Roberto Arlt

Robert Arlt aux éditions Sillage

1900 : Le 26 avril, naissance de Roberto Arlt à Buenos Aires. L’enfant grandit dans des conditions misérables. Son père, Karl Arlt, personnage bohème, émigré prussien, gagne sa vie comme souffleur de verre et terrorise son fils par des réprimandes et des menaces incessantes. Bien que l’allemand soit utilisé au sein du cercle familial, Ekatherine Iobstraibitzer, la mère, d’origine tyrolienne, a vécu à Trieste et parle italien. Elle transmettra à son fils le goût pour l’occultisme et la littérature.

1906 : Entrée à l’école primaire. Roberto Arlt entame une scolarité difficile ; son indiscipline lui vaudra d’être à de nombreuses reprises renvoyé des établissements dans lesquels on l’inscrit.

1915 : Il interrompt ses études et exerce une multitude de petits métiers, tels que peintre en bâtiment, ferblantier, briquetier, mais aussi libraire. Il fréquente assidûment une bibliothèque de son quartier et se passionne pour les auteurs russes.

1916 : Reprenant ses études, Arlt s’inscrit à l’École mécanique de la Marine, dont il est rapidement expulsé. En conflit avec son père, il quitte le foyer familial.

1917 : Au cours des nombreuses soirées organisées autour d’une revue locale, La Idea, il se lie d’amitié avec le futur homme de lettres Conrado Nalé Roxlo.

1918 : En juin, parution d’un premier récit, Jehová (Jéhovah), dans la Revista Popular.

1920 : En janvier, le journal Tribuna Libre publie son essai Las Ciencias ocultas en la ciudad de Buenos Aires (Les Sciences occultes dans la ville de Buenos Aires), qui jette les bases de sa poétique future et dans lequel il s’en prend aux codes littéraires en vigueur. Le 10 mars, il part effectuer son service militaire à Córdoba, dans le centre du pays. Arlt commence à travailler à un roman intitulé La Vida puerca (La Vie dégoûtante).

1921 : Le 31 mai, il épouse Carmen Antinucci. La dot de sa femme lui permet de se lancer dans une série d’entreprises commerciales qui se solderont toutes par des échecs. Les premières tensions apparaissent vite au sein du ménage. Il collabore au journal Patria, publié par laLigue patriotique argentine, organisation paramilitaire nationaliste.

1922 : L’épouse d’Arlt souffrant de tuberculose, le couple achète une maison à Cosquín, sur les hauteurs de la province de Córdoba.

1923 : Le 25 janvier, naissance d’une fille, Mirta Electra.

1924 : Arlt revient s’installer à Buenos Aires. Il entame une collaboration avec les journaux Extrema Izquierda, Izquierda et Última Hora.

1925 : Roberto Arlt fait la connaissance de Ricardo Guiraldes, dont il devient le secrétaire, et lui fait lire son roman La Vida puerca (La Vie dégoûtante). Entre autres recommandations, Guïraldes lui conseille de changer le titre en El Juguete rabioso (Le Jouet enragé). Le roman paraît l’année suivante.

1926 : Arlt écrit pour Mundo Argentino et El Hogar, ainsi que pour la revue Don Goyo, dirigée par son ami Nalé Roxlo.

1927 : Rédaction de chroniques policières pour Crítica. Carmen Antinucci retourne vivre à Córdoba avec leur fille Mirta. Arlt leur rendra de fréquentes visites. Au cours d’un de ces voyages, il rencontre la pianiste Maruja Romero, qu’il décrira comme le grand amour de sa vie – leur liaison sera de courte durée, Maruja supportant mal les hésitations de son amant. Le 4 mai, mort de son père.

1928 : Le 14 mai, Arlt devient rédacteur à El Mundo ; il y tiendra jusqu’à sa mort une rubrique intitulée Aguafuertes porteñas (Eaux-fortes de Buenos Aires), description de la vie quotidienne dans la capitale.

1929 : En décembre, parution du roman Los Siete Locos (Les Sept Fous), tenu pour son chef-d’oeuvre et dédié à Maruja Romero, dont l’auteur est sans nouvelles depuis un an.

1930 : Reportages en Uruguay et au Brésil.

1931 : Publication de Los Lanzallamas (Les Lanceflammes), suite des Sept Fous.

1932 : Arlt fait paraître El Amor brujo (La Danse du feu), inspiré par sa liaison avec Maruja Romero. Délaissant le roman, il se tourne désormais vers lethéâtre ; le 17 juin, sa première pièce, Trescientos millones (Trois cents millions), est créée sur la scène du théâtre d’avant-garde « Teatro del Pueblo ».

1933 : Publication du recueil de nouvelles El Jorobadito (Le Petit Bossu), dédié à Carmen Antinucci.

1934 : Tâchant d’en finir avec des difficultés matérielles chroniques, Arlt s’associe avec Pascual Nacaratti, membre du « Teatro del Pueblo », pour fonder la société Arna, au nom de laquelle il dépose un brevet pour des bas renforcés qui ne filent pas – jusqu’à sa mort il poursuivra à ce sujet des recherches qui n’aboutiront pas. Arlt est envoyé par El Mundo en Espagne et au Maroc. Il profite du voyage pour tenter de promouvoir son projet de bas qui ne filent pas.

1936 : Au « Teatro del Pueblo », premières des pièces Saverio el cruel (Saverio le cruel) et El Fabricante de fantasmas (Le Fabricant de fantômes). L’année suivante, première de la pièce La Isla desierta (L’Île déserte).

1939 : Arlt fait la connaissance d’Elizabeth Mary Shine, âgée de 27 ans, secrétaire du rédacteur en chef de la revue El Hogar, et se livre auprès d’elle à une cour assidue.

1940 : Le 12 mars, décès de Carmen Antinucci. Le 25 mai, au cours d’un voyage en Uruguay, Arlt épouse Elizabeth Shine dans le plus grand secret – le patron de la jeune femme ayant menacé de la licencier si elle devait épouser Arlt. L’harmonie entre les deux époux est fragile et le couple va de disputes violentes en réconciliations passionnées. Première de la pièce La Fiesta del hierro (La Fête du fer).

1941 : Arlt installe un laboratoire à Lanús, non loin de Buenos Aires, où il poursuit ses expérimentations sur les bas. Publication du recueil de nouvelles El Criador de gorilas (L’Éleveur de gorilles).

1942 : Il achève l’écriture de la pièce El Desierto entra en la ciudad (Le Désert dans la ville). Le 26 juillet, Roberto Arlt meurt d’un arrêt cardiaque à Buenos Aires. Le 19 octobre, Elizabeth Shine donne naissance à leur fils Roberto.


Repères bibliographiques

La nouvelle Un hombre fracasado fut publiée le 17 janvier 1932 dans le supplément littéraire du quotidien La Nación, à Buenos Aires. Elle fut reprise l’année suivante sous le titre Escritor fracasado, dans le recueil El Jorobadito, paru chez Anaconda à Buenos Aires. le texte était resté inédit en français jusqu’à ce jour.

Œuvres complètes

Obra completa, Buenos Aires, Carlos Lohlé, 1991 (3 vol.)

Œuvres en traduction

Romans, récits, nouvelles

La Danse du feu, trad. par Lucien Mercier, Paris, Belfond, 1992.

L’Éleveur de gorilles, nouvelles, trad. par Jean-François Carcelen et Georges Tyras, Grenoble, Cent pages, 1999.

Le Jouet enragé, trad. par Antoine Berman et Isabelle Berman, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1984.

Les Lance-flammes, trad. par Lucien Mercier, Paris, Belfond, 1983.

Le Petit Bossu, nouvelles, trad. par Jean-François Carcelen et Georges Tyras, Grenoble, cent pages, 1998.

Les Sept Fous, trad. par Antoine Berman et Isabelle Berman, Paris, Belfond, 1981.

Un terrible voyage, trad. par Lucien Mercier, Paris, Belfond, 1990.

Chroniques

Eaux-fortes de Buenos Aires, trad. par Antonia García Castro, Paris, Asphalte, 2010.

Théâtre

Saverio le cruel suivi de L’île déserte, trad. par Isabelle Garma-Berman, Paris, Christian Bourgeois, 1991.

Etudes critiques

Camenen Gersende, Roberto Arlt. Ecrire au temps de l’image, rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.

Flint Jack, The Prose Works of Roberto Arlt: AThematic Approach, Durham, University of Durham, 1985.

Gasquet Axel, L’Orient au Sud : l’orientalisme littéraire argentin d’Esteban Etcheverría à Roberto Arlt, trad. par Julien Quillet, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2010.

Jordan Paul, Roberto Arlt: a Narrative Journey, London, King’s College, Department of Spanish & Spanish-American Studies, 2000.

Komi Kallinikos Christina, Digressions sur la métropole. Roberto Arlt, Juan Carlos Onetti autour de Buenos Aires,Paris, L’Harmattan, 2006.

Martinez Victoria, The Semiotics of a Bourgeois Society : an Analysis of the Aguafuertes Porteñas by Roberto Arlt, Potomac, Scripta Humanista, 1997.

Miranda Carolina, Rereading the writings of Roberto Arlt (1900-1942) within the framework of Argentine theatre and popular literature: a new way of interpreting a major Latin American author, Lewiston, Edwin Mellen Press, 2013.