Tacite

Tacite aux éditions Sillage :

On connaît peu de choses de la vie de Tacite. Nous savons que son gentilice, ou nom de famille, était Cornelius, et que son cognomen, ou surnom, était Tacitus, mais son prénom, Publius ou Caius, n’est pas connu avec certitude. Plusieurs événements marquants de sa biographie peuvent se déduire de ses écrits, mais la source presque unique qui nous fournisse quelques renseignements sur son existence est la correspondance de Pline le Jeune, son ami durant de longues années.

Entre 55 et 57 : Naissance en Gaule narbonnaise, probablement à Vaison ou Fréjus. Il serait issu d’une famille de l’ordre équestre. Il est probablement l’élève de Quintilien.

75 : Il commence son cursus honorum ; un an plus tard il débute son service militaire.

77 : Épouse la fille de Cn. Julius Agricola, consul cette année-là, et dont la famille serait comme lui issue de la région de Fréjus.

81 : Il accède à la questure.

88 : Il devient préteur, puis tribun de la plèbe. Il est aussi membre du collège des quindécemvirs, chargé de questions religieuses. Il participe aux jeux Séculaires célébrés par Domitien, empereur depuis 81.

De 89 à 93 : Absent de Rome, on suppose qu’il exerce un commandement de légion, probablement en Germanie.

93 : Retour à Rome. Mort d’Agricola, tombé en disgrâce et d’après Tacite possiblement empoisonné sur ordre de Domitien. Il siège au Sénat durant toute la fin du règne de Domitien, dont le pouvoir sombre peu à peu dans la tyrannie.

96 : En septembre, assassinat de Domitien. Nerva est proclamé empereur.

97 : Tacite devient consul suffect, pour les derniers mois de l’année.

98 : Il publie la Vie de Cn. Julius Agricola, éloge de son beau-père, cinq ans après la mort de celui-ci – la longueur du délai s’expliquant sans doute par des raisons politiques. Mort de Nerva, à qui succède Trajan. Cette année-là ou la suivante, composition probable du Dialogue des orateurs et de La Germanie.

100 : Au Sénat, tient le rôle de procureur durant le procès de Marius Priscus, ancien proconsul d’Afrique s’étant rendu coupable de malversations et de corruption.

104 : Retour à Rome après une absence d’une durée indéterminée, sans doute due à une mission proconsulaire. Il commence à rédiger les Histoires, oeuvre à laquelle il consacre une part importante de son temps et qu’il ne terminera qu’en 108 ou 109.

De 112 à 113 : Tacite est proconsul d’Asie, l’une des plus hautes fonctions auxquelles puisse accéder un sénateur. Début probable de la rédaction des Annales, dont on situe l’achèvement autour de 117, année de la mort de Trajan.

On ne dispose d’aucun élément concernant la fin de sa vie.


Repères bibliographiques

Le texte du Dialogue des orateurs fut redécouvert aux alentours de 1455, au monastère de Hersfeld, en Allemagne, sous la forme d’un manuscrit qui regroupait plusieurs des textes de Tacite (La Germanie, La Vie de Cn. Julius Agricola et le Dialogue). Il fut publié pour la première fois à Venise, probablement vers 1470, par Vendelin de Spire, le premier imprimeur vénitien.

La première traduction française du texte parut en 1585 ; elle est due à Claude Fauchet, humaniste et historien français que s’attacha Henri IV, et fut publiée à Paris par Abel l’Angelier, l’un des éditeurs parisiens les plus fameux de son époque, connu notamment pour avoir édité Montaigne. De nombreuses traductions suivront. Citons notamment :

Des causes de la corruption de l’éloquence, trad. Louis Giry, Paris, Charles Chappelain, 1630.

Des orateurs, savoir si les modernes sont inférieurs aux anciens, et pourquoi, dialogue attribué par quelques-uns à Tacite et par quelques autres à Quintillien, trad. Jacques Morabin, Paris, F. Fournier, 1722.

Dialogue des orateurs, trad. Jean-Louis Burnouf, in TACITE, OEuvres complètes, vol. 6, Hachette, 1833.

Des Orateurs, dialogue sur les causes de la corruption de l’éloquence, par C. C. Tacite, trad. Charles-Louis-Fleury Panckoucke, Paris, Panckoucke, 1833.

Dialogue des orateurs, trad. Henri Goelzer, Paris, Hachette, 1887.

Dialogue des orateurs, trad. Henri Bornecque, Paris, Les Belles Lettres, 1922.

Dialogue des orateurs, trad. Pierre Grimal, in TACITE, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « La Bibliothèque de la Pléiade », 1989.

La traduction de l’oeuvre complète de Tacite par Jean- Louis Burnouf est considérée comme la première traduction française fiable, et également l’une des plus élégantes. C’est celle que nous avons choisi de reprendre ici, révisée par Christophe Masson. Le texte latin utilisé est celui établi par Henri Goelzer.