François-Timoléon de Choisy

François-Timoléon de Choisy aux éditions Sillage :

1644 : Naissance de François-Timoléon de Choisy, le 2 février, à Paris. Dernier fils de Jean III de Choisy, conseiller d’État et chancelier de Gaston d’Orléans, et de Jeanne Olympe Hurault de L’Hospital de Bélesbat, petite-fille du chancelier Michel de L’Hospital, mondaine brillante et ambitieuse, réputée pour ses excentricités et son penchant pour le jeu. Il est promis, en qualité de cadet, à la carrière ecclésiastique. Très jeune, sa mère l’introduit à la cour ; il y côtoie le roi et les ministres et compte parmi les témoins privilégiés des intrigues politiques de son temps. Alors qu’il est encore très jeune, sa mère prend l’habitude de le travestir en fille. Elle imite en cela l’exemple de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV et compagnon de jeux de son fils. François-Timoléon apparaît ainsi fréquemment déguisé à la cour.

1660 : Décès de son père.

1662 : Entame des études de philosophie et de théologie en Sorbonne et obtient l’abbaye de Saint-Seine, en Bourgogne, grâce à l’entregent de sa mère.

1664 : Fugue à Bordeaux. Pendant plusieurs mois, habillé en femme, il est membre d’une troupe de théâtre et joue des rôles féminins, notamment dans des pièces de Corneille.

1669 : Mort de sa mère. François-Timoléon se retrouve à la tête d’une fortune confortable. Durant quinze ans, il mène une vie dissolue et dilapide au jeu la majeure partie de son héritage.

1670-1671 : Déguisé en femme, il vit sous le nom de comtesse des Barres au château de Crespon, près de Bourges – épisode relaté dans le premier chapitre du présent ouvrage. Il effectue parfois des séjours à Paris, sous sa véritable identité.

1673-1674 : Il vit à Paris, travesti, sous le nom de Mme de Sancy. Il est sans doute l’amant de Mme Bossuet, belle-sœur du célèbre orateur.

1675 : Il est nommé abbé commendataire du prieuré de Saint-Lô.

1676 : Il renonce à l’abbaye de Saint-Seine et au bénéfice qu’il en recevait. Il accompagne à Rome le cardinal de Bouillon, son protecteur, pour le conclave qui doit aboutir à l’élection d’Innocent XI. (Le cardinal de Bouillon est parvenu à le faire nommer conclaviste malgré sa réputation.)

1683-1684 : Après une grave maladie, il revient à la religion, se retire un an au séminaire des Missions étrangères, à Paris, puis publie Quatre dialogues sur l’immortalité de l’âme, sur l’existence de Dieu, sur la Providence et sur la religion, nourris de ses entretiens avec l’abbé Dangeau, ami de jeunesse devenu son guide spirituel. L’ouvrage connaît un grand succès ; il est régulièrement réimprimé jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

1685-1686 : Il participe à une mission d’évangélisation qui doit convertir le roi de Siam (territoire de l’actuelle Thaïlande). C’est au cours de cette mission qu’il se fait ordonner prêtre et dit sa première messe. Il relate l’expédition dans un Journal du voyage de Siam fait en 16851686, publié en 1687. De retour à Paris, il tombe en disgrâce à la suite du cardinal de Bouillon, et se retire à nouveau au séminaire des Missions étrangères. Il débute la rédaction de ses Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV, qu’il n’achèvera que peu avant sa mort.

1687 : Rentré en grâce auprès du roi par l’intermédiaire, notamment, du père Lachaise, il est reçu à l’Académie française et prend le fauteuil du duc de Saint-Aignan. Il s’y occupe essentiellement du Dictionnaire et des questions de grammaire, collabore avec Charles Perrault à la rédaction des Opuscules sur la langue française, et se consacre désormais à l’écriture d’une œuvre très prolifique.

1688 : Publication de Histoires de Philippe de Valois et du roi Jean, et de Pensées chrétiennes sur divers sujets de piété.

1689 : Publication d’une Vie de Saint Louis et de Histoire de Charles cinquième, roi de France. Il reçoit le bénéfice du prieuré de Saint-Benoît-du-Sault.

1692 : Il fait paraître une nouvelle traduction de LImitation de JésusChrist.

1695 : Publication dans le Mercure galant d’un conte très libre, L’Histoire de la marquisemarquis de Banneville, mettant en scène un travesti et s’achevant sur un dénouement moral, ainsi que d’une Histoire de Charles VI, roi de France.

1697 : Il est nommé doyen de la cathédrale de Bayeux. Publication des Histoires de piété et de morale.

1703 : Début de la rédaction d’une monumentale Histoire de l’Église, qui s’étalera sur près de vingt ans.

1706 : Publication de La Vie de Mme de Miramion et d’une Apologie de son Éminence le cardinal de Bouillon.

1712 : Publication de La Nouvelle Astrée.

1719 : Publication du onzième et dernier volume de l’Histoire de l’Église. Octogénaire, l’abbé continue de recevoir la plupart de ses visiteurs habillé en femme.

1724 : Mort de l’abbé de Choisy, le 2 octobre.

1727 : Le légataire de ses manuscrits, son petit-neveu le marquis d’Argenson, communique ses Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV à l’abbé d’Olivet, qui les fait publier.

1735 : Publication de l’Histoire de la comtesse des Barres, première partie des Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme.

1839 : Publication de l’Histoire de Madame de Sancy, en annexe à une édition des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV.


Repères bibliographiques

Les Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme furent publiés à titre posthume, et en deux temps. Le texte en fut retrouvé parmi les manuscrits que l’abbé de Choisy avait légués au marquis d’Argenson, aujourd’hui conservés à la Bibliothèque de l’Arsenal.

L’Histoire de la comtesse des Barres (p. 15 à 65 du présent volume) fut la première à paraître (Histoire de Madame la comtesse des Barres, à Madame la marquise de Lambert, Anvers, Van der Hey, 1735). Elle fut rééditée plusieurs fois au cours des xviiie et xixe siècles.

Il fallut en revanche attendre 1839 pour que paraisse l’Histoire de Madame de Sancy (p. 65 à 108 du présent volume), au sein d’une édition des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV publiée par MM. Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils (« Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France », Paris, L’Éditeur du commentaire analytique du Code Civil).

Les deux fragments furent réunis pour la première fois dans un volume édité par Paul Lacroix sous le titre Aventures de l’abbé de Choisy habillé en femme (Paris, J. Gay, 1862).

Éditions modernes

Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme, précédés des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV, édités et présentés par Georges Mongrédien, Paris, Mercure de France, 1966.

Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme, Toulouse, Ombres, 1995.

Études critiques

De Beauvoir Roger, L’Abbé de Choisy, 3 vol., Paris, Gabriel Roux et Cassanet, 1848.

De Beauvoir Roger, Mademoiselle de Choisy, Paris, Michel Lévy, 1859.

Reynes Geneviève, L’Abbé de Choisy ou l’ingénu libertin, Paris, Presses de la Renaissance, 1983.

Van der Cruysse Dirk, L ’Abbé de Choisy, androgyne et mandarin, Paris, Fayard, 1995.

Castanet Hervé, Tricheur de sexe. L ’Abbé de Choisy, une passion du travesti au Grand Siècle, Paris, Éditions Max Milo, 2010.