Jean Cassou

Jean Cassou aux éditions Sillage :

1897 : Naissance de Jean Cassou, le 9 juillet, à Bilbao, d’un père béarnais émigré au Mexique et d’une mère andalouse.

1917-1919 : Il collabore à des revues littéraires d’avant-garde – dont certaines qu’il a créées (Le Scarabée, Les Lettres parisiennes) – et s’intéresse à l’art moderne. Il devient secrétaire de l’écrivain Pierre Louÿs.

1921 : Il reçoit la responsabilité de la chronique « Lettres espagnoles » au Mercure de France.

1922-1930 : Entré au ministère de l’Éducation natio-nale grâce à l’appui du ministre modéré Léon Bérard, béarnais comme lui, Jean Cassou fréquente le monde de la peinture et publie de nombreux articles sur l’art ou sur la littérature hispanique, ainsi que ses premiers romans : Éloge de la folie en 1925, Les Harmonies viennoises en 1926. Il fait également paraître des traductions de l’espagnol, notamment les Nouvelles exemplaires de Cervantès, en 1928, aux éditions de la Pléiade de Jacques Schiffrin, et plusieurs livres de Miguel de Unamuno (L’Agonie du christianisme, Trois nouvelles exemplaires et un prologue, Comment on fait un roman…) aux éditions Rieder et aux éditions du Sagittaire.

1930-1935 : Sa situation officielle s’améliore : il devient inspecteur des Monuments historiques en 1932.

1936-1937 : Jean Cassou est membre du cabinet de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de Front populaire, pour y suivre le domaine des arts plastiques. Rédacteur en chef de la revue Europe, il multiplie, après le coup d’État de Franco, les prises de position en faveur de l’Espagne républicaine, qu’il visite en juillet 1936.

1938 : Il est nommé conservateur-adjoint du musée du Luxembourg, poste dont il est révoqué par Vichy en septembre 1940.

Automne 1940 : Il participe au réseau de résistance créé par Boris Vildé et Alexandre Lewitsky au sein du musée de l’Homme.

1941 : Ayant rejoint Toulouse, où il retrouve notamment son beau-frère, le philosophe Vladimir Jankélévitch, il s’implique dans l’action résistante dans le réseau animé par Pierre Bertaux. Il est arrêté en décembre et mis au secret. Dans sa prison, il écrit les Trentetrois sonnets composés au secret, publiés dans la clandestinité, sous le pseudonyme de Jean Noir, par les éditions de Minuit, avec une préface de François La Colère (Louis Aragon).

1942-1944 : Libéré en février 1942, il sera à nouveau interné de juillet 1942 à juin 1943. Passé dans la clandestinité, il est chargé de coordonner l’action des forces résistantes du Sud-Ouest et prépare la Libération, lors de laquelle il doit occuper les fonctions de commissaire de la République (sorte de super-préfet) à Toulouse. Très grièvement blessé par les Allemands à la veille de la libération de la ville, il reçoit en septembre, sur son lit d’hôpital, la croix de Compagnon de la Libération des mains du général de Gaulle.

Octobre 1945 : Il démissionne de l’administration préfectorale pour devenir directeur du musée d’Art moderne, poste qu’il occupe jusqu’en 1965. Sous son impulsion, le musée, installé au Palais de Tokyo en 1947, s’enrichit d’œuvres de Picasso, Matisse, Rouault, Braque, etc.

Février 1946 : Il devient président du Comité national des écrivains, organisme né dans la Résistance et entré dans le sillage du parti communiste.

Décembre 1949 : Rupture avec le parti communiste à propos de l’affaire yougoslave (voir note 1, p. 98). Il est insulté par la presse communiste.

1953 : Les éditions de Minuit publient La Mémoire courte, réponse de Jean Cassou à la Lettre aux directeurs de la Résistance de Jean Paulhan, éditées par ces mêmes éditions deux ans plus tôt.

1954-1965 : Jean Cassou organise au Palais de Tokyo de grandes expositions : en 1960, « Les Sources du xxe siècle » dont le sous-titre, « Les Arts en Europe de 1884 à 1914 », souligne l’ampleur.

1964 : Il est élu membre de l’Académie royale de Belgique, au fauteuil précédemment occupé par Jean Cocteau.

1965-1970 : Il devient directeur d’études à l’École pratique des hautes études.

1971-1983 : Tout en continuant à participer au débat public sur l’art moderne, Jean Cassou cumule décorations et hommages officiels (Grand Prix national des lettres en 1971, plaque de grand-officier de la Légion d’Honneur en 1982, Grand Prix de la Société des gens de lettres et médaille d’or du Mérite espagnol des Beaux-Arts en 1983).

1986 : Mort de Jean Cassou, le 16 janvier.


Repères bibliographiques

On trouvera une importante bibliographie de l’œuvre de Jean Cassou, établie par Madeleine Colomb et Sandra Persuy, dans le catalogue de l’exposition qui s’est tenue à la Bibliothèque nationale entre mars et juin 1995 : Florence De Lussy (dir.), Jean Cassou. Un musée imaginé, Paris, Bibliothèque nationale de France/Centre Georges-Pompidou, 1995.

Œuvres disponibles de Jean Cassou

Cervantès, Nouvelles exemplaires, traduction et édition de Jean Cassou, Paris, Gallimard, 1981.

Les Inconnus dans la cave, Paris, Gallimard, 1984.

Les Massacres de Paris, Paris, Gallimard, 1935.

Musique mise en paroles, Mortemart, Rougerie, 2015.

Trentetrois sonnets composés au secret, Paris, Éditions de Minuit, 1944 ; nouvelle édition présentée par Florence de Lussy, Paris, Gallimard, 1995.

Une vie pour la Liberté, Paris, Robert Laffont, 1981.

Le Voisinage des cavernes, Paris, Albin Michel, 1971.

Vichy, l’Occupation, la Résistance

Azéma (Jean-Pierre), De Munich à la Libération, Paris, Seuil, 1979.

Baruch (Marc Olivier), Le Régime de Vichy : 19401944, Paris, Tallandier, 2017.

Burrin (Philippe), La France à l’heure allemande, Paris, Seuil, 1995.

Douzou (Laurent), La Résistance française, une histoire périlleuse, Paris, Seuil, 2003.

Laborie (Pierre), Les Français des années troubles : de la guerre d’Espagne à la Libération, Paris, Desclée, 2001.

Marcot (François), avec la collaboration de Bruno Leroux et Christine Levisse-Touzé, Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Robert Laffont, 2006.

Wieviorka (Olivier), Histoire de la Résistance : 19401944, Paris, Perrin, 2013.

Les Enjeux artistiques et littéraires sous l’Occupation et la Libération

Bertrand-Dorléac (Laurence), L’Art de la défaite. 19401944, Paris, Seuil, 1993.

Bertrand-Dorléac (Laurence) et Munck (Jacqueline), LArt en guerre : France 19381947, Paris, Paris-Musées, 2012.

Sapiro (Gisèle), La Guerre des écrivains. 19401953, Paris, Fayard, 1999.

Simonin (Anne), Les Éditions de Minuit. 19421955. Le devoir d’insoumission, Paris, Imec Éditions, 1994.

Simonin (Anne), « La Lettre aux directeurs de la Résistance de Jean Paulhan ; pour une rhétorique de l’engagement », in Antoine de Baecque (dir.), Les Écrivains face à l’histoire, Paris, BPI, 1998.

Témoignages et analyses sur la Résistance

d’Aragon (Charles), La Résistance sans héroïsme, Paris, Seuil, 1977.

Bourdet (Claude), L’Aventure incertaine, Paris, Stock, 1975.

Cordier (Daniel), Alias Caracalla, Paris, Gallimard, 2009.

Jankélévitch (Vladimir), L’Esprit de résistance : textes inédits 19431983, Paris, Albin Michel, 2015.

Vildé (Boris), Journal et lettres de prison, présentés par François Bédarida et Dominique Veillon, Paris, Allia, 1997.

Poésie et Résistance

***, L’Honneur des poètes, Paris, Éditions de Minuit, 1943.

Aragon (Louis), La Diane française, Paris, Seghers, 1993.

Éluard (Paul), Au rendezvous allemand, Paris, Éditions de Minuit, 1945.

Seghers (Pierre), La Résistance et ses poètes, Paris, Seghers, 1970.