Junichirô Tanizaki

Junichirô Tanizaki aux éditions Sillage :

tanizaki1886 : Le 24 juillet, à Tôkyô, naissance de Tanizaki Jun.ichirô, qui sera l’aîné de sept enfants. Ses deux grands-pères sont de riches marchands, mais son père se montre peu doué pour les affaires.

1888 : Mort du grand-père maternel, principal soutien du foyer.

1894 : La situation matérielle de la famille s’étant dégradée à la suite de plusieurs faillites du père, les Tanizaki emménagent dans une maison très modeste.

1897 : Inaba Seikichi, maître d’école du garçon, lui fait découvrir la littérature. Il publie l’année suivante ses premiers écrits dans une revue manuscrite circulant parmi les élèves de son école.

1901 : Entrée au « Premier collège » de Tôkyô. Jun.ichirô participera activement à la revue de l’établissement, où il publiera des poèmes en chinois et divers essais.

1902 : Pour financer ses études, l’adolescent doit travailler au pair pour une riche famille de Tôkyô, les Kitamura.

1905 : En septembre, entrée dans la section de droit anglais du « Premier lycée » – où Sôseki est enseignant.

1907 : Le jeune homme perd sa place après la découverte de sa liaison avec une employée de la maison Kitamura. Il déconseille à son frère Seiji la voie littéraire, qu’il juge trop ardue. Ce dernier poursuivra cependant une carrière d’universitaire et d’essayiste.

1908 : Entrée à l’Université impériale de Tôkyô, où Jun.ichirô entame des études de littérature.

1909 : Deux pièces de théâtre que Tanizaki avait envoyées à des revues sont refusées. Dépression nerveuse.

1910 : En novembre, parution de la nouvelle Le Tatouage. Le jeune auteur se lie avec un groupe d’artistes revendiquant l’influence occidentale. Il est également repéré par Mori Ôgai, chef de file des « romantiques », et par le pire ennemi de celui-ci, Nagai Kafû, alors à la tête du mouvement naturaliste.

1911 : Publication de sa pièce Shinzei, première œuvre qui rapportera de l’argent à Tanizaki. En mars, parution des Jeunes Garçons. Sa sœur Sono décède en juin. Le mois suivant, ne pouvant payer ses frais de scolarité, Tanizaki est mis à la porte de son université. La publication de son récit Tourbillon (non traduit) entraîne l’interdiction de la revue Mita Bungaku en octobre. Le mois suivant, publication du Secret. À la fin d’année, parution du recueil intitulé Le Tatouage.

1912 : Plusieurs grands quotidiens accueillent les écrits du jeune auteur. Sa dépression nerveuse s’aggrave.

1913 : Publication d’un recueil de nouvelles et de deux romans, Potage bien chaud et Le Clan Abe (non traduits). À cette époque, Tanizaki n’a pas de domicile personnel. Il gardera au long de sa vie ces habitudes d’instabilité, déménageant plusieurs dizaines de fois.

1915 : Mariage avec une ancienne geisha, Ishikawa Chiyo.

1916 : Naissance de sa fille, Ayuko. Les problèmes de l’auteur avec la censure se multiplient.

1917 : Mort de sa mère. La vie de couple pèse sur Tanizaki, qui installe sa femme et sa fille chez son père. Il publie quelques textes sur le cinéma dans la revue Shinshôsetsu.

1918 : Séjour dans la station balnéaire de Kugenum. Parution, entre autres récits, de L’Affaire du « Yanagiyu ». Premiers voyages hors du Japon : Corée, Chine et Mandchourie. À son retour, il rejoint sa femme et sa fille chez son père, malade.

1919 : En février, mort de son père. Sa relation de couple se dégrade. Les époux s’installent à Odawara et accueillent la sœur de Chiyo, pour laquelle il semble que Tanizaki ait éprouvé de l’attirance. Parution de Nostalgie de ma mère et d’une traduction de L’Éventail de Lady Windermere, d’Oscar Wilde.

1920 : Tanizaki travaille en tant que conseiller scénariste pour la société Taishô Katsuei.

1921 : Brouille avec l’écrivain Sâto Haruo, qui entretient une liaison avec son épouse. Parution d’une sélection de ses œuvres en cinq volumes.

1922 : Déçu par le peu de succès des films sur lesquels il a travaillé, Tanizaki se tourne vers le théâtre et publie plusieurs pièces, dont Puisque je l’aime. Déménagement à Yokohama.

1923 : Le grand séisme du Kantô, qui dévaste notamment Tôkyô, bouleverse Tanizaki. Il gagne la région du Kansai, où il passera les deux décennies suivantes. À partir de cette date, l’influence de l’occident se fait moins présente dans son œuvre, qui témoigne de sa redécouverte des traditions japonaises.

1924 : Un amour insensé.

1925 : Tanizaki passe l’été dans un monastère.

1926 : Réconciliation avec Satô Haruo.

1927 : L’écrivain rencontre Nezu Matsuko, issue d’une vieille famille du Kansai, qui devient sa muse. Le suicide de son ami Akutagawa Ryûnosuke l’affecte profondément.

1928 : Publication du Goût des orties.

1930 : Les époux Tanizaki divorcent. Il passe quelque temps seul dans un hôtel à Yoshino. Chiyo se remarie avec Satô Haruo.

1931 : L’auteur épouse une journaliste de vingt-quatre ans, Furukawa Tomiko. Ils passent l’été dans un monastère, avant de séjourner dans la résidence secondaire de la famille de Nezu Matsuko. Publication d’Histoire secrète du sire de Musashi.

1932 : Début de sa liaison avec Nezu Matsuko.

1933 : Nouveau divorce. Parution de L’Éloge de l’ombre. Brouille avec son frère Seiji pour des motifs financiers.

1934 : Tanizaki emménage avec Nezu Matsuko, qu’il épouse l’année suivante.

1936 : Le Chat, son maître et ses deux maîtresses.

1939 : Parution de sa version en japonais moderne du Dit du Genji, interdite par la censure.

1942 : Tanizaki achète une résidence secondaire à Atami, à cent kilomètres de Tôkyô.

1943 : Début de la parution en feuilleton de Bruine de neige, interdit par la censure.

1945 : À la fin de la guerre, Tanizaki s’installe à Tôkyô.

1946 : Parution du premier volume de Bruine de neige, qui, enfin autorisé, connaît un grand succès. Les deuxième et troisième volumes paraîtront en 1947 et 1948.

1947 : Rencontre avec l’empereur.

1949 : Tanizaki est décoré de l’ordre du mérite culturel. Début de la publication de La Mère du général Shigemoto.

1953 : Paralysie légère. L’auteur engage une secrétaire à qui il dictera ses textes.

1955 : Années d’enfance.

1956 : La Clef. Le livre crée un grand scandale. Installation définitive dans sa résidence d’Atami.

1957 : Début de la publication de ses Œuvres complètes en trente volumes.

1958 : Tanizaki perd l’usage de sa main droite.

1959 : Le Pont flottant des songes.

1960 : Malade, Tanizaki doit être hospitalisé.

1961 : Le Journal d’un vieux fou.

1964 : Mort de Satô Haruo. Tanizaki lui rend hommage dans plusieurs articles. Il est fait membre d’honneur de l’Académie américaine des Arts et des Lettres.

1965 : Nouvelle hospitalisation. Tanizaki meurt en mai d’insuffisance rénale et cardiaque. Il est incinéré à Odawara.


Repères bibliographiques

 

Le Tatouage (Shisei) fut publié en novembre 1910 dans le troisième numéro de la revue Sinshichô. Trois traductions françaises en furent publiées :
Le Tatouage, trad. par Serge Elisséev, in Japon et Extrême-Orient, numéro de janvier 1924, Paris, E. Bernard.
Le Tatouage, par Madeleine Levy, in Le Promeneur, n° 5, Paris, Le Rhétoricien, 1982.
Le Tatouage, par Marc Mécréant in Tanizaki, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1997. Nous reprenons cette dernière traduction dans la présent volume.

Les Jeunes Garçons (Shônen) fut publié en juin 1911 dans la revue Subaru et fut traduit en français sous le titre Les Jeunes Garçons par Cécile Sakai, in Tanizaki, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1997. C’est cette traduction qui est reprise dans le présent volume.

Le Secret (Himitsu) parut en novembre 1911 dans la revue Chûô kôron. Deux traductions françaises en furent publiées :
Le Secret, par Serge Elisséev, in Le Jardin des pivoines, par Nagai Kafû, suivi de cinq récits d’écrivains japonais contemporains, Paris, Au Sans Pareil, 1927.
Le Secret, par Marc Mécréant in Tanizaki, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1997. C’est cette dernière traduction qui est reprise dans le présent volume.

Œuvres en japonais

Tanizaki Jun.ichirô zenshû, 30 vol., Tôkyô, Chûô kôron-sha, 1981-1983.

Traductions françaises

 

Romans, récits, nouvelles

Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1997-1998, 2 vol.
Vol. 1 : Le Tatouage, Le Kilin, Les Jeunes garçons, Le Secret, Terreur, La Haine, Une mort dorée, Le Meurtre d’O-Tsuya, L’Espion du Kaiser, Visions d’un lit de douleur, La Complainte de la sirène, Morosités d’un hérétique, Les Deux Novices, Le Petit Royaume, Nostalgie de ma mère, Le Pied de Fumiko, Affres d’un jeune garçon, Histoire de A et B, O-Kuni et Gohei, La Source au renard blanc, Un amour insensé, Mumyô et Aizen, Le Professeur Radô, Le Professeur Radô revisité, Histoire de Tomoda et Matsunaga, La Mèche, Le Goût des orties, Yoshino, Le Récit de l’aveugle, Histoire secrète du sire de Musashi, Le Coupeur de roseaux, Shunkin, esquisse d’un portrait, Éloge de l’ombre, Le Chat, son maître et ses deux maîtresses.
Vol. 2 : Bruine de neige, La Mère du général Shigemoto, Années d’enfance, La Clef, Chronique inhumaine, Le Pont flottant des songes, Journal d’un vieux fou.

Ces deux volumes contiennent des textes qui avaient paru dans d’autres traductions, parfois sous un titre différent. Il s’agit de :
Bruine de neige, trad. par Georges Renondeau sous le titre Quatre sœurs, Paris, Gallimard, 1964.
La Clef, trad. par Georges Renondeau sous le titre La Confession impudique, Paris, Gallimard, 1963.
Le Coupeur de roseaux, trad. par Kikou Yamata sous le titre Ashikari, in Deux amours cruelles, Paris, Stock, 1960.
Histoire secrète du sire de Musashi, trad. par René de Ceccaty et Ryôji Nakamura sous le titre La Vie secrète du seigneur de Musashi, Paris, Gallimard, 1987.
Journal d’un vieux fou, trad. par Georges Renondeau, Paris, Gallimard, 1967.
Shunkin, esquisse d’un portrait, trad. par Kikou Yamata sous le titre L’Histoire de Shunkin, in Deux amours cruelles, Paris, Stock, 1960.
Yoshino, trad. par René de Ceccaty et Ryôji Nakamura sous le titre Le Lierre de Yoshino, in La Vie secrète du seigneur de Musashi, Paris, Gallimard, 1987.

Plusieurs récits et nouvelles ne figurent pas dans les deux volumes de la Bibliothèque de La Pléiade. Il s’agit de :

L’Affaire du « Yanagiyu » et autres récits étranges, trad. de Marc Mécréant, Paris, Gallimard, 1991 [contient aussi : La Tumeur à face humaine, L’Or et l’argent, Un drame maudit, Hassan Khan le magicien, Chemin faisant, Monsieur Aozuka].
Autour du pot, trad. par Patrick De Vos, in Europe, n° 871-872, Paris, novembre-décembre 2001.
De la paresse, trad. par Anne Bayard-Sakai, in Cent ans de pensée au Japon, t. 1, Arles, Picquier, 1996.
Svastika, trad. par René de Ceccatty et Ryôji Nakamura, Paris, Gallimard, 1985.

Théâtre

Puisque je l’aime, trad. de S. Asada, H. Yokohama et Charles Jacob, Paris, Émile-Paul Frères, 1925.

Études critiques

Boscaro Adriana, Chambers Anthony Hood (éds), A Tanizaki Feast : The International Symposium in Venice, Ann Arbor, University of Michigan, 1994.
Boscaro Adriana (éd.), Tanizaki in Western Languages : A Bibliography of Translations and Studies, Ann Harbor, University of Michigan, 2000.
Ito Ken Kenneth, Visions of Desire, Tanizaki’s Fictional Worlds, Stanford, Stanford University Press, 1991.
Khatibi Abdelkebir, Ombres japonaises précédé de Nuits blanches, Fontfroide-le-Haut, Fata Morgana, 1988.
Petersen Gwenn Boardman, The Moon in the Water : Understanding Tanizaki, Kawabata and Mishima, Honolulu, University Press of Hawaii, 1979.
Collectif, Tanizaki, Paris, Europe, n° 871-872, novembre-décembre 2001.