Dazai Osamu aux éditions Sillage :
Dazai Osamu, de son vrai nom Shuji Tsushima, naît le 19 juin 1909 dans le village de Kanagi, au nord de Honshu, la plus grande île du Japon. Il est issu d’une riche famille de propriétaires terriens ; son père est membre de la Chambre des pairs de 1912 à sa mort, en 1923. Très vite, le garçon se montre brillant élève et s’illustre par ses talents d’écriture. À l’âge de dix-huit ans, très affecté par le suicide de l’écrivain Akutagawa Ryunosuke, le jeune homme délaisse ses études, se met à boire, fréquente des prostituées. Il fait une première tentative de suicide en décembre 1929. En octobre de l’année suivante, il est chassé de sa famille pour s’être lié avec la geisha Hatsuyo Oyama. Le même mois, il tente à nouveau de se suicider, par noyade, à Kamakura, avec une jeune femme qu’il vient de rencontrer : si lui-même est sauvé, sa compagne y laisse la vie. Une enquête policière lancée contre lui est abandonnée après intervention de sa famille. En décembre, Dazai épouse Hatsuyo Oyama.
Son engagement au sein du Parti communiste japonais, alors interdit, lui vaut d’être bientôt arrêté ; son frère aîné lui refuse désormais son secours financier. Dazai doit mener une existence clandestine. Son frère parvient à retrouver sa trace et accepte à nouveau de le pensionner, à condition qu’il renonce à toute activité politique et reprenne ses études.
Débute alors pour lui une période d’intense production littéraire. En 1933 paraît la nouvelle Le Train, où il expérimente pour la première fois le watakushi shosetsu, genre autobiographique écrit à la première personne, dont il deviendra un des représentants les plus éminents. Signalons que cette nouvelle est aussi la première qu’il signe de son nom de plume. En mars 1935, conscient qu’il ne pourra obtenir son diplôme, Dazai met le point final à la nouvelle Mes dernières années et tente de se suicider par pendaison. Trois semaines après cette tentative, il est opéré pour une appendicite aiguë ; il développe pendant sa convalescence une addiction à la morphine qui le conduit en hôpital psychiatrique puis, à l’automne 1936, en cure de désintoxication. Dazai ayant appris que son épouse l’avait trompé avec son meilleur ami au cours de cette cure, les deux époux font une tentative de suicide, à laquelle tous deux survivent ; ils divorcent peu après. Dazai se remarie avec une professeur de collège, Michiko Ishihara. Ils auront ensemble deux filles, Sonoko (1941) et Satoko (1947 – elle fera une carrière d’écrivain sous le nom de Yuko Tsushima), et un garçon, Masaki (1944).
Souffrant de la tuberculose, Dazai est exempté de service à l’entrée en guerre du Japon, et réussit, non sans difficultés, à faire accepter ses récits par la censure. Au sommet de sa popularité, il publie après-guerre ses récits les plus marquants, tels que la nouvelle La Femme de Villon (1947) ou le roman Soleil couchant (1947) – celui-ci trouve son origine dans des carnets tenus par Shizuko Ota, admiratrice de l’auteur, à qui elle donnera un fils, Haruko, en 1947. Mais Dazai, qui sombre dans l’alcoolisme, voit sa santé se détériorer rapidement. Il quitte femme et enfants en 1948 pour s’installer avec Tomie Yamazaki, jeune veuve de guerre exerçant le métier d’esthéticienne. Il écrit alors le roman La Déchéance d’un homme. Le 13 juin, Dazai et Tomie se suicident par noyade dans le canal Tamagawa. Les corps sont retrouvés le 19 juin, jour de son trente-neuvième anniversaire.