quelques articles, occupe des emplois modestes ; sa situation financière est très difficile.
1887 : Le romancier Auguste Lion en fait le précepteur de ses enfants, mais aussi son nègre. En août, le couple Galbrun l’invite à Barfleur, dans la Manche. Ils seront les Vernet de L’Écornifleur. Là-bas, Jules Renard commence à travailler au roman Les Cloportes (qui paraîtra à titre posthume). Il note cette année-là les premières lignes de son journal.
1888 : Le 18 avril, Jules Renard épouse Marie Morneau, âgée de 17 ans. Jeune fille riche, elle est la « Marinette » à qui est dédié L’Écornifleur. Le couple s’installe au 44, rue du Rocher, dans l’appartement de la mère de son épouse. Une cohabitation difficile débute. De septembre à décembre, il est de nouveau précepteur des enfants Lion, avant d’être renvoyé. En octobre il publie à compte d’auteur un recueil de nouvelles, Crimes de village.
1889 : Lors de la fondation du Mercure de France par Vallette, Renard, qui achète six parts sur vingt-cinq, est le principal actionnaire. Naissance de son fils Jean-François Renard.
1890-1891 : Sa carrière littéraire est lancée : il publie des articles de critique et divers textes dans Le Mercure de France. Il passe l’été avec sa femme et son fils à Barfleur, où il commence la rédaction de L’Écornifleur. En octobre paraît Sourires pincés, recueil de textes publiés au Mercure qui rencontre un grand succès critique. Renard se lie avec Lucien Descaves, Courteline, Allais, Schwob, Rostand, Tristan Bernard. Il entre au comité de lecture du Théâtre d’Art, fondé par Paul Fort, et collabore à divers journaux.
1892 : L’Écornifleur paraît en février chez Ollendorff grâce à l’intervention de Schwob et reçoit un bon accueil critique. En mars naît Julie-Marie Renard. Collaboration au Journal, à L’Écho de Paris, au Figaro. Il fait la connaissance de Verlaine et de Claudel, gagne en notoriété, fréquente les dîners du Paris littéraire.
1893 : Coquecigrues paraît en février chez Ollendorff et, chez le même éditeur, en juin, La Lanterne sourde – les deux ouvrages, tout comme Sourires pincés, sont des recueils de chroniques parisiennes ou villageoises.
1894 : En mai, la famille s’installe à Maisons-Laffitte. Parution du Vigneron dans sa vigne au Mercure de France et de Poil de carotte chez Flammarion. Il rencontre Toulouse-Lautrec, Anatole France et entame une collaboration avec La Revue blanche des frères Natanson.
1895 : Jules Renard loue une maison à Chaumot, tout près de Chitry : la Gloriette. En novembre la pièce La Demande, écrite avec Georges Docquois, est jouée à l’Odéon. Renard fréquente de plus en plus le théâtre.
1896 : En mars paraissent les Histoires naturelles et, en mai, La Maîtresse. Jules partage désormais sa vie – et son œuvre – entre Paris et la campagne nivernaise, qui fournit la matière de ses romans et recueils de textes.
1897 : En mai, la première de sa pièce Le Plaisir de rompre, avec Jeanne Granier, remporte un grand succès. Le mois suivant, le père de Jules Renard, gravement malade, se tue d’un coup de fusil. Très marqué par ce geste, l’écrivain note dans son journal, le 26 juin : « Je serais un coupable et un sot si je ne savais pas dégager de cette mort la leçon qu’elle nous donne. » Il passe l’été à Chaumot, où il chasse beaucoup et règle des questions de succession.
1898 : En février, Zola est condamné suite à la publication de « J’accuse » en une de L’Aurore. Renard prend le parti des dreyfusards. Il publie, en mai, les Bucoliques chez Ollendorff.
1899 : Vingt-deux Histoires naturelles paraissent chez Henri Floury avec des illustrations de Toulouse-Lautrec. Il publie sa pièce Le Pain de ménage chez Ollendorff. En avril, Tristan Bernard lui dédie ses Mémoires d’un jeune homme rangé.
1900 : Son frère Maurice meurt le 22 janvier. En mars a lieu la première triomphale de la pièce Poil de carotte. Le 6 mai, Jules Renard est élu conseiller municipal de Chaumot. Après une longue campagne, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il forme, avec Capus, Bernard et Lucien Guitry, le groupe des « Mousquetaires », qui se réunissent à déjeuner une ou deux fois par semaine chez ce dernier.
1902 : Il travaille sur Monsieur Vernet, pièce tirée de L’Écornifleur. Sa pièce Le Plaisir de rompre est jouée à la Comédie-Française. Début de sa collaboration à L’Écho de Clamecy, où il publie des articles qui reflètent ses convictions laïques et républicaines.
1904 : Il publie un récit dans le premier numéro de L’Humanité. Le 15 mai, il devient maire de Chitry. Ses comédies sont rassemblées dans un volume publié chez Ollendorff. Flammarion publie une nouvelle édition des Histoires naturelles, avec des illustrations de Bonnard.
1905 : Il commence à se lasser de Paris. Il fréquente de plus en plus les socialistes, notamment Jaurès et Blum.
1906 : Il passe les deux tiers de l’année à Chitry. Maire très actif, il multiplie les discours et conférences, et s’investit dans diverses campagnes électorales. Il publie Huit jours à la campagne chez Jules Rouff.
1907 : Ravel met en musique les Histoires naturelles. Renard, indifférent, n’accompagne pas sa femme et sa fille à la première. Il passe moins de temps dans la Nièvre, accaparé par une chronique de critique dramatique au Messidor, qu’il a acceptée suite à des ennuis d’argent. Il est élu le 1er novembre à l’académie Goncourt au fauteuil de Huysmans, ce qui lui permet d’abandonner sa rubrique au Messidor.
1908 : Jules Renard est réélu maire de Chitry en mai. Il publie des textes dans Paris-Journal. Parution de Ragotte, qui conte la vie de ses domestiques.
1909 : Il souffre de malaises cardiaques. Sa femme tombe également malade. Sa mère, devenue sénile, se noie dans un puits. Sa pièce La Bigote, très anti-religieuse, suscite de vives réactions. Renard revend ses parts du Mercure après la parution d’un article dans lequel il est attaqué par Rachilde. Il se sent très las physiquement.
1910 : Son état de santé se dégrade très rapidement. Il meurt le 22 mai, rue du Rocher. Son enterrement (civil) a lieu le 24 à Chitry.
Repères bibliographiques
Éditions de L’Écornifleur
L’Écornifleur, Paris, Ollendorff, 1892.
L’Écornifleur, Paris, Ollendorff, 1904, nouvelle édition, dessins de Ch. Huard gravés sur bois par Lemoine. Cette dernière édition, douze années après la première, contient de très nombreuses variantes de détail relevées par Léon Guichard dans l’édition des Œuvres de Jules Renard parue dans la Bibliothèque de la Pléiade. C’est le texte retenu par les éditions modernes.
Œuvres
Œuvres complètes, Henri Bachelin éd., Paris, Bernouard, 17 vol., 1925-1927 (L’Écornifleur est publié dans le tome II).
Journal (1887-1910), Léon Guichard et Gilbert Sigaux éd., Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1960.
Œuvres, Léon Guichard éd., Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2 vol., 1970-1971.
Correspondance
Correspondance, introduction et notes de Léon Guichard, Paris, Flammarion, 1953.
Lettres inédites, 1883-1910, recueillies et annotées par Léon Guichard, Paris, Gallimard, 1957.
Lettres retrouvées : 1884-1910, édition préfacée et annotée par Jean-François Flamant, Paris, Le Cherche-midi, 1997.
Études sur Jules Renard
Guichard, Léon, L’Œuvre et l’âme de Jules Renard, thèse de doctorat, Paris, Nizet et Bastard, 1935.
Nardin, Pierre, La Langue et le style de Jules Renard, Paris, Droz, 1942.
Pollitzer, Marcel, Jules Renard. Sa vie. Son œuvre, Paris, La Colombe, 1956.
Schneider, Pierre, Jules Renard par lui-même, Paris, Le Seuil, 1956.
Zeyons, Serge, Monsieur Poil de carotte, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1976.
Toesca, Maurice, Jules Renard, Paris, Albin Michel, 1977.
Autrand, Michel, L’Humour de Jules Renard, thèse de doctorat, avec une préface de Léon Guichard, Paris, Klincksieck, 1978.
Chagny-Sève, Anne-Marie (éd.), Jules Renard : actes du colloque tenu à Nevers, 8-10 juin 1990, Nevers, Conseil général de la Nièvre, 1991, comprenant notamment une allocution de François Mitterrand ainsi que des interventions de Pierre Brunel, Michel Autrand, Henry Bouillier et Jean Tulard.
À signaler également, La Revue des Amis de Jules Renard, Chitry-les-Mines, Les Amis de Jules Renard, premier volume publié en 2000.