Leonid Andreïev aux éditions Sillage :
1871 : Le 9 août, naissance de Léonid Nikolaïevitch Andreïev à Orel en Russie. Son père est un riche arpenteur. Lecteur précoce, l’enfant se passionne notamment pour l’œuvre de Charles Dickens ; il pratique la peinture, le théâtre, aime le sport.
1882 : Scolarité au collège d’Orel. Depuis 1880, le garçon tient un journal intime auquel il confie ses questionnements métaphysiques et ses tourments amoureux. Il découvre Nietzsche, Hartmann, Schopenhauer et Tolstoï. Comme son père avant lui, Andreïev prend l’habitude de boire. À dix-huit ans, il fait une première tentative de suicide en se jetant entre les rails d’une voie ferrée, au passage d’un train, après avoir noté dans son journal : « Si je reste en vie, c’est que la vie a un sens ; si le train m’écrase, eh bien, ce sera la volonté de la providence. »
1889 : La mort de son père plonge la famille dans une situation financière très délicate.
1892 : Entrée à la faculté de droit de Saint-Pétersbourg. L’alcoolisme du jeune homme s’aggrave. Il publie ses premiers textes dans une revue pétersbourgeoise.
1894 : Seconde tentative de suicide après un échec amoureux. Sans ressources, Andreïev est contraint de quitter la faculté de Saint-Pétersbourg pour celle de Moscou, mais sa situation ne s’améliore guère, ayant sa famille à charge. Il occupe un emploi de précepteur, tire des portraits photographiques et effectue divers travaux manuels.
1897 : Après avoir réussi ses examens, Andreïev se lance dans une carrière d’avocat. Sous le pseudonyme de James Lynch, il publie des chroniques et des satires dans Le Courrier et La Gazette de Moscou, traitant des sujets les plus divers.
1898 : Parution de Bargamot i Garas’ka (Bargamot et Garaska), hommage au Conte de Noël de Charles Dickens. Frappé par le style peu conventionnel du jeune auteur, Gorki l’introduit dans les milieux littéraires, lui permettant notamment de rencontrer Tchékhov et Korolenko.
1901 : Parution de son premier recueil de nouvelles. Mikhaïlovski, le grand critique populaire de l’époque, est enthousiaste. L’ouvrage rencontre un succès immédiat.
1902 : Andreïev épouse Alexandra Veligorskaïa. La même année, naissance de son premier fils Vadim. Sa nouvelle Zaliv (Le Gouffre), qui raconte la descente aux enfers d’un jeune homme dont la fiancée a été violée et tuée par des bandits, provoque une vague d’indignation. La comtesse Sophie Tolstoï accuse l’auteur de « pornographie », mais celui-ci reçoit de très nombreuses lettres de soutien.
1904 : Krasnyi Smekh (Le Rire rouge), récit dénonçant les atrocités de la guerre russo-japonaise.
1905 : Après avoir accueilli dans son appartement une réunion du parti social-démocrate, Andreïev est jeté en prison. Bien que sa détention soit de courte durée, ses convictions révolutionnaires s’affirment au contact de ses codétenus.
1906 : Pour échapper aux menaces de mort lancées par les Centuries Noires, groupe contre-révolutionnaire très actif, Andreïev voyage en Allemagne, en Suisse et en Suède. Naissance de son fils Daniel. Sa femme meurt la même année, victime d’une infection.
1907 : Estimant que la révolte des masses ne peut aboutir qu’à de lourdes pertes, Andreïev se détache de son engagement révolutionnaire. Ses pièces Savva et Zizn cheloveka (La Vie de l’homme) contribuent à le faire connaître et apprécier hors des frontières russes.
1908 : Brouille avec son ami Gorki, qui lui reproche son pessimisme et l’accuse de faire l’apologie de la trahison dans sa nouvelle Judas Iscariote. L’auteur s’installe à Vammelsuu, dans l’actuelle Finlande, dans une villa qu’il baptise Avance – il l’a faite construire grâce à une avance consentie par son éditeur. Il épouse en secondes noces Anna Dénissévitch ; de cette union naîtront Savva (1909), Véra (1910) et Valentin (1912).
1910 : Parution de Mysl’ (La Pensée).
1912 : La pensée d’Andreïev continue d’évoluer, ce dont témoigne son roman Sachka Yegulev, où il qualifie la révolution de « soulèvement primitif et destructeur ». Sortie de la pièce Ekatérina Ivanovna, qui relate le destin d’une femme injustement accusée d’adultère par son mari.
1914 : Andreïev voit dans le conflit qui s’engage un nouveau départ pour l’humanité. Première de sa pièce Korol’ zakon i svoboda, appel à soutenir l’effort de guerre contre l’Allemagne. Il écrit dans son journal : « La défaite de l’Allemagne est nécessaire ; c’est une question de vie ou de mort, non seulement pour la Russie mais aussi pour les pays européens. La défaite de l’Allemagne sera la défaite de la réaction paneuropéenne et le début d’un cycle révolutionnaire. »
1915 : La pièce Tot, kto polucaet posceciny (Celui qui reçoit des gifles) triomphe à Moscou et Saint-Pétersbourg.
1916 : Sortie de Igo vojny (Le Joug de la guerre), son dernier roman achevé.
1917 : Après la Révolution bolchevique de février, Andreïev entre au comité éditorial du journal réactionnaire Russkii. À la fin de l’année, la Finlande obtient son indépendance et Andreïev peut être considéré comme un écrivain en exil.
1919 : Dans un article intitulé S.O.S ! (Au secours !), Andreïev demande l’intervention des Anglais et des Français pour renverser le gouvernement bolchevique. Le 12 septembre, il meurt d’un arrêt cardiaque, conséquence lointaine de complications nées de sa tentative de suicide de 1894. Il est inhumé à Kuokkala. Après la mort de Staline, sa dépouille sera transférée à Leningrad, dans l’Allée des Poètes.
Repères bibliographiques
Les Sept pendus (Rasskaz o semi poveshennykh) fut initialement publié dans le cinquième numéro de la revue Literaturno-hudojestvennyj Almanah, aux Éditions Shipovnik, à Saint-Pétersbourg, en mai 1908.
Quatre traductions françaises de ce texte ont paru :
Les Sept Pendus, in Les Sept Pendus. La Vie d’un pope, trad. de Serge Persky et Albert Touchard, Paris, Fasquelle, 1911.
Les Sept Pendus, in Les Sept Pendus et autres récits, trad. d’Adèle Bloch et Nathalie Reznikoff, Paris, Gallimard, 1970.
Les Sept Pendus, trad. de Dany Savelli, préface de Katia Dmitrieva, postface de Maxime Gorki, Paris, Autrement, 1995.
Les Sept Pendus, trad. de Sophie Benech, in Judas Iscariote et autres récits, Paris, José Corti, 2000, traduction reprise dans le présent volume.
Œuvres en russe
Polnoe Sobranie Sochineni [Œuvres complètes], Moscou, Khoudojestvennaïa Literatoura, 1990-1996 (6 vol.).
Dramaticeskie Proizvedeniâ [Théâtre], Saint-Pétersbourg, Skusstvo, 1989 (2 vol.).
Traductions françaises
L’œuvre narrative complète de Léonid Andreïev a été traduite par Sophie Benech et publiée aux Éditions José Corti, dans une édition en cinq volumes :
Le Gouffre et autres récits, 1998.
Dans le brouillard et autres récits, 1999.
Judas Iscariote et autres récits, 2000.
Jour de colère et autres récits, 2001.
Le Journal de Satan et autres récits, 2002.
Articles
Au secours !, sans mention de traducteur, Paris, Impr. Union, 1919.
Théâtre
Catherine Ivanovna, sans mention de traducteur, in La Vie de l’homme. Catherine Ivanovna, Paris, La Librairie théâtrale, 1930 ; nouvelle traduction sous le titre Ekatérina Ivanovna, par André Markowicz, Paris, José Corti, 1999.
La Neige et la Nuit : Anfissa. Pièce en quatre actes, adaptation de Pierre Gaspard-Huit, Paris, La Librairie théâtrale, 1992.
Vers les étoiles : drame en quatre actes, trad. d’André Markowicz, Paris, José Corti, 1998.
La Vie de l’homme : pièce en 5 tableaux, trad. d’Ilia Halpérine-Kaminsky, in Revue Akademos, Paris, octobre 1909 ; autre édition, sans mention de traducteur, in La Vie de l’homme. Catherine Ivanovna, Paris, La Librairie théâtrale, 1930.
Deux autres des pièces de Léonid Andreïev furent jouées en France, mais leurs traductions n’ont jamais été publiées :
Celui qui reçoit des gifles : comédie en 4 actes, jouée au Grand Théâtre Moncey, à Paris, en 1921, dans une adaptation de Ludmilla et Georges Pitoëff, mise en scène de Georges Pitoëff.
Le Roi faim, jouée au théâtre Récamier, à Paris, en 1967, dans une adaptation d’Hélène Châtelain, mise en scène par Pierre Debauche.
Correspondance (en anglais)
Letters of Gorky and Andreev, trad. de Lydia Weston, New York, Columbia University Press, 1958.
Photographie
L’ouvrage d’Olga Andreyev Carlisle et de Richard Davies, Les Destins de Leonid Andreyev : photographies d’un écrivain russe, est construit autour de reproductions des photographies d’Andreïev (trad. de Jeanne Bouniort, Paris, Adam Biro, 1989).
Études critiques
Genevray Françoise, « Le condamné à mort chez Victor Hugo et Leonid Andreev : éléments d’un parallèle », L’information littéraire, n° 2, Paris, Les Belles Lettres, 2001, p. 45 à 52.
Gorki Maxime, Reminiscences of Leonid Andreyev, New York, C. Gaige, 1928.
Hutchings Stephen, A Semiotic Analysis of the Short Stories of Leonid Andreev, 1900-1909, Londres, Modern Humanities Research Association, 1990.
Kaun Alexandre, Leonid Andreyev : A Critical Study, New York, Huebsch, 1924.
King Henry Hall, Dostoyevsky and Andreyev : gazers upon the abyss, New York, The Cornell Alumni News Corporation, 1936.
Newcombe Josephine M., Leonid Andreyev, Letchworth, Bradda, 1972.
Peltier-Zamoyska Hélène, « Leonid Andreev et le mal du siècle », in Les Cahiers du monde russe et soviétique, n° 4-3, volume 4, Paris, 1963, p. 205 à 229.
White Frederik H., Memoirs and Madness : Leonid Andreev through the Prism of the Literary Portrait, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2006.
Woodward James, Leonid Andreyev : A Study, Oxford, Clarendon Press, 1969.