Stefan Zweig

Stefan Zweig aux éditions Sillage : 

1881 : Fils de Moritz Zweig, industriel juif ayant fait fortune dans le textile, et d’Ida Brettauer, fille d’un banquier, Stefan Zweig naît le 28 novembre à Vienne, en Autriche.

1891 : Il entre au Maximilian Gymnasium, lycée réputé qu’il décrit comme un bagne. Élevé dans l’atmosphère cosmopolite et bourgeoise de la Vienne impériale, Zweig se passionne très jeune pour la littérature, la philosophie et les beaux-arts. Il découvre Hugo von Hofmannsthal et Rainer Maria Rilke, influences constantes dans ses poèmes.

1898 : Il fait paraître son premier texte, un poème, Rosenknospen (Bouton de rose), dans la revue de Karl Emil Franzos, Die Zukunft.

1900 : En dépit de résultats passables, Zweig obtient son baccalauréat avec une distinction en allemand et en histoire. Il s’engage ensuite dans des études universitaires de philosophie et d’histoire de la littérature. Il est associé au mouvement avant-gardiste Jeune Vienne, cercle littéraire fréquenté par Arthur Schnitzler, Felix Salten, Peter Altenberg et Hugo von Hofmannsthal.

1901 : Parution du recueil Silberne Saiten (Cordes d’argent) dans lequel Zweig regroupe une cinquantaine de ses meilleurs poèmes. Il n’en permettra jamais la réimpression. Sa première nouvelle, Im Schnee (Dans la neige), est publiée dans le journal viennois Die Welt.

1902 : Rencontre à Bruxelles le poète alors méconnu Émile Verhaeren. Il deviendra son traducteur et biographe mais aussi son ami et inspirateur. Grand admirateur de l’oeuvre de Verlaine, il traduit et préface une édition de ses poèmes.

1903 : Zweig séjourne à Berlin où il s’initie à la vie de bohème et découvre les romans de Dostoïevski et la peinture d’Edvard Munch.

1904 : De retour à Vienne, il soutient sa thèse sur Hippolyte Taine. Il est reçu docteur en philosophie. En voyage à Paris, Zweig se lie d’amitié avec Jules Romains ; par la suite ils écriront ensemble une adaptation de Volpone, pièce de Ben Jonson. Parution du recueil de nouvelles Die Liebe der Erika Ewald (L’Amour d’Erika Ewald).

1907 : Publication des poèmes Die frühen Kränze (Les Guirlandes précoces) et de la pièce de théâtre Tersites (Thersite). Zweig voyage dans toute l’Europe.

1910 : Se rend en Inde. Parution d’Emile Verhaeren, qui contribuera à faire connaître le poète.

1911 : Rencontre Romain Rolland. Début d’une profonde amitié, d’une admiration réciproque et d’une longue correspondance. Séjours aux États-Unis, à Cuba, au Mexique. Publication de la pièce Das Haus am Meer (La Maison au bord de la mer).

1914 : La Première Guerre mondiale éclate. Jugé inapte au combat, Zweig est enrôlé dans les services de propagande. Fervent pacifiste, il voit dans le conflit l’écroulement d’un monde ; ses écrits en resteront profondément marqués. Début d’une idylle avec Friderike von Winternitz, écrivaine, journaliste et traductrice rencontrée en 1912. Mère de deux filles, elle se sépare de son mari. Zweig l’épousera en 1920.

1916 : Publication de la pièce de théâtre Jeremias (Jérémie), violente protestation antimilitariste.

1919 : Zweig quitte Vienne pour Salzbourg en compagnie de Friderike. Il y restera quinze ans et y écrira ses plus célèbres nouvelles parmi lesquelles Verwirrung der Gefühle (La Confusion des sentiments, 1926) et Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau (Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, 1927). Après la guerre sa villa deviendra un havre de paix où se succèdent amis, écrivains et penseurs du monde entier.

1920 : Drei Meister (Trois Maîtres), essai sur Balzac, Dickens et Dostoïevski.

1922 : Le recueil de nouvelles Amok assied sa notoriété, lui épargnant ainsi les difficultés financières de l’après-guerre.

1925 : Publication de Der Kampf mit dem Dämon (Le Combat avec le démon), essai sur Kleist, Hölderlin et Nietzsche, et du recueil de nouvelles Angst (La Peur).

1927 : Considéré comme son chef d’oeuvre scénique, Volpone, adaptation du dramaturge anglais Ben Jonson coécrite avec Jules Romains, reçoit un accueil international chaleureux.

1928 : Parution de Drei Dichter ihres Lebens (Trois poètes de leur vie), essai sur Stendhal, Casanova et Tolstoï, et d’une biographie de Joseph Fouché.

1931 : Die Heilung durch den Geist (La Guérison par l’esprit), essai sur Freud, Mesmer et Mary Bake-Eddy. La démarche romanesque de Zweig, ses intuitions psychologiques surprenantes, sont marquées par les théories de Freud avec qui il correspondra longuement.

1932 : Succès de la publication de Marie-Antoinette.

1933 : Les nazis prennent le pouvoir en Allemagne ; les ouvrages du « juif » Zweig sont brûlés.

1934 : Publication de Triumph und Tragik des Erasmus von Rotterdam, (Érasme, Grandeur et décadence d’une idée).

1935 : Face à la montée du péril nazi, et contre l’avis de ses proches, il s’exile à Londres, où il travaille à une biographie de Marie Stuart qui paraît la même année. Il ne fera plus que de brefs passages à Vienne. Zweig s’éloigne de Friderike, qui refuse de le rejoindre en Angleterre, jugeant ses craintes infondées, et entame une liaison avec sa secrétaire, de près de trente ans sa cadette, Charlotte Elisabeth Altmann.

1937 : Der begrabene Leuchter (Le Chandelier enterré), recueil de nouvelles.

1938 : Il termine la rédaction d’une biographie de Magellan, assailli de tourments qui préfigurent une grave dépression. Déchu de sa nationalité autrichienne suite à l’Anschluss, il est devenu un réfugié politique apatride ; il sera finalement naturalisé anglais deux ans plus tard. Divorce de Friderike pour épouser Charlotte Altmann, qui tombe peu après gravement malade. Elle sera affectée jusqu’à sa mort par de graves crises d’asthme.

1939 : Parution de Ungeduld des Herzens (La Pitié dangereuse), considéré comme son seul roman achevé.

1940 : Accompagné de sa femme, il quitte définitivement l’Angleterre et rejoint les États-Unis, abandonnant notes et manuscrits inachevés. Il finit par s’installer à Rio de Janeiro, ville qu’il connaissait pour s’y être rendu en 1936. Sa condition d’expatrié lui pèse lourdement.

1941 : Zweig donne une série de conférences à travers l’Amérique du Sud, revient brièvement à New York puis s’établit à Petropolis, au Brésil, en quête de sérénité. Il écrit Brasilien, Ein Land der Zukunft (Le Brésil, Terre d’avenir), hommage enthousiaste au pays et à ses habitants. Parallèlement, il achève la rédaction de son autobiographie, Die Welt von Gestern (Le Monde d’hier), où en analyste de l’échec d’une civilisation, il retrace l’évolution de l’Europe, confrontant son destin à celui d’une génération et d’une culture perdues. Il écrit Schachnovelle (Le Joueur d’échecs), qui sera publié à titre posthume.

1942 : Moralement détruit par son exil et les suites de la guerre, Zweig se suicide avec son épouse, le 23 février. Il laisse cette lettre :

 Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même. Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux.