Israël Zangwill aux éditions Sillage :
1864 : Israël Zangwill naît à Londres le 21 janvier dans une famille juive pauvre. Ses parents, Mose Zangwill et Ellen Hannah Marks, ont émigré d’Europe de l’Est avant la naissance de leurs cinq enfants.
1872 : Après quelques années à Plymouth et Bristol, Zangwill grandit dans le quartier populaire juif de Whitechapel, dans l’est de Londres. Il est écolier à la Jews’ Free School, où il donnera plus tard des cours.
1880 : Grand lecteur, il commence à écrire des nouvelles. Grâce à l’une d’entre elles, Professor Grimmer, publiée dans la revue Society, il remporte un prix de cinq livres lors d’un concours littéraire.
1882 : Il écrit avec un camarade de classe, sous le pseudonyme de Shloumi Ben Shlemeal, une nouvelle intitulée Motso Kleis. Il s’agit d’une fiction satirique inspirée de l’univers yiddish mettant en scène un juif londonien. La direction de l’école la censure pour ne pas donner une image caricaturale de la communauté.
1884 : Diplômé de l’université de Londres, il est instituteur à la Jews’ Free School.
1888 : Avec Lewis Cowen, il publie sous le pseudonyme de J. Freeman Bell son premier roman, The Premier and The Painter. La même année, il démissionne de la Jews’ Free School, se libérant de la censure exercée par l’establishment juif qui la finance.
1888-1891 : Il est chroniqueur humoristique au Jewish Standard, où il tient une rubrique sous le nom de Marshallik (« le bouffon des mariages »).
1889 : Il écrit dans la Jewish Quarterly Review un article intitulé « English Judaism, a Criticism and a Clarification » qui connaît un certain retentissement.
1890 : Zangwill crée le magazine humoristique Ariel or The London Puck, sur le modèle de la revue Punch. Il le dirigera durant plusieurs années. Tout au long de cette décennie, il continue de rédiger articles et chroniques pour des magazines britanniques et américains. Il appartient à un groupe de jeunes intellectuels juifs londoniens : les Wanderers of Kilburn (Solomon Schechter, Moses Gaster, Israël Abrahams…).
1891 : Zangwill remporte un franc succès avec la publication des nouvelles de The Bachelors’ Club. Il peut désormais compter sur ses textes pour vivre.
1892 : Il participe à la revue de son ami Jerome K. Jerome, The Idler, avec d’autres new humourists comme Twain, Conan Doyle ou Kipling. La même année, le juge américain Mayer Sulzberger lui commande un roman social se déroulant dans l’univers juif, à la manière du Robert Ellsmere de Mary Ward, afin de promouvoir une littérature juive de langue anglaise. Children of The Ghetto permet à Zangwill d’accéder à la notoriété aussi bien en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis et lui vaut le surnom de « Dickens juif ». Sa pièce The Great Demonstration est jouée au Royalty Theatre de Londres.
1894 : Publication de The King of Schnorrers, après une première parution en livraison dans la revue The Idler. Cette longue nouvelle comique met en scène un personnage de schnorrer, figure récurrente de la littérature yiddish, mendiant qui permet au riche de pratiquer la charité requise par les textes sacrés.
1895 : Zangwill rencontre Theodor Herzl, qui prépare la fondation du mouvement sioniste. La même année, il rencontre Edith Ayrton, sa future femme, chez une amie commune.
1896 : Parution de Without Prejudice, compilation d’essais adaptés de ses articles de presse.
1897 : Zangwill voyage en Europe et au Moyen-Orient. Au mois d’août, il assiste au premier congrès sioniste de Bâle.
1898 : Parution des nouvelles Dreamers of The Ghetto, qui dressent une galerie de portraits fictionnels de membres de la communauté juive, tels que Theodor Herzl, Spinoza ou encore le messie autoproclamé Sabbataï Tsevi. Il entreprend au mois de septembre un tour des États-Unis au cours duquel il propose des lectures.
1899 : Dans les nouvelles de Ghetto Tragedies, Zangwill décrit une communauté qui s’adapte à une société assimilatrice tout en revendiquant son identité singulière. Sa pièce Children of The Ghetto est interprétée à New York, Washington, Baltimore et Philadelphie.
1900 : The Mantle of Elijah paraît en volume après avoir été publié en livraison dans la revue Harper’s. Zangwill en envoie une copie inédite à Edith Ayrton qu’il emmène cette année-là à la synagogue pour Yom Kippour. Il l’encourage dans l’écriture de ses nouvelles et l’aide à se faire publier.
1901 : Il devient l’ami d’un des principaux dirigeants du mouvement sioniste, Max Nordau.
1903 : Zangwill soutient le « projet Ouganda » au sixième congrès sioniste de Bâle, proposition britannique d’implantation temporaire de la communauté juive en Afrique de l’Est. Il publie un recueil de poèmes, Blind Children, ainsi que The Grey Wig, Stories and Novelettes. Le 26 novembre, Zangwill épouse Edith Ayrton.
1904 : Péguy publie une nouvelle de Zangwill, Chad Gadya, dans les Cahiers de la Quinzaine, ce qui le fait découvrir du public français. Avec son épouse, il passe la majeure partie de l’année à New York où ils assistent aux répétitions et aux représentations de ses pièces. Zangwill donne de nombreux discours en faveur du « projet Ouganda ».
1905 : Lors du septième congrès sioniste, le « projet Ouganda » est finalement rejeté. Zangwill forme alors la Jewish Territorial Organization : son but est de trouver une terre d’accueil pour le peuple juif, pas nécessairement en Palestine (principe du territorialisme). Le plus grand succès de l’organisation de Zangwill sera le Galveston Plan, établi en collaboration avec Jacob Schiff. Il permettra à 10 000 juifs d’émigrer aux États-Unis entre 1907 et 1914.
1906 : Naissance de son premier enfant, George.
1907 : Parution des Ghetto Comedies. Zangwill consacre désormais une grande partie de son temps à une carrière politique et milite pour le droit de vote des femmes, avec son épouse et sa belle-mère, au sein de la Women’s Social and Political Union. Il est aussi l’un des fondateurs de la Men’s League for Women’s Suffrage.
1908 : Première représentation aux États-Unis de sa pièce la plus célèbre : The Melting Pot (à l’origine de l’expression encore utilisée aux États-Unis). Le président Roosevelt assiste à la première le 5 octobre.
1910 : Naissance de son deuxième enfant, Margaret. En octobre, il écrit « Mr. More and The Congo », qui dénonce l’exploitation du Congo par les colons belges.
1912 : Sa pièce The Next Religion est montée à Londres, mais censurée pour raison religieuse.
1913 : Naissance de son troisième enfant, Oliver.
1914 : Zangwill s’engage dans l’Union of Democratic Control, qui s’oppose à l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne.
1915 : Children of The Ghetto et The Melting Pot sont adaptés au cinéma aux États-Unis. Zangwill apporte son soutien aux brigades juives dirigées par le colonel Patterson afin de combattre l’Empire ottoman en Palestine aux côtés des Anglais.
1916 : Publication de The War for The World.
1917 : Après la déclaration Balfour, Zangwill n’a pas d’autre choix que de revenir vers le mouvement sioniste et d’abandonner l’idée du territorialisme – tout en insistant sur le fait que le peuple juif a besoin d’une terre autonome qui ne serait pas sous autorité britannique. Mort de sa mère au mois de mars.
1919 : Parution de son roman Jinny The Carrier.
1922 : Au mois d’octobre, Edith et Israël font un voyage à vélo en Italie et rendent visite à Bernard Berenson à la Villa I Tatti.
1923 : Zangwill déclare : « Le sionisme politique est mort » à Carnegie Hall et critique la politique sioniste de l’époque. Il publie une traduction des poèmes de Salomon Ibn Gabirol.
1925 : Des problèmes de santé le contraignent à abandonner la direction de la Jewish Territorial Organization.
1926 : Il meurt le 1er août d’une pneumonie.
Œuvres en anglais
The Works of Israel Zangwill, Londres, Globe Publishing, 1925 (14 volumes).
Speeches, articles and letters of Israel Zangwill, Maurice Simon ed., Londres, The Soncino Press, 1937.
Traductions françaises
Chad Gadya !, trad. par Mathilde Salomon, Paris, Cahiers de la Quinzaine, 1904 (retraduit sous le titre : ’Had Gadya, par Marcel Girette, Paris, G. Crès, 1921 ; ’Had Gadya, par Richard Zrehen, Paris, Les Belles Lettres, 1999).
Le Principe des nationalités, trad. par Marcel Girette, Paris, Didier, 1918.
Ce n’est que Mary-Ann, trad. par Marcel Girette, Paris, G. Crès, 1919.
Les Rêveurs du Ghetto, trad. par Marcel Girette, Paris, G. Crès, 3 vol., 1920-1922 (retraduit sous le titre : Rêveurs du Ghetto, par Marie-Brunette Spire, Bruxelles, Éditions Complexe, 1994).
Les Enfants du Ghetto, trad. par Pierre Mille, Paris, G. Crès, 1921 (retraduit sous le titre : Enfants du Ghetto : étude d’un peuple singulier, par Marie-Brunette Spire, Paris, Les Belles Lettres, 2012).
« Flutter-Duck », ou Le Canard agité, trad. par L. Blumenfeld, Paris, Stock, Delamain, Boutelleau et Cie, 1923.
Fantaisies italiennes, trad. par Marcel Girette, Paris, G. Crès, 1924.
La Voix de Jérusalem, trad. par Andrée Jouve, Paris, Rieder, 1926.
Tragédies du Ghetto, trad. par Charles Mauron, Paris, Hazan, 1928.
Comédies du Ghetto, trad. par Marcel Girette, Paris, Rieder, 1928.
Nouvelles Comédies du Ghetto, trad. par Marcel Girette, Paris, Rieder, 1930.
Le Grand Mystère du Bow, trad. par Sylvie Rozenker, Toulouse, Éditions Ombres, 1998.
Bibliographie critique
Lipman V. D., Social History of The Jews in England, 1850-1950, Londres, Watts, 1954.
Leftwich Joseph, Israel Zangwill, Londres, James Clarke, 1957.
Wohlgelernter Maurice, Israel Zangwill, a Study, New York, Columbia University Press, 1964.
Fishman William J., East End Jewish Radicals, 1875-1914, Londres, Duckworth, 1973.
Gartner Lloyd P., The Jewish Immigrant in England, 1870-1914, Londres, Simon Publications, 1973.
Udelson Joseph H., Dreamer of The Ghetto, The Life and Works of Israel Zangwill, Tuscaloosa et Londres, University of Alabama Press, 1990.
Rochelson Meri-Jane, A Jew in The Public Arena : The Career of Israel Zangwill, Detroit, Wayne State University Press, 2008.