Lu Xun

Lu Xun aux éditions Sillage :

1881 : Le 25 septembre, naissance de Lu Xun, de son vrai nom Zhou Shuren, à Shaoxing, province de Zhejiang, en Chine. Il grandit au sein d’une riche et ancienne famille de lettrés dont la fortune s’amenuise peu à peu. Son grand-père, Zhou Fuqin, après des études brillantes, n’a fait qu’une carrière médiocre ; son père, Zhou Boyi, a échoué aux examens officiels et vit de la location des terres familiales.

1893 : Son grand-père est accusé de corruption, dans un scandale qui implique également le père de Lu Xun. Il est emprisonné et condamné à être décapité. La sentence sera commuée en une peine de prison. Après cet épisode désastreux, le père de Lu Xun, dont la santé est chancelante, se met à abuser de la boisson et de l’opium.

1896 : Le père de Lu Xun meurt à l’âge de 37 ans, probablement d’une crise d’asthme. La famille est ruinée.

1898 : Lu Xun s’inscrit à l’École navale de Jiangnan à Nankin. On y enseigne les « matières occidentales » (sciences naturelles, mathématiques, géographie…), plutôt mal considérées en Chine à l’époque.

1899 : Lu Xun abandonne l’École navale et entre à l’École des mines et des chemins de fer, toujours à Nankin. Il découvre la littérature et la philosophie occidentales, et étudie assidûment l’anglais, l’allemand et le français.

1901 : Son grand-père est gracié et sort de prison.

1902 : Étudiant brillant, il sort diplômé de l’École des mines et part au Japon avec une bourse officielle pour entamer des études de médecine occidentale à l’école Kobun à Tokyo. La même année, il publie la première traduction chinoise de Voyage autour de la Lune de Jules Verne.

1904 : Il entre à l’École de médecine de Sendai au Japon.

1906 : Il abandonne finalement la médecine pour la littérature, un choix qu’il commentera plus tard en expliquant que la véritable urgence lui semblait désormais de changer les mentalités, avant que de soigner les corps. Affolée par une rumeur lui prêtant une compagne japonaise, sa mère arrange son mariage avec une jeune chinoise élevée selon les traditions et à peu près illettrée, Zhu An. Ils ne vivront jamais ensemble, même si Lu Xun pourvoira toute sa vie à ses besoins. Il retourne au Japon quelques jours après la cérémonie.

1907 : Il écrit pour la revue Henan ses premiers essais, regroupés dans le recueil La Tombe.

1908 : Il devient membre du Guangfuhui (« Société de Restauration »), une organisation révolutionnaire chinoise très proche du Tongmenghui de Sun Yat-sen, qui jouera un grand rôle dans la Révolution chinoise de 1911.

1909 : Il rentre en Chine et enseigne la physique et la chimie à Hangzhou, puis à Shaoxing, sa ville natale. Il vit ce retour comme un échec. La situation financière de sa famille est toujours très mauvaise. Il commence à boire beaucoup, habitude dont il ne se départira pas jusqu’à sa mort.

1911 : La Révolution chinoise met fin à la dynastie des Qing. Lu Xun accueille l’événement avec enthousiasme.

1912 : Le 1er janvier, Sun Yat-sen proclame la République à Nankin et devient président provisoire. La présidence est transférée en mars à Yuan Shikai, général prestigieux dont les positions à l’égard de la Révolution sont ambigües. Le premier gouvernement provisoire nomme Lu Xun au conseil du ministère de l’Éducation, à Nankin, en février ; l’administration de Yuan Shikai le confirme dans ses fonctions et il rejoint le nouveau ministère à Pékin, où il vivra jusqu’en 1926.

1913-1916 : Dérive autoritaire du régime de Yuan Shikai, qui s’autoproclame Empereur fin 1915 mais meurt en juin 1916, précipitant la Chine dans une longue période de troubles. Lu Xun, très affecté, se consacre essentiellement à l’étude de la littérature et de la poésie chinoises classiques.

1918 : Lu Xun rejoint à l’université de Pékin le groupe d’intellectuels progressistes qui animent la revue Nouvelle Jeunesse (Xinqingnian) depuis 1915. Il y publie Le Journal d’un fou, premier texte signé de son pseudonyme Lu Xun, qui le rend immédiatement célèbre.

1919-1920 : Il publie régulièrement des nouvelles dans Nouvelle Jeunesse, ainsi que dans d’autres journaux et revues. Il enseigne à l’université de Pékin, à l’École normale supérieure nationale et à l’École normale de jeunes filles.

1921 : En juillet, fondation à Shanghai du Parti commu-niste chinois. Publication de La Véritable Histoire de Ah Q dans un journal de Pékin, Le Matin.

1923 : Publication de son premier recueil, Le Cri, qui regroupe quatorze nouvelles, dont La Véritable Histoire de Ah Q.

1924 : Premiers symptômes de tuberculose.

1925 : Début d’une relation amoureuse durable avec l’une de ses étudiantes, Xu Guangping. Il fonde la revue littéraire La Plaine stérile, dont une trentaine de numéros paraîtront.

1926 : Son soutien public à des manifestations férocement réprimées l’oblige à fuir la capitale. Il part enseigner la littérature à Xiamen, où il est mal reçu.

1927 : Il quitte Xiamen pour enseigner à Canton. Lu Xun épouse Xu Guangping, et devient doyen de l’université Sun Yat-sen à Canton. Il noue des relations avec des membres du Kuomintang de Tchang Kaï-chek, ainsi qu’avec des membres du Parti communiste. Après le massacre des communistes de Shanghai commandité par le Kuomintang en avril 1927, il démissionne de son poste. Il publie un recueil de poèmes en prose, La Mauvaise Herbe. Il est alors devenu l’un des intellectuels les plus célèbres de Chine.

1928 : Il fonde la revue Le Torrent. Il publie son auto-biographie, Fleurs du matin cueillies le soir.

1929 : Naissance de son fils Haiying.

1931 : En janvier, le Kuomintang introduit de nouvelles lois de censure, au nom desquelles des dizaines d’écrivains et d’intellectuels sont arrêtés et exécutés. Lu Xun se cache et échappe de peu à l’arrestation. Il renonce à écrire des œuvres de fiction. Il se consacre à des traductions, notamment d’auteurs russes, et à l’écriture de nombreux essais politiques.

1935 : Il envoie un télégramme à Mao Zedong pour le féliciter du succès de la Longue Marche. Le Parti communiste lui offre d’écrire un roman de propagande, ce qu’il refuse.

1936 : Le 19 octobre, Lu Xun meurt à Shanghai des suites de la tuberculose.


Repères bibliographiques

Œuvres en français

Une édition en langue française des Œuvres choisies de Lu Xun, regroupant un large choix de nouvelles et d’essais, en quatre volumes, est parue, dans une traduction anonyme, à Pékin, aux « Éditions en langues étrangères », de 1981 (vol. I) à 1986 (vol. IV).

Œuvres littéraires

Choix de nouvelles de Lou Shun, trad. par Tchang Tien-ya, Pékin, Impr. de la « Politique de Pékin », 1932.

La Véritable Histoire de Ah Q, trad. par Paul Jamati, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1953.

Contes anciens à notre manière, trad. et éd. par Li Tche-houa, Paris, Gallimard-Unesco, 1959.

La Véritable Histoire de Ah Q, trad. anonyme, Pékin, Éditions en langues étrangères, 1973.

La Mauvaise Herbe, trad. et éd. par Pierre Ryckmans, Paris, U.G.E., 1975.

La Véridique Histoire d’AQ, trad. par Martine Vallette-Hémery, Paris, Centre de publication Asie orientale, Université Paris VII, 1975.

Le Journal d’un fou suivi de La Véritable Histoire de Ah Q, trad. anonyme, Paris, Stock, 1981.

Poèmes, trad. par Michelle Loi, Paris, Arfuyen, 1985.

Histoire d’A Q : véridique biographie, trad. par Michelle Loi, Paris, Librairie générale française, 1989.

Cris, trad. par Joël Bellassen, Feng Hanjin, Jean Join et Michelle Loi, Paris, Albin Michel, 1995.

Errances, trad. et éd. par Sebastian Veg, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2004.

Errances, trad. par Jacques Meunier, Paris, You Feng, 2004.

Cris, trad. et éd. par Sebastian Veg, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2010.

Histoires anciennes revisitées, trad. par Alexis Brossollet, Paris, Éditions du Non-agir, 2014.

Réveiller les morts, trad. par Alexis Brossollet, Paris, Éditions du Non-agir, 2014.

La Véridique Histoire d’Ah Q, trad. par Alexis Brossollet, Éditions du Non-agir, 2015.

Nouvelles et poèmes en prose (comprend les recueils Cris, Errances et Mauvaises herbes), trad. et éd. par Sebastian Veg, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2015.

Essais

Un combattant comme ça, trad. et éd. par Michelle Loi et le Groupe « Luxun » de l’université de Paris VIII-Vincennes, Paris, Presses de l’université Paris VIII-Vincennes, 1973.

Essais choisis, I et II, trad. [de l’anglais] par Liliane Princet, U.G.E., 1976.

Fleurs du matin cueillies le soir, trad. par François Jullien, Lausanne, Alfred Eibel, 1976.

Pamphlets et libelles (19251936), trad. et éd. par Michelle Loi, Paris, François Maspero, 1977.

Sous le dais fleuri, trad. par François Jullien, Lausanne, Alfred Eibel, 1978.

Sur la langue et l’écriture chinoises, trad. et éd. par Michelle Loi, Paris, Aubier-Montaigne, 1979.

La Tombe, trad. et éd. par Michelle Loi, Paris, Acropole-Unesco, 1981.

Causerie d’un profane sur la langue et la littérature, trad. et éd. par Ng Yok-soon, Cologne, Kai Yeh, 1981.

La Vie et la mort injustes des femmes, trad. et éd. par Michelle Loi, Paris, Mercure de France, 1985.

La Littérature en dentelles. Essais, trad. par le Groupe « Luxun » de l’université Paris VIII-Vincennes, Paris, Acropole-Unesco, 1987.

Brève histoire du roman chinois, trad. par Charles Bisotto, Paris, Gallimard, 1993.

Études critiques

Jullien, François, Lu Xun : écriture et révolution, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1979.

Jullien, François (éd.), Fonctions d’un classique. Lu Xun dans la Chine contemporaine. 19751977, Cahiers Luxun, n° 1 (seul numéro paru), Lausanne, Alfred Eibel, 1978.

Krebsova, Berta, Lu Sün, sa vie et son œuvre, Prague, Éditions de l’académie tchécoslovaque des sciences, 1953.

Lee, Leo Ou-fan, Lu Xun and his legacy, Berkeley, University of California Press, 1985.

Lee, Leo Ou-fan, Voices from the Iron House: A Study of Lu Xun, Bloomington, Indiana University Press, 1987.

Loi, Michelle, Lu Xun. Histoire d’A Q : véridique biographie, Paris, PUF, 1990.

Zhihao, Lin, La Vie de Luxun, trad. par le Groupe Luxun de l’université de Paris VIII-Vincennes, Pékin, Éditions en langues étrangères, 1990.