Anton Tchékhov

Anton Tchékhov aux éditions Sillage :

tchekhov1860 : Le 17 janvier, naissance d’Anton Pavlovitch Tchékhov, à Taganrog, sur les rives de la mer d’Azov. Il est le troisième enfant d’une famille qui en comptera six, et souffre d’une santé précaire. Son père, marchand pauvre, fils de serf, fanatique religieux, se comporte en tyran.

1867-1879 : Études à Taganrog. Tchékhov fréquente le théâtre local dès son adolescence. Il écrit des pièces (dont Platonov, dont on ne découvrira le texte qu’en 1921), joue quelques rôles. En 1876, pour échapper à la prison pour dettes, le père vend la maison familiale et emmène les siens à Moscou. Anton reste à Taganrog. Ses frères aînés assurent la subsistance de leurs parents en publiant des textes dans des revues.

1879 : Le jeune homme gagne Moscou pour poursuivre des études de médecine.

1880 : À l’imitation de ses frères, Tchékhov publie son premier texte : Lettre de Stépan Vladimirovitch, propriétaire de la région du Don, à son savant voisin, le docteur Fredrich. Dans les années suivantes, il publie un grand nombre de récits dans des revues humoristiques, sous pseudonyme, réservant l’usage de ses vrais nom et prénom à des publications médicales. De ces œuvres, qu’il considère comme des travaux alimentaires, il ne garde aucun manuscrit. Bien que ces récits ne soient pas dépourvus de recherches formelles ou narratives, leur auteur ne semble pas songer à la carrière d’homme de lettres.

1882 : Entame une collaboration avec la revue Éclats. Il y publiera notamment, de 1883 à 1885, une série d’une cinquantaine d’articles intitulée : « Éclats de la vie moscovite ».

1884 : Tchékhov abandonne ses études sans avoir rédigé sa thèse. Il pratique la médecine à Zvenigorod et Voskressensk, à quelques dizaines de kilomètres de Moscou. Publication de son premier recueil, Contes de Melpomène, sous le pseudonyme d’Antocha Tchékhonté. Premiers accès de tuberculose, mal dont il niera être atteint pendant longtemps.

1886 : Début de sa collaboration avec le journal de tendance conservatrice Temps nouveau. Ce quotidien, l’un des plus importants de l’époque, est dirigé par Alexeï Souvorine, qui deviendra l’un de ses plus proches amis. En février paraît La Messe funèbre, premier récit publié, à la demande de la rédaction, sous le vrai nom de son auteur. L’écrivain Dimitri Grigorovitch, alors au faîte de sa gloire, lui écrit : il le dit doué d’un véritable talent qu’il gâcherait en écrivant trop vite et se déclare « irrité de voir quelqu’un se mésestimer au point de signer avec un pseudonyme ». Le jeune homme lui répond que sa lettre lui a fait l’effet d’un « coup de tonnerre ». Quelques semaines plus tard, publication du recueil Récits bariolés sous son nom véritable.

1887 : La première d’Ivanov au théâtre Korch de Moscou donne lieu à de nombreuses controverses. La critique est très largement partagée, ce qui incite Tchékhov à réécrire une seconde version de sa pièce. Elle remportera un triomphe. Publication de deux recueils : Dans le crépuscule et Innocentes paroles.

1888 : La Steppe, court roman qui lui offre son premier grand succès littéraire. Première de Calchas. Prix Pouchkine pour Dans le crépuscule.

1889 : Son frère Nikolaï meurt de la tuberculose. Première de L’Esprit de la forêt, boudé par la critique et qu’il réécrira huit ans plus tard sous le titre Oncle Vania.

1890 : Parution de son recueil Des gens maussades. Malgré son état de santé, contre l’avis de ses proches et sans autorisation officielle, Tchékhov part pour l’île de Sakhaline le 21 avril. Il y arrive en juillet après un voyage éprouvant. Il reste jusqu’à l’automne et rédige un ouvrage qui témoigne du quotidien des bagnards, L’Île de Sakhaline.

1891 : Tchékhov fait envoyer des livres à Sakhaline. Au printemps, voyage en Italie et sur la Côte d’Azur pour raisons de santé.

1892 : Achète une propriété à Mélikhovo, au sud de Moscou. Famine en Russie, suivie d’une épidémie de choléra. Tchékhov organise les secours dans sa région. Par la suite, il financera la construction de trois écoles, d’une clinique et d’une caserne de pompiers. Il prend l’habitude de soigner bénévolement les paysans pauvres.

1894 : Voyage en Italie et en France.

1896 : La Maison à mezzanine. À l’automne, première de La Mouette à Saint-Pétersbourg. La pièce est un échec et l’auteur songe à renoncer au théâtre.

1897 : La tuberculose le frappe plus durement. Voyage en France, dans le sud-ouest et à Paris.

1898 : Nouveau voyage en France. Brouille avec Souvorine, suscitée par l’affaire Dreyfus – Tchékhov admire l’attitude de Zola. Reprise de La Mouette à Moscou. La pièce est jouée au Théâtre d’Art, dans une mise en scène de Stanislavski, et rencontre cette fois-ci un grand succès.

1899 : Tchékhov vend son domaine de Mélikhovo et s’installe à Yalta. Gorki et Tolstoï lui rendent régulièrement visite. Première d’Oncle Vania au Théâtre d’Art. Travaille à l’édition de ses œuvres complètes.

1900 : Élection à l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. Écrit Les Trois Sœurs, dont la première a lieu l’année suivante, toujours au Théâtre d’Art.

1901 : Le 25 mai, Tchékhov, éternel célibataire, épouse l’actrice Olga Knipper, membre fondateur du Théâtre d’Art rencontrée deux ans plus tôt et qui a joué dans Les Trois Sœurs. Ils se verront peu. L’auteur fait de nombreux séjours à Yalta pour raisons de santé et sa femme est retenue à Moscou, mais ils échangent une abondante correspondance, riche de détails sur les pratiques théâtrales de l’époque. Se lie avec Ivan Bounine, qu’il considère comme un écrivain très prometteur.

1902 : Gorki ayant été exclu de l’Académie des Sciences par décision gouvernementale, Tchékhov en démissionne.

1903 : Écrit La Cerisaie. Deux crises cardiaques.

1904 : La Cerisaie, jouée au Théâtre d’Art, rencontre un grand succès. En juin, Tchékhov part avec Olga pour Badenweiler, ville d’eaux située dans la Forêt-Noire, où il meurt le 2 juillet. Son corps est rapatrié à Moscou. Le jour des funérailles, une partie de la foule venue suivre son cercueil accompagne par erreur celui d’un certain général Keller.


Bibliographie

Trois années parut en 1895 dans le premier numéro de la revue La Pensée russe.
Trois traductions françaises en ont été publiées à ce jour :

Trois années, trad. par Catarina Mostkova et Albert Lamblot, Paris, Rieder, 1922.

Trois ans, trad. par Denis Roche, in Œuvres complètes, tome V, Paris, Plon, 1925.
Trois ans, trad. par Édouard Parayre, in Œuvres complètes, tome XVI, Paris, Éditeurs français réunis, 1962. Révisée par Lily Denis, cette traduction reparut sous le titre Trois années dans le tome III des Œuvres de Tchékhov dans la Bibliothèque de la Pléiade (Paris, Gallimard, 1971). Une autre version de la traduction d’Édouard Parayre, révisée par Bernadette Dubois, parut en 1990 à Bruxelles, aux éditions Complexe, sous le titre Trois années.

Enfin, signalons la publication, en 2006, de Trois années, une pièce en quatre actes de Roger Grenier, d’après le texte de Tchékhov (Paris, Gallimard, « Le manteau d’Arlequin »).

Œuvres en russe

Polnoe sobranie socinenij i pisem, Moscou, Nauka, 1974-1983, 30 vol.

Œuvres en français

Œuvres complètes, trad. de Denis Roche, Paris, Plon, 1922-1934, 20 vol.
Œuvres complètes, sous la direction de Jean Pérus, trad. de Lily Denis, Madeleine Durand, Édouard Parayre, André Radiguet, Elsa Triolet, Paris, Éditeurs français réunis, 1952-1971, 21 vol.
Œuvres, sous la direction de Claude Frioux, trad. de Lily Denis, Madeleine Durand, Édouard Parayre, André Radiguet, Elsa Triolet, Paris, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1967-1971 (tome I : Théâtre complet ; tome II : Récits 1887-1892 ; tome III : Récits 1892-1903).
Nouvelles, trad. de Vladimir Volkoff, Paris, Librairie Générale Française, La Pochothèque, 1993.

Théâtre

Théâtre complet, trad. d’André Barsacq, Pierre-Jean Jouve, Georges Pitoëff, Ludmilla Pitoëff, Antoine Vitez, Paris, Denoël, 1958.
Théâtre complet, trad. de Génia Cannac, Nina Gourfinkel, Jacques Mauclair, Georges Perros, Pol Quentin, Paris, L’Arche, 1958-1961, 3 vol.
Théâtre, trad. d’Arthur Adamov, Paris, Le Club français du Livre, 1958.
Théâtre complet, trad. de Denis Roche et Anne Coldéfy-Faucard, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 1996.

Correspondance

L’Amour est une région bien intéressante, correspondance et notes de Sibérie, trad. de Louis Martinez, Éditions Cent Pages, Grenoble, 1994.
Conseils à un écrivain (1883-1904) [choix de lettres], trad. de Marianne Gourg, Paris, Éditions du Rocher, 2004.
Correspondance avec Olga  : 1899-1904, trad. de Monica Constandache, Paris, Albin Michel, 1991.
Voyage à Sakhaline 1890-1891, trad. d’Anna Christophoroff, Lectoure, Édition le Capucin, 2005.
Anton Tchékhov, Maxim Gorki, Correspondance, trad. de Jean Pérus, Paris, Grasset, 1947.

Divers

Carnets, trad. de Macha Zonina et Jean-Pierre Thibaudat, Paris, Bourgois, 2005.

Études critiques

Alexandre Aimée, À la Recherche de Tchékhov, Paris, Buchet-Chastel, 1971.
Bonamour Jean, « Dictionnaire Tchékhov », in Tchékhov Anton, Théâtre complet, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 1996.
Bounine Ivan, Tchékhov, Monaco, Éditions du Rocher, 2004.
Coope John, Doctor Chekhov, Chale (G.B.), Cross Publishing, 1997.
Gottlieb Vera, Allain Paul (éd.), The Cambridge Companion to Chekhov, Cambridge, Cambridge University Press, 2000.
Grenier Roger, Regardez la neige qui tombe  : impressions de Tchékhov, Paris, Gallimard, 1992.
Jackson Robert Louis, Reading Chekhov’s Text, Evanston, Northwestern University Press, 1993.
Lafitte Sophie, Tchékhov, Paris, Hachette, 1963.
Malcolm Janet, Reading Chekhov, A Critical Journey, Londres, Granta Books, 2001.
Némirovksy Irène, La vie de Tchékhov, Paris, Albin Michel, 1989 (cette biographie fut publiée en plusieurs parties, à partir de 1940, dans la revue Les Œuvres libres éditée par la Librairie Arthème Fayard).
Simmons Ernest, Tchékhov, Paris, Robert Laffont, 1968.
Tanase Virgile, Tchékhov, Paris, Gallimard, 2008.
Troyat Henri, Tchékhov, Paris, Flammarion, 1984.