Attila Jószef

Attila Jószef aux éditions Sillage :

attila1905 : Attila József naît le 11 février à Ferencváros, faubourg populaire de Budapest, dans un immeuble situé au 3, rue Gát. Il est le troisième enfant d’une famille modeste. Son père, Áron József, est ouvrier savonnier et sa mère, Borbála Pöcze, une ancienne domestique.

1908 : Son père abandonne la famille pour retourner dans sa région natale, la Transylvanie.

1910 : Tombée dans la misère, la mère est contrainte de placer Attila et l’une de ses sœurs dans une famille d’accueil à Öscöd, petit village de la plaine hongroise.

1912 : Revient vivre avec sa mère qui travaille comme blanchisseuse et subvient difficilement aux besoins de ses enfants.

1914 : Fait une première tentative de suicide, à l’âge de neuf ans. La Première Guerre mondiale éclate.

1916 : Écrit le premier poème qui nous soit parvenu, à l’âge de onze ans.

1917 : Sa mère est atteinte d’un cancer de l’utérus. Attila est à nouveau placé dans une famille d’accueil, d’où il s’enfuit.

1919 : Se rend à Szabadszállás, dans le village natal de sa mère, pour y chercher de l’aide. Sa mère meurt avant son retour. Il emménage chez sa sœur Jolán, qui a épousé l’avocat Ödön Makai.

1920 : Se fait employer comme mousse à bord d’un bateau sur le Danube, puis s’inscrit au lycée de Makó, petite ville du sud de la Hongrie.

1921 : Fréquente avec succès le lycée de Makó. Durant ses vacances, travaille comme répétiteur.

1922 : Deuxième tentative de suicide, à la suite d’une déception sentimentale. Publication de son premier recueil, Le Mendiant de la Beauté, préfacé par le poète Gyula Juhász, à Szeged, en décembre.

1923 : Ayant quitté le lycée, passe le baccalauréat en candidat libre. En mai, nouvelle tentative de suicide, sur une voie de chemin de fer, qui échoue ; le train attendu s’est arrêté suite à un autre suicide.

1924 : Accusé, en janvier, de blasphème pour son poème « Le Christ révolté », il est acquitté en raison de son jeune âge. Travaille dans une banque puis, à l’automne, s’inscrit à l’université de Szeged (hongrois, français, philosophie), où il s’avère un étudiant brillant.

1925 : Conflit avec un de ses professeurs suite à la parution de son poème « Cœur pur ». Parution de son deuxième recueil de poèmes : Ce n’est pas moi qui crie. À l’automne, départ pour Vienne, où il s’inscrit à l’université. Rencontre Lajos Kassák, qui dirige la revue d’avant-garde Aujourd’hui, et plusieurs personnalités de l’émigration hongroise, dont György Lukács, qui influeront notamment sur ses opinions politiques. Se lie d’amitié avec l’écrivain Andor Németh et avec le baron Lajos Hatvany, qui deviendra son protecteur.

1926 : Passe l’été chez les Hatvany en Autriche. Avec leur aide, part à l’automne pour Paris, où il s’inscrit à la Sorbonne. Adhère à l’Union anarcho-communiste.

1927 : Parution, dans le numéro de février de la revue française L’Esprit nouveau, de son poème « Ombre pâlotte sous la peau », écrit directement en français et repris plus tard en hongrois dans une version plus aboutie. Il retourne à Budapest, où il réintègre l’université.

1928 : Premières traductions de François Villon. S’éprend de Márta Vágó, fille d’une famille d’intellectuels aisés. Poussée par son père, celle-ci part pour Londres afin d’y poursuivre des études d’économie politique.

1929 : Rupture avec Márta Vágó. Travaille pour une entreprise commerciale, mais victime d’une dépression nerveuse, il doit abandonner son emploi pour entrer en clinique. À sa sortie, il décide de vivre de sa plume. Publication de son troisième recueil, Ni père ni mère.

1930 : Publication de son pamphlet Les Dieux meurent, l’homme vit, dirigé contre le poète Mihály Babits, l’un des directeurs de la revue Occident (Nyugat). Milite au sein du parti communiste clandestin. Rencontre avec Judit Szántó, qui deviendra sa compagne.

1931 : Publication de son recueil Abattre les chênes, bientôt interdit par la censure. Attila est inculpé de tentative de subversion et d’atteinte à la pudeur pour sa traduction de la « Ballade de la Grosse Margot » de Villon. Se voit d’autre part qualifié de « social-fasciste » par la revue littéraire (communiste) des émigrés hongrois de Moscou. Commence une première psychanalyse, avec S. Rapaport.

1932 : Inculpé pour avoir protesté contre l’exécution de deux militants communistes, Imre Sallai et Sándor Fürst. Fonde la revue Réalité. Publication, en octobre, d’un autre recueil « engagé », Nuit du faubourg. Attila renoue avec Mihály Babits.

1933 : Son dernier recueil ayant été vivement critiqué par les intellectuels du parti communiste, Attila József rompt avec celui-ci.

1934 : Quitte Judit Szántó et passe plusieurs mois en province, près de sa sœur Etel. Il y achève son grand poème philosophique, « Éveil ». Publication de La Danse de l’ours, recueil où il intègre, parmi ses derniers poèmes, une sélection d’œuvres déjà parues.

1935 : Commence une seconde psychanalyse avec Edit Gyömröi. À l’automne, il retrouve Márta Vágó.

1936 : En mars, premier numéro d’Arguments, revue littéraire dont Attila József est l’un des rédacteurs en chef. Publie, dans le numéro de mai, un poème pour célébrer le quatre-vingtième anniversaire de Freud. S’éprend de sa psychanalyste Edit Gyömröi. Se sépare définitivement de Judit Szántó. Parution, en décembre, de son dernier recueil, Ça fait très mal.

1937 : Arguments invite Thomas Mann à faire une conférence à Budapest en janvier. À cette occasion, Attila écrit un poème en son honneur mais la police l’empêche d’en donner lecture. Rencontre la très jeune psychologue Flóra Kozmutza en février, dont il ne tarde pas à tomber amoureux. Au printemps, il écrit « Ma patrie ». En juillet, il entre en clinique. Il n’en sortira que le 4 novembre. Il part habiter chez ses sœurs à Balatonszárszó, où elles tiennent une pension. Son état s’aggrave. Le 2 décembre, il reçoit la visite de certains de ses amis venus le réconforter. Le 3 décembre, dans la soirée, il se dirige vers la gare. On l’y retrouvera mort, écrasé par un train de marchandise en partance. La thèse du suicide est la plus généralement admise.


Repères bibliographiques

 

Le recueil Nincsen apám se anyám (Ni père ni mère) a paru pour la première fois en 1929, à Budapest, aux éditions Génius.
Bon nombre des poèmes qui le composent ont paru en français dans des anthologies ou des revues à partir des années 1940.
Il a paru en français de façon quasi-exhaustive pour la première fois dans le recueil Aimez-moi : l’œuvre poétique, (Paris, Phébus, 2005). La version française de Ni père ni mère y est due à une quinzaine de traducteurs et d’adaptateurs dont le travail a été compilé pour l’occasion.
La présente traduction est la première tentative de retranscription en français de l’intégralité d’un recueil d’Attila Jószef.

Œuvres en français

L’essentiel de l’œuvre poétique d’Attila József a été publié en français dans le recueil : Aimez-moi : l’œuvre poétique, Paris, Phébus, 2005. Les éditeurs, Jean-Pierre Sicre et Georges Kassai, ont repris, quand elles existaient, des traductions ou adaptations déjà parues de poèmes de l’auteur, et ont fait traduire ceux qui ne l’avaient jamais été, recomposant ainsi les recueils hongrois originaux. Le volume comprend : Poèmes de jeunesse (1916-1922), Le Mendiant de la beauté (1922), Ce n’est pas moi qui crie (1925), Poèmes composés entre 1922 et 1927, Ni père ni mère (1929), Abattre les chênes (1931), Nuit du faubourg (1932), La Danse de l’ours (1934), Poèmes composés entre 1928 et 1936, Ça fait très mal (1936), Derniers poèmes (1937), Fragments (sans dates), Écrits intimes (Proses).

Ont paru également :

Poésies (Pour le 40e anniversaire de la naissance d’Attila József), Genève, Éditions Du Continent, 1945.
Poèmes choisis, trad. par Marcel Lallemand, Budapest, Cserépfalvi, 1948.
Hommage des poètes français à Attila József, adapt. par vingt-deux poètes [Paul Éluard, Pierre Abraham, Daniel Anselme, Alain Bosquet, Jean Cayrol, Georges-Emmanuel Clancier, Jean Cocteau, André Frénaud, Guillevic, Loys Masson, etc.] d’après les trad. d’Albert Gyergyai, Claire et Ladislas Gara, Paris, Seghers, 1955.
Poèmes choisis, adapt. par Guillevic, Jean Cocteau, Jean Rousselot, Pierre Abraham, Charles Dobzynski, Alain Bosquet, Pierre Emmanuel, Pierre Seghers, Paul Éluard, Tristan Tzara, Vercors et al., Paris, Éditeurs français réunis, 1961.
Trois époques, trois poètes hongrois, poèmes choisis de Sándor Peto˝fi, Endre Ady, Attila József, trad. par Paul A. Loffler, Bassac, Plein Chant, 1975.
Attila József : sa vie et sa carrière poétique reconstituées à travers ses poèmes, ses confessions, sa correspondance et autres documents de l’époque, Szabolcsi Miklós (éd.), trad. par Pierre Abraham, Daniel Anselme, Erika Bächer, Anne-Marie de Backer et al., Budapest, Corvina, 1978.
Le Miroir de l’autre, trad. par Gábor Kardos, Paris, La Différence, 1997.
Complainte tardive, poèmes choisis, adapt. par Georges Timár, Budapest, Balassi, 1998.
Aux branches du néant, József Attila, trad. par Guillevic, Max Andréoli et Tivadar Gorilovics, Debrecen, Kossuth Egyetemi Kiadó, 2005.
Attila József, à cœur pur : poésie rock, trad. par Krisztina Rády, Paris, Seuil, 2008 [un CD accompagne cet ouvrage : il comprend des enregistrements des poèmes dits par Denis Lavant, sur des musiques de Serge Teyssot-Gay].

Études critiques

Rousselot Jean, Attila József, 1905-1937 : sa vie son œuvre, avec une suite de poèmes adaptés du hongrois, poèmes adapt. par Jean Rousselot d’après les trad. de Ladislas Gara, Queyrac, Médianes, 1958.
Arion, Numéro spécial Attila József [poèmes d’Attila József, traduits en une trentaine de langues, dont le français, avec des écrits et témoignages autobiographiques], Budapest, Corvina, 1976.
Szabolcsi Miklós et Fehért Erzsébet, Attila József, sa vie et sa carrière poétique, Budapest, Corvina, 1978.
Szabolcsi Miklós (ed.), Attila József à Paris, trad. par Günther L. Schreiber, avec des poèmes trad. notamment par Anne-Marie de Backer, Juliette Camps, Jean-Paul Faucher et Guillevic, Budapest, Fekete Sas, 1982.
Brabant Éva, Le coupable innocent [avec la traduction de quelques écrits psychanalytiques], Paris, Le Coq-Héron, n° 84, 1982.
Kardos, Gábor, Attila József et le complexe de Freud, Cahiers d’études hongroises, 1995/96.
Kabdebó Thomas, Attila József : « Can you take on this awesome life ? », Budapest, Argumentum, 1997.
Collectif, Le Génie de la douleur. Nouveaux regards sur Attila József, Paris, Publications de l’Institut Hongrois, 2005.
Kabdebó Thomas (éd.), A Tribute to Attila József on the 70th anniversary of his death, Newry, Abbey Press, 2007.