Thomas de Quincey

Thomas de Quincey aux éditions Sillage :

15 août 1785 : Naissance à Manchester de Thomas Quincey, fils de Thomas Quincey, négociant en textiles, et d’Elizabeth Penson, issue d’une famille de militaires. De Quincey est le quatrième enfant d’une fratrie de huit.

1790 : Mort de sa cadette Jane Quincey ; une autre sœur, née quelques mois plus tard, portera le même prénom.

1792 : Mort de son aînée, Elizabeth Quincey, victime d’une méningite. Sa chambre mortuaire fera l’objet de plusieurs pages dans l’un des Suspiria de profundis.

1793 : Son père meurt de tuberculose.

1796 : La mère de Thomas quitte Manchester pour Bath, où le garçon est inscrit à la grammar school. Faisant remonter leurs ascendants familiaux jusqu’à un compagnon d’armes de Guillaume le Conquérant, Elizabeth Quincey ajoute une particule à son nom et à celui de ses enfants, qui devient dès lors « De Quincey ».

1797 : Le 1er décembre, son frère aîné William meurt du typhus.

1799 : Entrée à l’école privée de Winkfield, près de Bath ; il est profondément marqué par la lecture des Ballades lyriques de Wordsworth et Coleridge, publiées l’année précédente.

1800 : Inscription à la grammar school de Manchester ; élève très brillant, De Quincey s’y ennuie.

1802 : De Quincey s’échappe de la grammar school de Manchester. Commence une année d’errance, qui le mène au pays de Galles, puis à Londres où, ayant coupé toute relation avec sa famille, il vit dans une extrême pauvreté.

1803 : Ayant repris contact avec sa mère et ses tuteurs, De Quincey s’inscrit au Worcester College, à Oxford. Il entre en correspondance avec Wordsworth.

1804 : Découverte enthousiaste de l’œuvre de Kant. Il s’initie à l’opium, qu’il ingère sous forme de laudanum, et prend l’habitude d’en consommer régulièrement.

1807 : Rencontre avec Coleridge, qui l’introduit dans le cercle des Lakistes et lui présente Wordsworth.

1808 : De Quincey entre au service de Coleridge, alors en très mauvaise santé, notamment du fait de sa propre opiomanie. Il se lie d’amitié avec l’écrivain John Wilson, l’un des futurs responsables du Blackwood’s Edinburgh Magazine, qui deviendra célèbre sous le nom de Blackwood’s Magazine. Il quitte le Worcester College, sans avoir obtenu son diplôme.

1809 : Il s’établit à Grasmere, dans le Lake District ; devenu intime avec les Wordsworth, il réside dans leur ancienne demeure, Dove Cottage, qu’il occupera plus de dix ans. Il se passionne pour la philosophie et la littérature allemandes.

1812 : De Quincey est bouleversé par la mort de la fille de Wordsworth, Catherine, âgée de trois ans. Sa consommation d’opium s’intensifie. Il commence à étudier le droit à Middle Temple, à Londres.

1813 : De Quincey prend désormais de l’opium quotidiennement. Il fait la connaissance de Margaret Simpson, fille d’un fermier du Lake District. Alors que Wordsworth désapprouve nettement cette liaison, De Quincey en fera sa maîtresse, puis son épouse, en 1817.

1814 : En séjour à Édimbourg, De Quincey se lie avec William Hamilton et John Gibson Lockhart.

1816 : Margaret donne naissance hors mariage à un premier enfant, William Penson. Le couple aura par la suite sept autres enfants.

1817 : De Quincey épouse Margaret le 15 février. Leur situation financière est très critique. Malgré les difficultés et une grande différence de condition sociale, les deux époux resteront toujours très unis, en dépit des prédictions pessimistes de Wordsworth.

1818 : Embrassant les opinions politiques tories de Wordsworth, il devient le rédacteur en chef de la Westmoreland Gazette; ce poste lui assure un revenu confortable. Naissance d’un deuxième enfant, Margaret.

1819 : Son travail se ressent de plus en plus de sa dépendance à l’opium. Il est renvoyé en novembre de la Westmoreland Gazette. Sur les conseils de John Wilson, il commence à écrire pour le Blackwood’s Magazine ; c’est le début d’une collaboration très régulière.

1820 : Naissance d’un troisième enfant, Horatio.

1821 : De Quincey se rend à Londres et, cherchant à échapper à ses créanciers, passe l’été en reclus dans un appartement de Covent Garden. Il y rédige les Confessions d’un mangeur d’opium anglais. Publiée sous le pseudonyme « X. Y. Z. » dans le London Magazine, en deux livraisons, la première en août, la seconde en septembre. L ’œuvre rencontre aussitôt un grand succès ; une troisième partie, bien qu’annoncée en décembre, n’est jamais écrite.

1823 : Publication par le London Magazine de ses « Lettres à un jeune homme dont l’éducation a été négligée » et « Du heurt à la porte dans Macbeth ». Naissance d’un quatrième enfant, Francis John, et d’un cinquième l’année suivante, Paul Frederick.

1825 : De Quincey interrompt sa collaboration avec le London Magazine et rejoint le New Times. Rencontrant toujours d’importantes difficultés financières, il est contraint de s’installer avec sa famille dans la ferme des parents de son épouse, dans le Lake District, .

1826 : Écriture d’une nouvelle gothique, Le Paysan du Portugal, qui ne paraîtra jamais. Il écrit à nouveau pour le Blackwood’s Magazine, où est publié le début de sa traduction commentée du Laocoon de Lessing.

1827 : Publication dans le Blackwood’s Magazine de la suite de la traduction du Laocoon, puis des Derniers Jours d’Emmanuel Kant, et de la première partie de De l’assassinat considéré comme un des Beaux-Arts. Il publie également des articles politiques et littéraires dans l’Edinburgh Saturday Post. Naissance d’un sixième enfant, Florence Elizabeth.

1828 : Publication dans le Blackwood’s Magazine de « La Toilette de la dame hébraïque ».

1829 : Naissance d’un septième enfant, Julius.

1831 : Bref séjour en prison, pour dettes.

1832 : Publication d’un roman d’inspiration gothique, Klosterheim, ou le Masque. Mort de son fils Julius, âgé de trois ans.

1833 : Naissance d’une fille, Emily Jane. Il commence à collaborer avec le Tait’s Magazine.

1834 : Publication dans le Tait’s Magazine des premières Esquisses autobiographiques, et de ses Souvenirs de la région des Lacs. Ils seront régulièrement publiés jusqu’en février 1841. Mort de Coleridge le 25 juillet. Parution de la première partie de son texte « Samuel Taylor Coleridge ». Mort de William Penson De Quincey, son fils aîné, le 25 novembre.

1837 : Parution de « La Révolte des Tartares » dans le Blackwood’s Magazine. Son épouse décède du typhus. C’est un terrible choc pour De Quincey, qui est cette année-là plusieurs fois poursuivi pour dettes.

1838 : Publication de deux nouvelles gothiques, Le Naufrage d’une famille et Le Bras de la Vengeance.

1839 : Parution d’une suite à De l’assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, dans le Blackwood’s Magazine. De Quincey écrit également plusieurs articles à propos de Wordsworth, publiés dans le Tait’s Magazine.

1841 : Pour fuir ses créanciers, il s’installe à Glasgow, d’abord chez un professeur d’astronomie, John Pringle Nichol, puis chez un helléniste.

1842 : En proie à une crise d’érysipèle, il augmente sa consommation d’opium. Son travail s’en ressent. Son fils Horace, lieutenant de l’armée britannique, meurt d’une fièvre en Chine.

1844 : Publication de La Logique de l’économie politique. L ’article est salué par John Stuart Mill dans la Westminster Review. Il entame l’écriture des Suspiria de profundis.

1845 : Parution dans le Blackwood’s Magazine de « Coleridge et l’opium » et d’une partie des Suspiria de profundis.

1846 : Décès d’Elizabeth De Quincey, mère de l’écrivain. L ’héritage qu’il perçoit améliore nettement sa situation financière.

1847 : Publication de Jeanne d’Arc et de La Nonne militaire d’Espagne dans le Tait’s Magazine. Séjournant six mois à Glasgow, il écrit pour le North British Daily Mail.

1849 : Publication de La Malle-poste anglaise dans le Blackwood’s Magazine.

1850 : Publication de plusieurs articles dans le Hogg’s Instructor, hebdomadaire de l’éditeur écossais James Hogg. Les œuvres de De Quincey commencent à être publiées aux États-Unis par les éditeurs Ticknor, Reed & Fields.

1853 : Parution de « Judas Iscariote » dans le Hogg’s Instructor. Il se lance dans la révision et la correction de l’intégralité de ses œuvres, afin de les rassembler en une série de quatorze volumes éditée par James Hogg, Selections Grave and Gay, from Writings Published and Unpublished.

1854 : Publication des quatre premiers volumes des Selections Grave and Gay, rassemblant notamment les Esquisses autobiographiques et De l’assassinat considéré comme un des Beaux-Arts. L ’accueil critique est excellent. De Quincey peut désormais vivre de façon confortable.

1856 : Parution du cinquième volume de Selections Grave and Gay, avec la version révisée et augmentée des Confessions d’un mangeur d’opium anglais. La publication des neufs derniers volumes s’étalera jusqu’en 1860. De Quincey collabore au Titan, mensuel fondé par Hogg.

8 décembre 1859 : Mort de Thomas De Quincey à Édimbourg. Il est enterré aux côtés de sa femme Margaret, au cimetière de Saint Cuthbert, à Édimbourg.


Repères bibliographiques

Œuvres

The Works of Thomas De Quincey, Londres, Pickering & Chatto, 21 vol., 2000-2003.

Œuvres, dir. Pascal Aquien, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2011.

Écrits autobiographiques

Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Albert Savine, Paris, P.-V. Stock, 1903. Nouvelle traduction par Éric Dayre sous le titre Esquisses autobiographiques, Paris, José Corti, 2011.

Œuvres littéraires

La Nonne militaire d’Espagne, trad. par Pierre Schneider, Paris, Julliard, 1954.

Lettres à un jeune homme dont l’éducation a été négligée, trad. par Sébastien Marot, Paris, José Corti, 1991.

Justice sanglante, trad. par Roger Kahn, Paris, José Corti, 1995.

La Roue du malheur, trad. par Isabelle Py Balibar, Paris, José Corti, 1996.

Klosterheim, trad. par Liliane Abensour, Paris, José Corti, 1997.

Le Vengeur, trad. par Marc Voline, Paris, Éditions Baleine, 2007.

Le Mortel Tireur, trad. par Rose Ospital, Toulon, Librairie de La Nerthe, 2014.

Essais et articles

Jeanne d’Arc, trad. par Gérard de Contades, Paris, Honoré Champion, 1891. Nouvelle traduction par René Auberjonois et E. Bardeleben (Lausanne, Mermod, 1932).

Les Derniers Jours d’Emmanuel Kant, trad. par Marcel Schwob, Paris, La Vogue, 1899. Nouvelle traduction par Jean-Paul Mourlon (Paris, Mille et une Nuits, 1996).

De l’assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, trad. par André Fontainas, Paris, Mercure de France, 1901. Nouvelles traductions par Maurice Beerblock (Paris, Éditions Eos, 1930), Pierre Leyris (Paris, Le Club français du livre, 1959) et William M. Bailey (Paris, Nouvel Office d’édition, 1963).

La Révolte des Tartares ou la Fuite du Khan des Kalmouks et de son peuple hors des territoires russes jusqu’aux confins de la Chine, trad. par Liliane Abensour et Ann Grieve, Arles, Actes Sud, 1984.

Sur le heurt à la porte dans «Macbeth», trad. par Gérard Macé, Montpellier, Fata Morgana, 1986.

Théorie de la tragédie grecque, trad. par Liliane Abensour et Ann Grieve, Paris, Le Promeneur-Quai Voltaire, 1989.

Aelius Lamia, trad. par Bernard Turle, Paris, Librairie Jullien Cornic, 1989.

Judas Iscariote: essai, trad. par Éric Dayre, Toulouse, Ombres, 1990.

Les Césars, trad. par Michèle Hechter et Claude Bensimon, Paris, Gallimard, 1991.

La Toilette de la dame hébraïque en six tableaux, trad. par Éric Dayre, Gallimard, 1992.

Les Sociétés secrètes, trad. par Liliane Abensour et Ann Grieve, Gallimard, 1994.

Sortilège et astrologie, suivi de De la présence de l’esprit, trad. par Michèle Hechter, Paris, Gallimard, 1997.

Portraits littéraires: souvenirs de la région des Lacs et des poètes lakistes, trad. par Isabelle Py Balibar, Paris, José Corti, 1998.

La Casuistique des repas romains, trad. par Éric Dayre, Paris, Gallimard, 2004.

Essai sur la rhétorique, le langage, le style, trad. par Éric Dayre, Paris, José Corti, 2004.

Philosophie d’Hérodote, trad. par François Théron, Lagrasse,Verdier, 2009.

Bibliographie critique

Baxter Edmund, De Quincey’s Art of Autobiography, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1990.

Burwick Frederick, Thomas De Quincey: Knowledge and Power, Londres, Palgrave, 2001.

Clej Alina, A Genealogy of the Modern Self: Thomas De Quincey and the Intoxication of Writing, Stanford, Stanford University Press, 1995.

De Luca V. A., Thomas De Quincey: The Prose of Vision, Toronto, University of Toronto Press, 1980.

Dendurent H. O., Thomas De Quincey: A Reference Guide, Boston, G. K. Hall, 1978.

McDonagh Josephine, De Quincey’s Disciplines, Oxford, Oxford University Press, 1994.

Morrison Robert et Roberts Daniel Sanjiv, Thomas De Quincey: New Thoretical and Critical Directions, Londres, Routledge, 2007.

Porée Marc, Synthèses sur «Confessions of an English Opium-Eater», Nantes, Éditions du Temps, 2003.

Whale John C., Thomas de Quincey’s Reluctant Autobiography, Londres, Barnes & Noble, 1984.

Young Michael Cochise, « The True Hero of the Tale : De Quincey’s Confessions and Affective Autobiographical Theory », Thomas de Quincey: Bicentenary Studies, R. L. Snyder éd., Norman et Londres, University of Oklahoma Press, 1985.

Biographies

Moreux Françoise, Thomas de Quincey: la vie, l’homme, l’œuvre, Paris, P.U.F., 1964.

Eaton Horace Ainsworth, Thomas de Quincey: A Biography, New York et Londres, Oxford University Press, 1936.

Findlay John Ritchie, Personal Recollections of Thomas de Quincey, Édimbourg, Adam & Charles Black, 1886 ; trad. par Michèle Hechter sous le titre Les Derniers Jours de Thomas de Quincey, Paris, Gallimard, 1997.

Morrison Robert, The English Opium-Eater: A Biography of Thomas De Quincey, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 2009.