Alexandre Pouchkine

Alexandre Pouchkine aux éditions Sillage :

1799 : Le 26 mai, à Moscou, naissance d’Alexandre Serguéiévitch Pouchkine. Son père, Serge Lvovitch Pouchkine, descend d’une famille d’ancienne noblesse. Sa mère, Nadejda Ossipovna Hannibal, est la petite-fille d’Abraham Hannibal (1697-1781), surnommé le « Nègre de Pierre le Grand ». Alexandre a une sœur aînée, Olga, et un frère cadet, Léon. Il reçoit son éducation de précepteurs anglais, français, allemand et russe ; il parle couramment le français et se nourrit très tôt de littérature française.

1811 : En octobre, le garçon entre au lycée impérial de Tsarskoïè Sièlo.

1814 : En juillet, il publie son premier poème dans Le Messager de l’Europe.

1817 : Ses études achevées, Pouchkine obtient un poste au ministère des Affaires étrangères, à Pétersbourg. Il mène une vie plutôt dissipée, fréquente les milieux littéraires, compose de nombreux poèmes.

1819 : Adhésion au cercle littéraire La Lampe verte, qui rassemble de futurs décembristes.

1820 : En mai, Pouchkine est exilé à Yèkatérinoslav – mais il a risqué la déportation en Sibérie – pour avoir fait circuler des poésies séditieuses ; il y entre au service du général Ivan Inzov. De mai à septembre, voyage dans le Caucase et en Crimée avec le général Raïevski. En août, parution de Rouslan et Lioudmila. En septembre, Pouchkine suit le général Inzov en Bessarabie – il s’échappe parfois à Odessa et Kamienka, où son entourage, là aussi, est constitué de futurs décembristes.

1821 : Parution de poèmes dans L ’Étoile polaire. À Kichiniov (actuelle Chisinau, en Moldavie), il fait la connaissance d’Alexandre Ypsilanti, alors à la tête de la société secrète Filiki Eteria, qui lutte pour l’indépendance grecque et dans laquelle Pouchkine envisage de s’engager.

1822 : En août, parution du Prisonnier du Caucase.

1823 : Pouchkine entame la rédaction d’Eugène Onéguine. En août, grâce à l’intervention de quelques amis, il obtient d’être muté à Odessa ; il entre en poste auprès du comte Vorontzov.

1824 : En mars, parution de La Fontaine de Bakhtchi-Saraï. Il entame une liaison avec la femme d’un négociant local et, probablement, une autre avec celle du comte Vorontzov. En juillet, Pouchkine démissionne de son poste. Il est astreint à résidence à Mikhaïlovskoïè, où vivent ses parents ; il a en octobre une violente querelle avec son père. Il reste à Mikhaïlovskoïè jusqu’en septembre 1826, avec pour seule compagnie sa bonne d’enfant Arina Rodionovna, dont il écoute et transcrit récits et chansons.

1825 : Parution du premier chapitre d’Eugène Onéguine – les suivants paraîtront en revue jusqu’en 1832 et l’œuvre intégrale sera publiée en 1833. En novembre, mort d’Alexandre Ier ; lors de la prestation de serment des troupes à son successeur Nicolas Ier, l’insurrection dite des « décembristes » éclate. Resté à Mikhaïlovskoïè, Pouchkine apprend l’arrestation de nombre de ses amis – lui-même a été tenu à l’écart de la conjuration, soit que son entourage l’eût jugé peu fiable et versatile, soit que la surveillance dont il faisait l’objet eût empêché de le tenir informé. Il brûle ses papiers.

1826 : Pouchkine, qui a entrepris des démarches pour que soit levée son assignation à résidence, est reçu à Moscou le 8 septembre par Nicolas Ier. Il obtient satisfaction mais reste sous l’étroite surveillance de Benkendorf, chef du corps spécial de gendarmerie. Nicolas Ier devient son censeur personnel. Peu après cette entrevue, il donne lecture de Boris Godounov à quelques amis, ce qui lui vaut un avertissement, le tsar n’ayant pas encore approuvé la pièce. Il est chargé par Nicolas Ier de rédiger une Note sur une éducation nationale.

1827 : En janvier, une scène de Boris Godounov paraît dans Le Messager de Moscou. Mais la pièce, censurée, ne peut être ni jouée ni imprimée. Pouchkine séjourne à Moscou, puis Pétersbourg, et revient en juin à Mikhaïlovskoïè, où il entame la rédaction du Nègre de Pierre le Grand. Parution des Tsiganes, du Comte Nouline et d’une scène de Boris Godounov.

1828 : À Pétersbourg, il fait la connaissance de Nathalie Nikolaïevna Gontcharova, âgée de 14 ans. En mai, lecture de Boris Godounov ; Griboïèdov et Mickiewicz sont dans l’assistance.

1829 : Pouchkine multiplie flirts et liaisons. En mai, il demande Nathalie Gontcharova en mariage et n’obtient pas de réponse. De mai à septembre, il voyage, sans autorisation, au Caucase et en Arménie. Parution d’un fragment du Nègre de Pierre le Grand dans l’almanach Fleurs du nord.

1830 : En janvier, l’empereur refuse à Pouchkine un voyage à l’étranger. En février, Boulgarine, journaliste et agent de Benkendorf, publie un pamphlet contre Pouchkine dans L ’Abeille du Nord, l’accusant de se piquer de libre pensée mais de ramper devant l’empereur. En mars paraît dans La Gazette littéraire un fragment du Nègre de Pierre le Grand. En avril, une nouvelle demande en mariage auprès de Nathalie Gontcharova est acceptée, Benkendorf ayant attesté de la bonne conduite de Pouchkine. En septembre, Pouchkine est immobilisé à Boldino par suite d’une épidémie de choléra ; il y reste jusqu’en décembre et y déploie une grande activité littéraire. En décembre, publication de Boris Godounov.

1831 : Le 18 février, mariage avec Nathalie Gontcharova. Le couple affrontera de continuels soucis d’argent. En mai, les époux s’installent à Tsarskoïè Sièlo. Pouchkine se lie avec Gogol, dont il favorise l’entrée en littérature. En juillet, il réintègre le ministère des Affaires étrangères. En septembre, il fait paraître de manière anonyme les Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine. En octobre, publication des Poésies d’Alexandre Pouchkine.

1832 : Il commence à travailler sur Pierre le Grand et obtient l’accès à la bibliothèque de Voltaire, à l’Ermitage. Le 19 mai, naissance de sa fille Marie.

1833 : Au printemps, il est élu membre de l’Académie russe. Rédigeant une histoire de la révolte d’Emelian Pougatchov, au XVIIIe siècle, Pouchkine obtient un droit d’accès aux archives militaires. En juin, naissance de son fils Alexandre. Il passe l’été et le début de l’automne à Orenbourg et Kazan. En décembre, il est nommé gentilhomme de la Chambre – un titre réservé aux adolescents et qu’il perçoit comme une humiliation.

1834 : En février, parution de La Dame de Pique. En juin, Pouchkine offre sa démission à l’empereur ; il se ravise le 3 juillet, puis apprend le même jour qu’elle est acceptée mais qu’il perd son accès aux archives. Il écrit à Benkendorf le 6 juillet, qui lui répond que Nicolas Ier lui pardonne. En décembre, parution d’Histoire de la révolte de Pougatchov, dont le titre a été imposé par l’empereur.

1835 : Parution des Chants des Slaves occidentaux. En mai, naissance de son fils Grégoire. En juin, il obtient de l’empereur un congé de six mois. Il se retire à Mikhaïlovskoïè en septembre, mais revient en octobre à Pétersbourg au chevet de sa mère malade.

1836 : En avril, parution du premier numéro de sa revue Le Contemporain. En mai, naissance de sa fille Nathalie. En novembre, Pouchkine reçoit un texte où il est nommé « historiographe de l’Ordre des cocus », insinuant que c’est à sa femme qu’il doit la faveur dont il jouit auprès du tsar ; il provoque en duel le baron George Dantès, qui courtise sa femme et qu’il soupçonne d’être à l’origine de ce libelle. Dantès s’étant aussitôt fiancé avec la sœur de Nathalie Gontcharova, le duel n’a pas lieu. En novembre, parution de La Fille du capitaine dans Le Contemporain.

1837 : En janvier, Dantès épouse la sœur de Nathalie Gontcharova. Convaincu qu’il poursuit toujours sa femme de ses assiduités, Pouchkine écrit une lettre injurieuse au baron Haeckeren, père adoptif de Dantès. Le baron le provoque en duel. Le 27, Pouchkine est blessé à l’aine. Il meurt le 29. Il est inhumé le 6 février près de Mikhaïlovskoïè. Haeckeren quitte Pétersbourg ; Dantès est expulsé de Russie. Lermontov publie un poème à la mémoire de Pouchkine, qui lui vaudra d’être envoyé en exil dans le Caucase.


Repères bibliographiques

Deux épisodes du Nègre de Pierre le Grand parurent du vivant de Pouchkine :
– Une assemblée sous Pierre Ier (en 1829, à Saint-Pétersbourg, dans l’almanach Fleurs du nord, chez Delvig).
– Un dîner chez un boïar russe (en 1830, à Saint-Pétersbourg, dans La Gazette littéraire).
La première publication de l’ensemble, inachevé, eut lieu en 1837, à Pétersbourg, dans Le Contemporain, n° 6.

Un fragment a été traduit en français du vivant de l’auteur, par Ferry de Pigny et J. Haquin, et publié sous le titre « Un dîner russe au temps de Pierre le Grand », dans Les Conteurs russes ou Nouvelles, contes et traditions russes, Paris, C. Gosselin, 1833 (2 vol.).

L ’œuvre a connu plusieurs traductions françaises :

– par Hélène Isvolsky sous le titre « Le Maure de Pierre-le-Grand », in De Pouchkine à Tolstoï. Contes et nouvelles, Paris, Éditions de la Pléiade, 1930.
– par François de Roux et Vera Wollman sous le titre « Le Nègre de Pierre le Grand », in Doubrowsky, suivi de Kirdjali et de Le Nègre de Pierre le Grand, Paris, Plon, 1937.
– par Whyms sous le titre « Le Nègre de Pierre-le-Grand », in Doubrovsky et autres contes, Bruxelles, Éditions de la Sixaine, s.d. [vers 1940-1945].
– par Rostislav Hofmann sous le titre « Le Nègre de Pierre le Grand », in Pouchkine. Romans et nouvelles, Paris, Éditions du Chêne, 1947 (2 vol.).
– par André Meynieux sous le titre « Le Nègre de Pierre le Grand », in Œuvres complètes. 1, Drames, romans, nouvelles, Paris, André Bonne, 1953.
– par Jean-Michel Deramat sous le titre « Le Nègre de Pierre le Grand », in La Dame de pique. Deux récits de feu Ivan Pétrovitch Belkine. Le Nègre de Pierre le Grand, Paris, Charpentier, 1964.
– par Jean Savant sous le titre « Le Nègre de Pierre le Grand », in La Fille du Capitaine et autres nouvelles, Genève, Cercle du bibliophile, 1967.
– par Gustave Aucouturier sous le titre « Le Nègre de Pierre le Grand », in Pouchkine, Griboïedov, Lermontov, Œuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1973 ; traduction révisée par Simone Sentz-Michel, Paris, Gallimard, 2010 [édition bilingue].
– par Michel Niqueux sous le titre Le Nègre de Pierre le Grand, Paris, Éditions de la librairie du Globe, 2000 [édition bilingue].

Œuvres en français

Pouchkine, Griboïedov, Lermontov, Œuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1973.
André Meynieux a entrepris une traduction des œuvres complètes de Pouchkine chez l’éditeur André Bonne, à Paris :
– tome 1 : Drames, romans, nouvelles, 1953.
– tome 3 : Autobiographie, critique, correspondance, 1958.
Le tome 2, consacré à la poésie, n’a jamais vu le jour.

Les traductions ont été reprises dans l’édition des œuvres de Pouchkine publiées à Lausanne, aux éditions L ’Âge d’homme :
– tome 1 : Drames, romans, nouvelles, trad. par André Meynieux, 1973.
– tome 2 : Œuvres poétiques, publiées sous la direction d’Efim Etkind, 1981 (2 vol.).
Les textes du tome 3 de l’édition parue chez André Bonne n’ont pas été inclus dans la série.

Bibliographie critique

  • Mirsky Dimitri, Pushkin, Londres, Routledge, 1926.
  • Hofmann Modeste Lioudvigovitch, Pouchkine, Paris, Payot, 1931.
  • Revue de littérature comparée, « Pouchkine 1799-1837 », Paris, Boivin, janvier-mars 1937.
  • Troyat Henri, Pouchkine, Paris, Albin Michel, 1946 (2 vol.).
  • Meynieux André, Pouchkine homme de lettres et la littérature professionnelle en Russie, Paris, Librairie des Cinq Continents, 1966.
  • Magarshack David, Pushkin. A Biography, Londres, Chapman & Hall, 1967.
  • Vickery Walter N., Alexander Pushkin, Boston, Twayne Publishers, 1970.
  • Tertz Abram, Promenades avec Pouchkine, Paris, Éditions du Seuil, 1976.
  • Tsvetaeva Marina, Mon Pouchkine suivi de Pouchkine et Pougatchov, trad. par André Markowicz, Sauve, Clémence Hiver, 1987.
  • Etkind Efim (éd.), Revue des Études slaves, tome 59, fascicule 1-2, « Alexandre Pouchkine (1799-1837) », Paris, 1987.
  • Gnammankou Dieudonné, Abraham Hanibal : l’aïeul noir de Pouchkine, Paris-Dakar, Présence africaine, 1996.
  • Gourdin Henri, Alexandre Sergueïevitch Pouchkine, Paris, Éditions de Paris, 1999.
  • Pouchkine, Paris, Europe, 1999.
  • Joukovski Vassili, Les Derniers Instants de Pouchkine, Toulouse, Ombres, 2000.
  • Aucouturier Michel, Bonamour Jean (éds.), L ’Universalité de Pouchkine : colloque international organisé par l’Institut d’études slaves et le Centre de recherches sur les littératures et civilisations slaves de l’Université de Paris-Sorbonne, Paris, Institut d’études slaves, 2000.
  • Enderlein Évelyne, Victoroff Tatiana (éds.), Pouchkine, poète de l’altérité, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2012.