Iouri Olecha

Iouri Olecha aux éditions Sillage : 

1899 : Iouri Olecha naît le 3 mars à Elisavetgrad (aujourd’hui Kirovograd), en Ukraine. Il est issu d’une famille d’aristocrates polonais ruinés.

1902 : Les Olecha déménagent à Odessa, où Iouri passe son enfance et son adolescence. Son père est employé dans une distillerie de vodka. Olecha ne fréquente pas l’école, mais suit des cours à domicile. Sa grand-mère polonaise lui enseigne le russe et les mathématiques.

1908 : Il intègre le lycée Rishelevskii, à Odessa.

1916 : Olecha publie ses premiers poèmes dans le Bulletin d’Odessa.

1917 : Olecha quitte le lycée avec les honneurs en langue et littérature. Il s’inscrit à l’Université Novorossiikii d’Odessa où il étudie le droit pendant deux ans. Il continue d’écrire de la poésie, influencé par des auteurs comme Alexander Blok ou Igor Severyanin. Sa ballade Clarimonda paraît dans le Bulletin d’Odessa. À la même époque, il fréquente un cercle littéraire politiquement engagé dont Ilia Ilf et Valentin Kataïev sont également membres. Kataïev et lui deviennent inséparables. La Révolution bolchevique éclate l’année de ses dix-huit ans. Il commence à travailler pour l’agence de presse Iougrosta, qui deviendra plus tard l’agence TASS.

1919 : Au plus fort de la guerre civile en Ukraine, Wanda, la sœur d’Olecha, meurt de la typhoïde. Olecha s’engage dans l’Armée Rouge pour un an. Il devient standardiste dans un bataillon de l’artillerie navale de la Mer Noire. La même année, il épouse Olga Gustavovna Suok.

1921 : Il s’installe à Kharkov. Alors qu’il travaille à nouveau pour la Iougrosta, il publie son premier récit, L’Ange, dans le journal de Kharkov Prolit.

1922 : Olecha déménage à Moscou. C’est au journal Gudok, l’organe de presse officiel du syndicat des cheminots, qu’il débute sa carrière littéraire. Il y publie des « feuilletons en vers », des satires poétiques sur la bureaucratie et les conditions de vie difficiles dans la Russie soviétique ; il signe également des articles enthousiastes sur les réalisations du régime. D’autres écrivains y travaillent avec lui : Isaac Babel, Ilia Ilf, Evgueni Pétrov, Mikhaïl Boulgakov, Valentin Kataïev… Il devient bientôt un membre influent de l’équipe éditoriale. Durant cinq ans, il publie plus de cinq cent chroniques, qui sont largement appréciées et dont certaines sont ensuite réunies en recueil (en 1924 puis en 1927).

1924 : Olecha termine l’écriture de Les Trois Gros, conte destiné aux enfants mais néanmoins très politique, qui ne trouvera pas d’éditeur avant 1928.

1927 : Publication de son premier roman, L’Envie, dans le magazine littéraire Krasnaya Nov. Radicalement novateur dans sa mise en cause de la nouvelle société soviétique, le roman remporte un grand succès, aussi bien public que critique. Il commence ensuite l’écriture d’une pièce de théâtre, La Mort de Zand, qu’il réécrira sous le titre Le Mendiant. La pièce se joue au Théâtre d’Art de Moscou alors qu’elle est encore inachevée.

1928 : Publication de sa nouvelle la plus célèbre, Liompa. Sa notoriété s’accroit.

1929 : L’Envie est adapté au théâtre sous le titre L’Homme inutile ou La Conspiration des sentiments. Parution de la nouvelle LAmour.

1930 : Le 14 avril, suicide de Vladimir Maïakosvki, dont Olecha est un admirateur. Le 5 mai, Olecha commence l’écriture de son journal. La même année, son conte Les Trois Gros est adapté au théâtre par Constantin Stanislavski et joué au Théâtre d’Art de Moscou.

1931 : Olecha écrit une nouvelle pièce, La Liste des avantages, pour le Théâtre Meyerhold à Moscou. La censure sévissant de plus en plus durement, Olecha se tourne vers l’écriture de scénarios pour le cinéma et la traduction d’auteurs turkmènes et ukrainiens.

1932 : Olecha, dans une allocution publique intitulée « Je comprends parfaitement les intérêts de la restructuration », fait part de ses incertitudes quant au contrôle strict exercé sur les écrivains et leurs travaux.

1934 : Menacé par la censure, accusé de lâcheté et d’opportunisme, Olecha prononce son autocritique au premier Congrès de l’Union des écrivains et promet un roman respectant les nouvelles consignes soviétiques, tout en tâchant de défendre l’indépendance de la littérature. Ce roman ne sera jamais écrit. La même année, il compose un scénario intitulé Le Jeune Homme sévère, porté à l’écran deux ans plus tard par Abram Room. Le scénario d’Olecha avait été approuvé par la censure, mais l’adaptation cinématographique est interdite à sa sortie ; Abram Room se trouve rétrogradé au rang d’assistant pour avoir promu des idées pessimistes à l’égard du communisme.

1935 : Les Trois Gros est transposé en ballet au Théâtre du Bolchoï.

1936 : Le même conte fait l’objet d’une adaptation à l’opéra. Publication de sa nouvelle Natasha.

1937 : Au plus fort des « Grandes Purges », Olecha est interdit de publication, accusé d’« antihumanisme ». L’écriture d’Olecha devient de plus en plus fragmentaire. Il sombre peu à peu dans l’alcool ; sa situation financière est critique.

1939 : Pour appliquer la doctrine esthétique du réalisme socialiste, Olecha écrit le scénario du film d’Aleksandr Matcheret, La Faute de l’ingénieur Kotchine, qui exalte le NKVD et condamne les « ennemis du peuple ».

1956 : À la faveur de la période de dégel qui suit l’accession au pouvoir de Khrouchtchev, quelques extraits de son journal paraissent en Union Soviétique. Les dernières années de la vie d’Olecha sont occupées par la composition d’un nouveau livre, Pas de jour sans une ligne, dont le plan est inspiré de son journal.

1959 : Après avoir mis en scène L’Idiot de Dostoïevski au Théâtre Vakhtangov, il écrit une adaptation des Fleurs Tardives de Tchekhov, qui sera portée à l’écran en 1970.

1960 : Le 10 mai, Iouri Olecha meurt d’une crise cardiaque, à Moscou, pauvre et isolé.

1965 : Sa veuve fait paraître une édition posthume et expurgée de Pas de jour sans une ligne. Sa version intégrale sera publiée en français en 2006 sous le titre Le Livre des Adieux.


Repères bibliographiques

Œuvres traduites en français

Les Trois Méchants Gros, trad. par Stéphanie Merley, Paris, Éditions Sociales Internationales, 1936. Nouvelle traduction, sous le titre Les Trois Gros, par Paul Lequesne, Lausanne, L’Âge d’homme, 2005.

Le Mendiant ou La Mort de Zand, trad. par Luba Jurgenson, Lausanne, L ’Âge d’homme, 1990.

Nouvelles et récits, suivi de Le Jeune Homme sévère, trad. par Paul Lequesne, Lausanne, L ’Âge d’homme, 1995.

Pas de jour sans une ligne, trad. par Paul Lequesne, Lausanne, L ’Âge d’homme, 1995.

Nouvelle traduction, sous le titre Le Livre des Adieux, par Marianne Gourg, Monaco, Éditions Anatolia, 2006.

Parricide, trad. par Marina Berger et Lioubov Soudbé, Paris, Stalker, 2006.

La Conspiration des sentiments (adaptation théâtrale de L ’Envie), trad. par Marianne Gourg, Lausanne, L’Âge d’homme, 2014.