Khalil Gibran

Khalil Gibran aux éditions Sillage

1883 : Le 6 janvier, naissance de Gibran Khalil Gibran à Bécharré, au nord du Liban, dans une famille maronite. Son père est percepteur et petit propriétaire. Sa mère, fille de prêtre, a eu un enfant, Boutros, d’un premier mariage. Gibran aura deux sœurs, Mariana (1885) et Sultana (1887). L ’enfant fait montre d’aptitudes précoces pour le dessin. Il apprend l’arabe et le syriaque, et se fait remarquer par un médecin, par ailleurs poète, Sélim Daher.

1891 : Son père est emprisonné pour avoir détourné les taxes qu’il était chargé de collecter.

1894 : Gibran fait une chute du haut d’un rocher, se démettant l’épaule ; il ne guérira jamais vraiment et sera partiellement paralysé à partir des années 1910.

1895 : Kamlé, la mère de Gibran, part pour l’Amérique avec ses enfants. La famille rejoint la communauté syrienne installée dans le quartier du South End, à Boston ; elle vit dans une grande misère. La mère vend du textile au porte-à-porte. Scolarisé à l’école Quincy, Gibran se montre excellent élève ; son institutrice l’incite à adopter le nom de « Kahlil Gibran » – cette graphie, avec déplacement du « h », sera adoptée, mais de manière non systématique, dans les éditions en langue anglaise de son œuvre.

1896 : Une assistante sociale recommande Gibran au photographe et éditeur Fred Holland Day. Prenant l’enfant sous sa protection, Day lui fait lire Emerson et Maeterlinck, et lui donne à illustrer les publications de la maison Copeland & Day.

1898 : Des dessins de Gibran sont présentés dans une exposition au Camera Club de Boston. L ’adolescent y rencontre la poétesse Josephine Peabody, âgée de 24 ans, qui devient sa muse. Redoutant l’influence de Day, homosexuel et excentrique, sa famille le renvoie au Liban ; Gibran arrive à Bécharré début septembre.

18981901 : Études au collège de la Sagesse, où Gibran entre sur la recommandation de Sélim Daher ; élève indiscipliné et brillant, il apprend l’arabe classique, découvre le soufisme et anime une revue avec son camarade Youssef Hoayek. Relations conflictuelles avec son père. Il s’éprend de Hala, fille d’un certain Tannous Daher – le père et le frère de la jeune fille chargent Sélim Daher de signifier à Gibran qu’il n’est pas autorisé à la rencontrer. Gibran s’éprend alors de Sultana, sœur de son ami Ayoub Tabet – qui deviendra chef de l’État libanais. La jeune femme, qui répondait froidement à la passion du jeune homme, meurt bientôt, à l’âge de 22 ans ; elle laisse dix-sept lettres, jamais envoyées, dans lesquelles elle avoue à Gibran son amour pour lui.

1902 : En mars, Gibran apprend que sa sœur Sultana se meurt de la tuberculose ; il gagne les États-Unis mais arrive après le décès. Il retrouve en novembre Josephine Peabody.

1903 : Le 12 mars, son demi-frère Boutros meurt de la tuberculose. Gibran prend la direction de la boutique qu’il tenait ; il rembourse les dettes et liquide l’affaire. En mai, exposition de dessins à l’université de Wellesley. Le 28 juin, sa mère meurt d’un cancer. À l’automne, rupture avec Josephine Peabody.

1904 : En mai, lors d’une exposition de ses œuvres aux Harcourt Studios, Gibran rencontre Mary Haskell, de dix ans son aînée, féministe, fondatrice d’une école de filles qui porte son nom. Leur relation, entre amour et amitié, durera toute l’existence de Gibran ; ce dernier la cachera toutefois à son entourage, sa sœur exceptée. En juin, il expose à la Haskell’s School. Gibran écrit pour la presse américaine arabophone : son premier article, « Vision », paraît dans alMouhajer.

1905 : Parution d’un essai en arabe, La Musique.

1906 : Parution d’un recueil de trois nouvelles en arabe, Les Nymphes des vallées.

1908 : Parution des Esprits rebelles, recueil de quatre nouvelles en arabe ; l’ouvrage est censuré en Syrie. Gibran fait la connaissance d’une française enseignant à la Haskell’s School, Émilie Michel ; ils entament une relation, encouragés par Mary ; Émilie Michel tombe enceinte et doit avorter. Mary Haskell propose à Gibran de partir étudier à Paris, avec son soutien financier. Il s’y installe en juillet et s’inscrit à l’académie Julian, école d’art privée. Il retrouve son ancien camarade Youssef Hoayek.

1909 : Gibran étudie sous la direction du peintre Pierre Marcel-Béronneau, lui-même disciple de Gustave Moreau. Il donne des cours de dessin à des étudiants et se lance dans une série de portraits de célébrités – Rostand, Debussy, Rodin, Sarah Bernhardt, Jung, William Butler Yeats. Entame la rédaction d’un texte intitulé Pour que l’univers soit bon, qui deviendra Le Prophète.

1910 : « Martha la Banaise », première nouvelle de Gibran traduite en français, paraît dans l’anthologie établie par la revue Les Mille Nouvelles nouvelles. Gibran présente sa toile L’Automne au Salon du Printemps, qui se tient au Grand Palais. Entre juin et juillet, Gibran fait un bref séjour à Londres en compagnie de l’écrivain Amin al-Rihani. Retour à Boston le 31 octobre. En décembre, il propose le mariage à Mary, qui refuse ; peu après, Mary se ravise, mais c’est au tour de Gibran de refuser.

1911 : Gibran s’installe à New York, à Greenwich Village, avec le soutien financier de Mary Haskell.

1912 : Publication des Ailes brisées aux éditions Mir’at al-Gharb. Gibran fait la connaissance d’Abdul-Baha, chef de file du bahaïsme. Début d’une correspondance qui durera jusqu’à son décès avec la femme de lettres May Ziadé ; ils ne se rencontreront jamais.

1913 : Sous la direction de Mary Haskell, Gibran perfec-tionne son anglais à la lecture de la Bible et des œuvres de Shakespeare.

1914 : Publication d’un recueil d’articles parus dans alMouhajer, Larme et Sourire. En décembre, exposition à la Montross Gallery, à New York. Au cours de la Première Guerre mondiale, Gibran devient secrétaire du Comité d’aide aux sinistrés de Syrie et du Mont-Liban.

1916 : Rencontre avec Rabindranath Tagore.

1918 : Gibran poursuit l’écriture du Prophète et publie Le Fou, recueil de paraboles écrites directement en anglais, chez Knopf.

1919 : Publication de Processions, écrit en arabe. Knopf fait paraître un recueil de ses œuvres graphiques, Twenty Drawings.

1920 : Gibran est élu président de la Ligue de la Plume, association littéraire d’auteurs arabes modernistes – il en sera jusqu’à sa mort le principal animateur. En août, parution d’un recueil d’articles, Les Tempêtes, aux éditions al-Hilal, au Caire. En octobre, parution chez Knopf du Précurseur.

1921 : La santé de Gibran se détériore ; il travaille sans relâche sur Le Prophète, boit et fume considérablement.

1922 : En janvier, exposition de ses toiles à Boston. Mary Haskell part vivre avec un certain Jacob Florance Minis ; sa relation avec Gibran sera désormais plus lointaine. En décembre, mort de Josephine Peabody.

1923 : En septembre, parution du Prophète chez Knopf ; l’ouvrage rencontre un succès immédiat. Merveilles et Curiosités, sélection d’articles, paraît en arabe au Caire.

1925 : Gibran rencontre celle qui sera sa secrétaire pendant sept ans, Barbara Young, critique littéraire au New York Times.

1926 : Gibran publie Le Sable et l’Écume chez Knopf. Il commence à dicter Jésus Fils de l’Homme à Barbara Young. Gibran travaille ces années-là sans discontinuer.

1928 : Parution chez Knopf de Jésus Fils de l’Homme.

1929 : Le 5 janvier, la Ligue de la Plume organise un dîner en l’honneur de Gibran. Le lendemain, au sortir d’un autre banquet donné par le peintre Orozco, Gibran fait un malaise ; on découvre qu’il souffre d’une hypertrophie du foie. Il refuse toute opération. Sa consommation d’alcool s’intensifie.

1930 : En mars, Gibran rédige son testament : il laisse son argent à sa sœur, ses dessins et toiles à Mary Haskell et ses droits d’auteur à son village. Il commence à travailler sur le manuscrit de L’Errant.

1931 : Parution de Dieux de la Terre, chez Knopf. Gibran achève L’Errant, qui paraîtra à titre posthume. Il décède le 10 avril, à quarante-huit ans, d’une cirrhose du foie et d’un début de tuberculose.

 

Repères bibliographiques

The Wanderer : His Parables and His Sayings parut à New York, chez Alfred A. Knopf, en 1932. Trois traductions françaises en avaient déjà été publiées :

L’Errant, par Cécile Brunet-Mansour et Rania Mansour (Paris, Al-Bouraq, 1999) ;

– L’Errant, par Thierry Gillybœuf (Paris, Mille et une nuits, 1999) ;

– L’Errant, par Jean-Pierre Dahdah (in Gibran Khalil, Œuvres complètes, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2006).

La présente traduction est inédite.

 

Œuvres en français

Œuvres complètes, éd. Alexandre Najjar, trad. par Rafic Chikhani, Jean-Pierre Dahdah, Alexandre Najjar, Salah Stétié, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2006.

 

Choix d’études critiques

Achour Radwa, Gibran and Blake : a comparative study, Le Caire, National commission for Unesco, 1978.

Bushrui Suheil, Jenkins Joe, Khalil Gibran, l’homme et le poète, trad. par Bernard Dubaut, Paris, Véga, 2001.

Chahine Anis, L’Amour et la nature dans l’œuvre de Khalil Gibran, Beyrouth, Middle East Press, 1979.

Chikhani Rafic, Religion et société dans l’œuvre de Gubran Khalil Gubran, Beyrouth, Publications de l’Université libanaise, 1997.

Dahdah Jean-Pierre, Dictionnaire de l’œuvre de Khalil Gibran, Paris, Dervy, 2007.

Dahdah Jean-Pierre, Khalil Gibran : poète de la sagesse, Paris, Albin Michel, 1990.

Dahdah Jean-Pierre, Khalil Gibran : la vie inspirée de l’auteur du « Prophète », Paris, Albin Michel, 2004.

El Yammouni Joseph Merhi, Gibran Kahlil Gibran : l’homme et sa pensée philosophique : vision de l’homme et de la divinité, Lausanne, Éditions de l’Aire, 1982.

Hallaq Boutros, Gibran et la refondation littéraire arabe : « Bildungsroman », écriture prophétique, transgénérisme, Arles, Sindbad-Actes Sud, 2008.

Karam Antoine Gattas, La Vie et l’œuvre littéraire de Gibran Khalil Gibran, Beyrouth, Éditions Dar an-Nahar, 1981.

Kharrat Souad, Gibran le prophète, Nietzsche le visionnaire, Québec, Tryptique, 1993.

Khoury Raif Georges, Passé et présent de la culture arabe, ou tradition, modernité et conservation d’identité, selon Djubran Khalil Djubran, à l’image de la Renaissance européenne, Neckarhausen, Deux Mondes, 1997.

Larangé Daniel S., Poétique de la fable chez Khalil Gibran : les avatars d’un genre littéraire et musical, le maqam, Paris, L ’Harmattan, 2005.

Naimy Mikhail, Kahlil Gibran, his life and his work, Beyrouth, Khayats, 1964.

Najjar Alexandre, Khalil Gibran : l’auteur du « Prophète », Paris, Pygmalion, 2002.

Norin Luc, Autour de Khalil Gibran, Mons, La Renaissance du Livre, 2002.

Shehadi William, Kahlil Gibran : a prophet in the making, Beyrouth, American University of Beyrouth, 1991.

Waterfield Robin, Khalil Gibran : un prophète et son temps, trad. par Paule Noyart, Saint-Laurent, Fides, 2000.

Young Barbara, This Man From Lebanon : A Study of Khalil Gibran, New York, Alfred A. Knopf, 1945.

Khalil Gibran, artiste et visionnaire, Paris, Institut du monde arabe-Flammarion, 1998.